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Touché !

Je finissais ma lecture du Yoga de l'Amour divin de Sri Aurobindo que je retrouvais dès le lendemain la méditation de metta-bhavana découverte dans le centre de Vipassana il y a de nombreuses années.

Cette méditation puissante avec la voix extraordinaire de Goënka m'a remis en contact avec une extraordinaire  et bouleversante vibration de bienveillance personnelle et universelle qui a envoyé boulé les petites voies adverses de la critique, les fameux censeurs dont parle Mère à plusieurs reprises dans son Agenda. 

Ces retrouvailles étaient si fortes que pour l'instant, je n'ai refait cette méditation qu'une seule fois.

Je n'ai aucune idée de ce que raconte Goënka dans son chant mais j'en pleure tellement j'en suis touché... comme si ce chant touchait l'âme et mettait en contact avec un amour et une compassion universelle, inconditionnelle... 

Et encore touché !

Jean Herbert n'a pas une très bonne réputation de traducteur - qu'importe ; j'ai enfin ouvert ces Yogas Pratiques de Vivékânanda...que j'ai dans ma bibliothèques depuis des mois. 

Touché au coeur par le premier chapitre de son yoga de la bhakti, sa beauté, sa simplicité, ce côté direct et droit au but...

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PRIÈRE

Il est I'Ame de l'Univers ; Il est immortel ;

À lui est la Toute-Puissance ; Il est l'Omniscient ;

Il pénètre tout, Il est le Protecteur de l'univers,

L'Éternel Maître. Il n'est personne autre que Lui

Qui soit capable de gouverner le Monde éternellement.

 

En Lui, qui au commencement de la création

A projeté Brahmâ – la conscience universelle –

En Lui qui a donné les Védas, c'est en Lui,

En cet Un éblouissant de Lumière que, cherchant

La libération, je vais me réfugier, en Lui de qui

La lumieère dirige la compréhension vers l'Atman.

SHVETASHVATARA UPANISHAD VI, 17-18

EXTRAITS DU PREMIER CHAPITRE

Les premiers pas

Il y a deux idéaux de vie entièrement différents l’un de l'autre. Un homme de n’importe quel pays, qui a une religion quelconque, sait qu’il est A la fois un corps e t un esprit, mais il y a une énorme différence quant aux buts de la vie humaine.

En Occident, en général, on donne davantage d‘importance à l’aspect matériel de i’homme.

Aux Indes, les philosophes qui écrivirent sur la bhakti ont souligné davantage le côté spirituel de l’homme ; il semble qu’il y ait la une différence typique entre les peuples orientaux et occidentaux. On le voit même dans le langage usuel.

En Angleterre, quand on parle de la mort, on dit qu’un homme « rend l’âme » ; aux Indes, un homme « abandonne son corps ».

L‘idée centrale est pour l’un que l’homme est un corps et possède une âme, pour l’autre que l’homme est une âme et possède un corps. Cela fait naître des problèmes plus compliqués.

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(Pour l'occidental) Le but de sa vie est la jouissance des objets des sens. Il arrive à concevoir qu’il existe un Être qui peut lui accorder un très long bail de cette jouissance, et c’est pour cela qu’il adore Dieu.

L’idée hindoue est au contraire que Dieu est le but de la vie. Il n’y a rien au-delà de Dieu, les jouissances des sens sont simplement une chose que nous traversons dans l’espoir de trouver autre chose de mieux. Bien plus, il serait désastreux et terrible que l’homme eût seulement les jouissances des sens.

/...

 

Regardez un chien qui mange : jamais un homme ne mange avec une telle frénésie. Observez un porc qui grogne de satisfaction devant son auge, c’est là tout son ciel, et si le plus grand des archanges s’approchait, le porc ne lèverait même pas les yeux. Toute son existence est de manger.

Pas un homme au monde ne pourrait manger pareillement ! Pensez à la finesse de l’ouïe et de la vue chez les animaux inférieurs ; tous leurs sens sont très développés. Leurs jouissances sensuelles sont extrêmes, ils sont fous de jouissance et de plaisir ! De même, plus l’homme est inférieur, et plus il trouve de jouissance dans les sens. Quand il s’élève, le but devient la raison et l’amour.

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Ainsi les hommes qui désirent un ciel plein des plaisirs sensuels sont comme des pourceaux se vautrant dans la fange des sens, incapables de voir au-delà. Cette jouissance des sens est ce qu’ils cherchent, et sa perte serait pour eux la perte de leur ciel. Ces hommes ne pourront jamais être des bhaktas, au sens le plus noble du mot ; ils ne seront jamais de vrais adorateurs de Dieu.

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Nous ne pourrons concevoir une jouissance plus haute que l’amour, mais ce mot amour a différentes significations. Il ne signifie pas l’amour égoïste qui est courant dans le monde ; c’est un blasphème d‘appeler cela de l’amour. L’amour pour nos enfants et pour notre épouse n’est qu’un amour animal ; l’amour qui est parfaitement sans égoïsme est le seul amour, et c’est celui de Dieu. Il est très difficile à atteindre.

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Personne ici-bas ne peut réellement adorer autre chose que Dieu. L‘homme découvre que tout amour humain est vide. L’homme parle de l’amour, mais il ne sait pas ce que c’est.

L’épouse dit qu’elle aime son mari et elle l’embrasse, mais s’il meurt, elle pense d’abord au compte en banque et à ce qu’elle fera le lendemain.

Le mari aime sa femme, mais si elle tombe malade, perd sa beauté, ou devient difficile,ou commet une faute, il cesse de s’intéresser à elle. Tout l’amour du monde est hypocrite et creux.

L‘amour ne peut exister ni pour un objet limité, ni chez un sujet limité.

Quel amour éternel peut-on s’attendre à trouver dans ce monde si l’homme aime un objet qui meurt à chaque instant et si son esprit change aussi constamment ? Il ne peut exister de véritable amour qu’en Dieu ; alors pourquoi toutes ces autres amours ? Ce ne sont que des étapes.

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Nous étreignons une chose et nous voyons qu’elle nous glisse entre les doigts. Alors nous saisissons autre chose. Ainsi sans cesse nous cheminons jusqu’à ce qu’enfin vienne la lumière ; nous venons à Dieu, à l'Unique qui aime. Son amour ne change jamais, et Il est toujours prêt à nous accueillir.

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Des millions de gens font de la religion un commerce. Mais si quelques hommes par siècle réalisent cet amour de Dieu, tout le pays en est béni et sanctifié. Quand un fils de Dieu apparaît, tout un peuple est béni. Il est vrai que sur la terre entière il n’yen a pas beaucoup par siècle, mais chacun devrait lutter pour atteindre cet amour de Dieu. Qui sait ? Vous ou moi pouvons être les prochains à le réaliser. Luttons !

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Nous disons qu’une femme aime son mari, elle croit que toute son âme est absorbée en lui, mais un enfant survient, et la moitié de son amour, sinon plus, va vers l’enfant. Elle-même se rend compte qu’elle n’a plus le même amour pour son mari. Il en est de même du père.

Nous voyons toujours que, lorsque des objets d’amour plus intense viennent à nous, les amours anciennes s’effacent lentement.

A l’école, les enfants croient que certains de leurs camarades sont les êtres les plus chers qu’ils aient pour la vie, ou bien leur père et leur mère ; puis ils aiment mari ou femme ; les anciens sentiments disparaissent alors instantanément, et le nouvel amour prend le dessus.

Une étoile monte, une plus grande survient, puis une plus grande encore et puis enfin le soleil, et alors toutes les petites lumières pâlissent. Ce soleil est Dieu. Les étoiles sont les petites amours. Quand ce soleil se montre à l’homme, celui-ci devient fou, il est ce qu’Emerson appelle « un homme ivre de Dieu ». L’homme est transfiguré en Dieu, tout est confondu dans ce grand océan d’amour.

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C’est sur notre conception de la vie que reposera toute la théorie de l’amour. Il est brutal et dégradant de penser que ce monde est le but et la fin de la vie. Tout homme qui part dans la vie avec cette idée dégénère ; il ne s’élèvera jamais plus haut, il n’apercevra jamais cette lueur de l’au-delà, il restera toujours l’esclave des sens. Il luttera pour le dollar qui lui procurera quelques gâteaux. Plutôt mourir que vivre ainsi !

Esclaves de ce monde, esclaves des sens, levons-nous !

Il y a quelque chose de plus haut que cette vie des sens. Pensez-vous que l’homme, Esprit Infini, soit né pour être l’esclave de ses yeux, de son nez, de ses oreilles ? Il y a derrière cela un Esprit Infini, Omniscient, qui peut tout faire et briser toutes les barrières ; nous sommes cet Esprit, et c’est par l’amour que nous obtenons ce pouvoir. Voilà l’idéal ! Ne l’oublions pas !

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La bhakti est une religion. La religion n’est pas pour la masse, c’est impossible. Un genre de gymnastique qui consiste à s’agenouiller, à se lever, à s’asseoir, peut convenir à la masse, mais la religion est pour le petit nombre. Dans chaque pays, ceux qui pensent être religieux et le deviendront ne sont pas plus de quelques centaines. Les autres ne pensent pas être religieux, car ils ne s’éveilleront pas ; ils ne le désirent pas.

La chose principale est de désirer Dieu.

Or nous demandons toute chose excepté Dieu, car nos désirs habituels sont comblés par le monde extérieur ; c’est seulement quand nos besoins ont outrepassé le monde extérieur que nous désirons être nourris par une source intérieure, par Dieu. Aussi longtemps que nos besoins sont confinés aux limites étroites de cet univers physique, nous ne pouvons avoir aucun besoin de Dieu ; c’est seulement lorsque nous sommes repus des objets terrestres que nous cherchons ailleurs.

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Il y a une forme de religion qui est à la mode. Une de mes amies a beaucoup de meubles dans son salon. Or c’est à la mode d’avoir un vase japonais ; aussi doit-elle en avoir un, dût-il coûter mille dollars ! De la même façon elle aura une petite religion et appartiendra à une église. La bhakti n’est pas pour ces gens-là. Ils n’en éprouvent pas le besoin.

Le besoin est la chose sans laquelle on ne peut pas vivre.

Nous avons besoin de pain, de nourriture, de vêtements ; sans cela nous ne pouvons pas vivre. Dans ce monde, quand un homme aime une femme, il y a des moments où il croit ne pas pouvoir vivre sans elle, et d’ailleurs il se trompe. Le critérium du nécessaire, c’est que sans lui on ne peut pas vivre, et qu’il faut l’avoir ou mourir.

Lorsque nous sentirons cela pour Dieu, ou en d‘autres termes, lorsque nous aurons besoin de quelque chose de plus que ce monde, de quelque chose au-dessus des forces matérielles, alors nous deviendrons des bhaktas.

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Le premier pas est : « qu'est-ce que nous cherchons ? » Posons-nous cette question chaque jour : « Sentons-nous le besoin de Dieu ? » Nous pouvons lire tous les livres du monde, mais cet amour ne s’atteint, ni par le pouvoir de la parole, ni par la plus haute intelligence, ni par l'éttude de diverses sciences.

Celui qui désire Dieu trouvera l’Amour, et Dieu Se donnera à lui.

L‘amour est toujours mutuel, il se reflète. Vous pouvez me haïr, et si je désire vous aimer, vous me repousserez ; mais si je persiste, d’ici un mois ou un an, vous serez obligé de m’aimer. C’est un phénomène psychologique bien connu. Nous devons désirer le Seigneur avec le même amour qu’éprouve la veuve pour son époux ; alors seulement nous trouverons Dieu.

Les livres et les sciences sont incapables de nous enseigner quoi que ce soit. En lisant des livres, nous devenons des perroquets ; personne ne devient savant en lisant des livres. Mais si un homme lit un seul mot d’amour, il devient savant. Ainsi avant toute chose, nous devrions avoir ce désir de Dieu. Interrogeons-nous chaque jour : « Désirons-nous Dieu ? »

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Beaucoup de femmes deviendraient folies si on ne leur donnait pas une broche de diamants, mais elles n’ont pas le même désir de Dieu, elles ne connaissent pas la seule Réalité qui soit dans l'univers.

Nous avons un proverbe qui dit : « Si je dois être chasseur, je chasserai le rhinocéros ; si je dois être un voleur, je volerai le trésor du roi. » À quoi bon dépouiller un mendiant ou chasser des fourmis ? Si donc vous voulez aimer, aimez Dieu.

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Ce monde est totalement faux ; tous les grands instructeurs l’ont découvert ; et Dieu est la seule voie pour en sortir. Il est le but de notre vie, toutes les idées que nous nous faisons du monde comme but de la vie sont pernicieuses. Le monde et le corps ont leur valeur, une valeur secondaire, comme moyen pour une fin, mais le monde ne devrait pas être le but. Par malheur, nous faisons trop souvent du monde la fin et de Dieu le moyen !

Nous voyons des gens aller à l’église et dire : « Dieu, accorde-moi ceci et cela ; Dieu, guéris-moi de mes maux ! » Ces gens désirent de beaux corps sains, et parce qu’on leur a dit que quelqu’un peut les leur donner, ils vont L’implorer. Il vaut mieux être athée que d’avoir une telle idée de la religion.

Comme je vous l’ai dit, cette bhakti est l’idéal le plus élevé. Je ne sais pas si nous l’atteindrons dans des millions d‘années, mais nous devons en faire notre idéal le plus haut, et diriger nos sens vers ce qui est le plus sublime. Si nous n’atteignons pas le but, nom nous en serons au moins rapprochés. Il nous faut travailler lentement par le monde et les sens pour atteindre Dieu.

En résumé, deux choses apparaissent.

En positif, comment retrouver, restaurer, concentrer, intensifier... notre souvenir, désir, besoin, amour...du Divin ?

Et en négatif, offrir au Divin ces moments où on l'oublie complètement et retombons dans le jeu habituel de la recherche des plaisirs avec nos envies de manger, regarder une série TV, et plus si affinités... 

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