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Publié par pascalemmanuel

Dans toute l'oeuvre de Sri Aurobindo-Mère, l'expression voie ensoleillée ne revient que très rarement. Elle est employée à deux reprises dans L'Agenda. Par contre, dans La Genèse du surhomme, Satprem consacre un chapitre entier à cette notion très importante.

1) Pour commencer, voici ce qu'en dit Mère dans L'Agenda du 17 octobre 1970 :

Puis le disciple lit le chapitre III de «La Genèse» :

«La Voie Ensoleillée.»

Après la lecture, Mère reste longtemps à regarder le disciple avec un sourire charmant.

Tu es entré dans un monde nouveau... Ceux qui pourront te suivre, c'est bien ! Oh ! c'est tout à fait nouveau... (Souriant et approuvant) C'est extraordinaire, tu comprends, c'est... L'impression d'une nouvelle porte ouverte. L'impression que c'est comme si tu avais ouvert une nouvelle porte pour l'humanité. (...) Extraordinaire. C'est comme si tu avais dit au revoir au vieux monde. 

2) Ensuite, l'expression est de nouveau utilisée par Satprem dans une lettre publiée dans L'Agenda du 17 avril 1971.

Extrait de la lettre de Satprem :

Son yoga est intégral parce que, au lieu de confiner la quête sur les hauteurs spirituelles, il nous a dit et répété qu’il fallait y mettre son corps aussi et faire descendre, dans son corps et dans sa vie, la Vérité spirituelle.

La voie de l’ascension et tous les autres chemins, les autres plans de conscience, font partie d’un développement intégral – pour ceux qui ont le temps et les capacités spéciales que cela exige.

Mais l’heure n’est plus à ces excursions, puisque tout peut être trouvé ici – puisque, justement, Sri Aurobindo et Mère ont ouvert ce chemin d’ici.

Rappelez-vous, je vous prie, la déclaration de Mère : «Sri Aurobindo est venu nous dire : il n’est pas nécessaire de quitter la terre pour trouver la Vérité, il n’est pas nécessaire de quitter la vie pour trouver son âme, il n’est pas nécessaire d’abandonner le monde ni d’avoir des croyances limitées pour entrer en relation avec le Divin. Le Divin est partout, en toutes choses, et s’il est caché, c’est que nous ne nous donnons pas la peine de le découvrir.» (Entretiens, 13.8.1958)

Et encore ceci : «La vie spirituelle, pour beaucoup, c’est la méditation. Tant que cette sottise ne sera pas déracinée de la conscience humaine, la force supramentale éprouvera toujours une difficulté considérable à ne pas être engloutie dans l’obscurité d’une pensée humaine qui ne comprend rien.» (Entretiens, 17.4.1957)

Et si vous savez lire Sri Aurobindo et Mère, vous verrez qu’ils ont parfaitement décrits ce chemin d’ici et cette voie ensoleillée – la Genèse ne fait que mettre l’accent volontairement exclusif sur cet «ici», parce qu’il n’y a pas de temps à perdre, parce que tout le monde n’a pas les capacités spéciales pour faire des explorations en grand, parce que, enfin, nous sommes à l’Heure de Dieu – nous y sommes! C’est là. Parce que, vraiment, il y a quelque chose de changé dans le monde depuis 1969.

(...)

Maintenant, vous faites une confusion complète entre le psychique et le spirituel.

Le psychique, l’âme, le Feu dedans, Agni, n’appartient pas à la «bulle mentale» ni à aucune bulle: c’est le Divin dans la matière. C’est ce petit Feu-là qui ouvre la porte du grand Feu solaire de la Nouvelle Conscience.

C’est lui, l’instrument du yoga du surhomme (quand je parle de ces gens qui tournent leur «bouton psychique», je prends ici ce mot au sens vulgaire et ridicule que les hommes lui donnent généralement quand ils cherchent des expériences visionnaires et occultes – pas au sens vrai).

D’autres, à tous les âges, ont eu l’expérience du psychique, de ce Feu intérieur, mais à part les Rishis, nul ne s’en est servi pour transformer la matière; les religions en ont fait une histoire purement dévotionnelle et «mystique».

Quant au «spirituel», il comprend tous les plans de conscience au-dessus du mental ordinaire. C’est la voie de l’ascension.

Et c’est là que je dis et répète avec force, et par expérience, que ces grandes Expériences, dont on a fait des sommets spirituels, se situent dans la bulle mentale (y compris le surmental) : ce sont des sommets raréfiés où l’être se dilue dans une merveilleuse blancheur, immense, royale, sans un souffle de trouble, dans une paix éternelle – qui peut durer des millénaires sans que cela change un iota au monde, par définition.

Mais le spirituel n’est pas le supramental, et quand on touche au supramental, on dirait presque que c’est un tout autre Esprit tellement c’est dense, chaud, puissant, présent, incarné, et radieusement solide en pleine rue.

C’est cette Radiance-là que Sri Aurobindo et Mère sont venus tirer sur la terre – ils n’ont pas cessé de dire que leur yoga était nouveau, nouveau, nouveau – , et c’est par notre simple petit feu dedans que nous pouvons entrer en contact direct avec Ça, sans nous asseoir en lotus et sans quitter la vie.

Quand on a touché Ça, les «hauteurs spirituelles» paraissent pâles. C’est tout ce que j’ai à dire. Alors il n’est pas du tout besoin d’être un super-yogi pour entrer en contact, et ceux qui ont trouvé le nirvana ou que sais-je ne sont pas avancés d’un centimètre pour toucher Ça, parce que le fil conducteur de Ça n’est pas du tout là-haut ni en dehors, mais dans votre propre petite capacité de flamme.

Extraits de Mère : 

 

On pourrait dire qu’il est beaucoup plus difficile de passer de la vie mentale à la vie supramentale que de passer d’une certaine émotion psychique dans la vie – quelque chose qui est comme une réflexion, une émanation lumineuse de la Présence divine dans la matière – à la conscience supramentale ; il est beaucoup plus facile de passer de cela à la conscience supramentale que de la spéculation intellectuelle la plus haute à toute vibration supramentale.

Peut-être est-ce le mot qui nous trompe ! Peut-être est-ce parce que nous appelons cela le “supramental”, que nous nous attendons à y arriver par une activité mentale intellectuelle supérieure, mais le fait est très différent. On semble aller, par cette activité intellectuelle très haute, très pure, très noble, vers une sorte d’abstraction froide et sans pouvoir, une lumière glacée qui est certainement très loin de la vie, et encore plus loin de l’expérience de la réalité supramentale. (Entretiens, 14.5.1958)

*

Il y a, dans l’autre hémisphère, une intensité et une plénitude qui se traduisent par un pouvoir différent de celui d’ici. Comment exprimer ? – on ne peut pas. Il semblerait que la qualité de la conscience elle-même change. Ce n’est pas quelque chose qui est plus haut que le sommet auquel nous pouvons atteindre ici, ce n’est pas un échelon de plus : nous sommes au bout ici, au sommet... C’est la qualité qui est différente, la qualité en ce sens qu’il y a une plénitude, une richesse, une puissance – ceci est une traduction n’est-ce pas, à notre manière – , mais il y a un “quelque chose” qui nous échappe... c’est vraiment un nouveau renversement de conscience. Agenda du 15 novembre 1958)

Et puisque Mère fut si enthousiaste avec cette Genèse du Surhomme, voici le lien pour le PDF et lire en particulier le chapitre trois sur la voie ensoleillée. 

Premier paragraphe du chapitre : 

Il y a deux voies, disait Sri Aurobindo : la voie de l’effort et la voie ensoleillée.

Cette voie de l’effort, nous la connaissons bien, c’est celle qui a présidé à toute notre vie mentale, parce que nous tendons vers quelque chose que nous n’avons pas ou que nous croyons ne pas avoir.

Nous sommes des êtres pleins de manques, de trous douloureux, de vides à combler, et ce vide ne se comble jamais, à peine est-il comblé qu’un autre surgit et nous entraîne dans sa nouvelle poursuite. Nous sommes comme une absence de quelque chose, qui ne trouve jamais sa présence, sauf par rares éclairs, qui s’effacent aussitôt et semblent laisser un vide encore plus grand.

Nous pouvons dire que ceci nous manque, ou cela, ou cela, mais il n’y a qu’une chose qui manque, et c’est moi qui manque, c’est une absence de moi. Parce que ce qui est moi vraiment, est plein, puisqu’il est : tout le reste passe et va et vient, mais n’est point. Comment ce qui est, pourrait-il avoir besoin d’autre chose ?

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