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Publié par pascalemmanuel

Quelques pages du Matérialisme Divin de Satprem m'ont particulièrement touché. Vous pouvez retrouver le passage avec le lien ci-dessous, en cliquant sur l'onglet Un certain quatrième, du chapitre 9.

Dans le livre, l'extrait que je vous propose commence à la page 193.

Un jour, donc, qu’elle passait de plan en plan vers ce «Point suprême» où la conscience semblait s’évaporer, se diluer, perdre sa dimension dans une sorte d’infini, juste à la charnière de cet Infini, quand toutes les grandes ondes et les vibrations lumineuses allaient s’éteindre en dessous – ce sommet doré d’où les hommes tiraient leurs évangiles et leurs révélations et leurs musiques divines, leur grand tableau du monde tel qu’il fut innombrablement figuré en tant de couleurs contraires –, alors que tout cela allait fondre, comme frappé d’inanité dans un Blanc suprême de Béatitude résorbée en elle-même, Mirra s’est soudain retrouvée, là, à cette charnière dorée, avant le grand bond, saisie dans quelque chose d’autre – quelque chose de radicalement différent.

Une autre conscience. Était-ce une conscience vraiment, parce que c’était d’une solidité formidable, le contraire de l’évaporation ou de la subtilisation : une substance de conscience compacte et comme coagulée. Rien ne bougeait là-dedans ou ne semblait bouger, pas une onde, ou s’il y avait quelque onde, elle était comme solidifiée, comme si tous les rayons, les innombrables rayons qui se divisaient en dessous et allaient se fragmenter jusqu’à l’infinitésimal, étaient là réunis dans un bloc compact. C’était même assez écrasant tellement c’était dense. Une conscience dense. Et c’était d’une couleur doré-carminé.

Et là-dedans, un moment, elle a vu, comme une autre fois toute seule à Paris, et comme Madame Théon, une forme qui se silhouettait dans une gloire doré-carminé (7) et qui était comme le «prototype», disait-elle : un homme, nullement un dieu, mais qui serait le plus inimaginable surhomme que nous puissions concevoir. Quelque chose qui était là et qui attendait. Qui attendait peut-être depuis toujours. Notre avenir, l’avenir de l’homme. Un homme dans une autre substance de conscience – et pas un «rêve» : on ne rêvait pas là-dedans, c’était plus solide que les Himalayas. Un homme dense. Puissant, suprêmement puissant, mais dans une immobilité – c’était cette immobilité qui était formidablement puissante. Une gloire doré-carminé.

L’avenir. Pas de super-quatuor, pas de super-évangiles : un homme dense. Un autre principe d’être. Quelque chose qui était comme la continuation de l’homme et pourtant dans un air si radicalement différent que c’était peut-être aussi différent que l’oxygène du poisson est différent de l’oxygène de l’homme – c’est la respiration qui était différente. On ne respirait pas pareil, là, on n’était pas pareil. Un autre être. Une autre façon d’être.

Par-delà le Point «suprême», il y avait quelque chose.

La fin de l’homme, c’était le commencement de quelque chose.

L’évolution aboutissait à quelque chose, qui n’était pas l’infini blanc.

…/...

Mais ce qui est très intéressant, c’est qu’elle allait voir – à quel moment, nous ne savons pas, mais probablement simultanément – comme une réplique de cet être d’en haut, mais tout en bas, dans les couches les plus profondes de l’inconscience matérielle : Un être comme étendu dans un sommeil intense au fond d’une cave très sombre, et, dans son sommeil, émanaient de lui des rayons de lumière prismatique [«irisée» dira-t-elle aussi] qui se répandaient petit à petit dans l’Inconscience. (10) 

L’un était dans une gloire doré-carminé, au sommet de l’échelle de la conscience, et l’autre dans une blancheur diamantée, émanant des rayons d’opale, aux premiers degrés muets de l’existence, dans les couches les plus anciennes de l’évolution quand «l’obscurité était enveloppée dans l’obscurité», selon l’image puissante du Rig-Véda (X. 129.3).

Et au moment où Mère l’a vu, il a ouvert les yeux, comme s’il se réveillait – comme si, dans la Matière la plus profonde, l’obscur début des choses, se cachait, assoupie, la réalisation de la fin, l’Énergie même qui poussera toute cette évolution vers son éclosion dorée…

Nous parlons d’«avenir», de «passé», de «sommet en haut», de «cave profonde en bas» dans un langage inadéquat et par des images qui expriment seulement notre impuissance tridimensionnelle dans un bocal qui déforme et fragmente une totalité qui n’a jamais cessé d’être totale, sans haut ni bas ni ciel ni enfer : il y a seulement le trajet de notre conscience qui traverse toutes les couches évolutives pour parvenir à ce qui était là toujours, il y a seulement la retrouvaille de notre propre Totalité, «et ils virent totalement». «Ce qui est en ce monde est aussi dans l’autre, dit l’Oupanishad, et ce qui est dans l’autre est ici aussi; celui qui croit voir une différence ici, il va de mort en mort.» (11) 

C’est-à-dire que plus on «avance» dans l’évolution en clarifiant et désencombrant ces couches épaisses, plus l’éternelle chose «là-bas» se rapproche de notre conscience – de nos rêves, nos visions d’abord, puis de notre imagination, de notre pensée, de notre sensation –, jusqu’à ce qu’elle coïncide enfin avec notre Matière et notre corps ; alors l’être là-bas devient l’être ici et les deux sont UN, qui n’avaient jamais cessé d’être UN.

Toute notre misère et notre aspiration sont seulement le premier murmure de l’un oublié qui se souvient de lui-même dans l’autre oublieux. Nous aspirons à ce qui est là, sinon à quoi aspirerions-nous ? La boue n’aspire pas à la boue, et si elle se change en lumière et en lotus dans la lumière, c’est que la lumière était là depuis toujours et le lotus brillait éternellement au fond de sa semence obscure. L’Énergie suprême est l’Énergie primordiale, le degré suprême est le premier degré.

Partout, toujours, nous allons à la rencontre de nous-même – et comment l’inexistant irait-il à la rencontre de l’existant s’il n’existait pas depuis toujours ?

Dans l’atome, fragmenté, divisé, pulvérisé, le suprême Rayon se cache ; l’UN suprême, total, puissant, immortel, est au fond d’une petite cellule oublieuse autant que dans tous les espaces interstellaires. Car, en vérité, «l’Esprit qui est ici dans l’homme et l’Esprit qui est là-bas dans le Soleil sont un seul Esprit et il n’y en a pas d’autre.» (12)

Et il y a un moment dans l’évolution, un suprême moment, où la coïncidence approche, où, dégagée des obscures couches, qui sont vraiment des couches d’oubli, la conscience rayonnante se penche sur son petit corps et devient elle-même, totale, puissante, lumineuse, immortelle, jusque dans la plus obscure petite cellule.

Alors l’Être d’«en haut» rejoint l’être d’«en bas», le surhomme devient l’homme, la totalité non tronquée se retrouve jusque dans le plus obscur fragment – ce qui était est. On change de temps. On change de regard. Et la mort sera vaincue, parce que la mort était seulement l’oubli de soi. Quand le corps se souviendra totalement, quand il sera totalement ce qu’il est, éclairé, clarifié, quand les deux se seront embrassés jusque dans la plus obscure cellule, nous deviendrons totalement immortels dans un corps nouveau et sur une terre nouvelle.

«Ô hommes, disaient les Rishis védiques, suivez le fil brillant… tissez une œuvre inviolable, devenez l’être humain, créez la race divine… Voyants de la Vérité, aiguisez les lances lumineuses qui taillent les chemins de l’immortel ; connaisseurs des plans secrets, formez les degrés par lesquels les dieux atteignirent à l’immortalité.» (Rig-Véda, X.53, 5, 6, 10) «Alors ton humanité deviendra comme l’action des dieux, comme si le ciel de lumière était visiblement fondé en toi.» (V. 66.2)

Cette coïncidence des deux, c’est ce que Sri Aurobindo et Mère appelleront la transformation. C’est le passage du corps humain à un corps supramental ou sur-humain.

7. Some Talks of Sri Aurobindo, Mother India, May 1974

10. Entretiens, 15.3.57

11. Ibid.

12. Ibid.

La Matière se prépare à recevoir le Supramental

La Matière se prépare à recevoir le Supramental

Quelques remarques :

Une première chose à noter et que la plupart du temps, lorsqu'il s'agit de spiritualité, dans la tête des gens, il s'agit d'aller vers quelque chose de plus en plus subtil, or, ici, il s'agit de l'expérience d'une conscience encore plus dense que la matière que nous connaissons. Dans L'Agenda, Mère reviendra souvent sur cette densité compacte à la fois immobile et d'une rapidité foudroyante...

Ensuite, qu'il ne s'agit pas, ici en tout cas, dans ce chemin-là, de devenir un petit saint, de faire un super film, le roman du siècle, une nouvelle chanson, de bâtir une énième cathédrale, de battre le record du monde du 110 mètres haies... mais de trouver quelque chose, une autre façon d'être, de partir à la découverte de cette mystérieuse densité...

Et le moyen semble, entre autre, être lié au nettoyage des différentes couches de notre être, lié à la respiration, une respiration nouvelle, une nouvelle façon de respirer...

Et enfin, cette double-vision de Mère de l'homme nouveau, tout en haut de la conscience et tout au fond, cet avenir de l'homme, m'a beaucoup parlé...

Nous pouvons regarder autour de nous et ce que nous voyons est un peu désespérant, la fausseté partout, la manipulation partout... et personne ne comprends. Sauf la bonne dame et les brave gens qui nous assurent que, tout de même, il faut bien mourir un jour...

Mais cette promesse-là, qu'un jour, l'homme sera transformé à un point que nous n'imaginons même pas, qui le comprends ? Qui essaye ? 

Pourtant, Sri Aurobindo nous l'a assuré, l'homme est un être de transition et une race plus divine prendra le contrôle de la terre... 

Le tout, c'est de trouver le passage évolutif...

Parfois, quand je me met en méditation, quelques mots de Sri Aurobindo-Mère-Satprem me reviennent en mémoire, et alors, c'est comme si j'étais en contact avec l'Idée que les mots représentent, avec la Force qu'ils contiennent. Et ces mots ont un effet, un impact, cela agit dedans, cela fait son petit nettoyage...

Dans cette méditation-là, j'étais tourné vers cet avenir de l'homme.... Et cela faisait du bien. C'était rafraichissant, ressourçant, radieux et, solaire. Le monde a beau s'écrouler de toute part, il y avait le sourire irrésistible de cet avenir de l'homme...

...ce que l'homme est sensé devenir...

🦋❤️🦋

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