Avec ou sans Lui / Elle
Avec ou sans Lui / Elle...
Parfois, je me pose en intériorisation et plus ou moins rapidement, quelque chose se passe, pas souvent ce que j'attendais d'attendais d'ailleurs, j'entre dans une expérience ou une autre, presque facilement.
Et puis à d'autres moments, même quand je parviens à m'intérioriser assez longtemps dans un calme relatif, apparemment rien ne se passe et il y a l'impression que c'est laborieux, je patauge, ça rame...
Pourtant, rien ne semble très différent dans l'attitude ou les circonstances, dans les deux cas, je cherche à me relier-donner au Divin, à la conscience divine...
Au final, c'est comme si le Divin était présent ou absent. Dans un cas, cela semble se faire à peu près tout seul, alors je me dit que c'est Lui ou Elle (la Conscience divine) sont présents et dans l'autre, c'est comme si j'étais laissé à mes seules forces, et ça fait une sacré différence.
Se consacrer à quelque chose...
Dans la vie, il faut bien se consacrer à quelque chose, la famille, les amis, le travail, la philanthropie, la politique, le pays...
Je me souviens d'une causerie de Pavitra, chargé de l'éducation à l'Ashram, où il disait aux enfants de trouver le truc qui les passionne, n'importe lequel, et de le faire à fond...
Je n'aimerais pas du tout qu'on me dise ce que je dois faire et je ne me permettrais pas de le dire pour les autres. Chacun, nous devons trouver la chose à laquelle nous avons envie de nous consacrer.
Hier ou avant hier, il m'est revenu en mémoire ce passage des Entretiens de Mère :
Pourquoi désirez-vous le yoga ? Pour acquérir du pouvoir ? Pour atteindre la paix et le calme ? Pour servir l’humanité ?
Aucun de ces motifs ne suffit à prouver que vous êtes prêt pour le sentier. La question à laquelle il vous faut répondre est celle-ci :
Désirez-vous le yoga pour l’amour du Divin ? Le Divin est-il le but suprême de votre vie, à tel point qu’il vous serait totalement impossible de vous en passer ? Croyez-vous que votre véritable raison d’être soit le Divin et que sans lui votre existence serait morne et dépourvue de sens ?
Dans ce cas, et alors seulement, on peut dire que vous êtes prêt pour le sentier.
Voici la première étape : aspiration au Divin.
La seconde étape consiste à renforcer cette aspiration, à la tenir constamment en éveil, à la rendre vivante et puissante. seule, la concentration vous mènera vers ce but — concentration sur le Divin pour obtenir une absolue et intégrale consécration à sa volonté et à ses fins.
Concentrez-vous dans le cœur. Pénétrez-y aussi loin, aussi profondément que possible. retirez vers vous tous les fils épars de votre conscience dispersée ; rassemblez-les et plongez dans le silence de votre être intérieur.
Une flamme brûle dans la calme profondeur de votre cœur : c’est le Divin en vous — votre être véritable. Écoutez sa voix. Obéissez à ses inspirations.
Il y a d’autres centres de concentration ; par exemple, un au sommet de la tête, et un autre entre les sourcils. Chacun a son efficacité et vous donnera des résultats particuliers. Mais l’être central réside dans le cœur, et c’est dans le cœur que prend naissance tout mouvement dynamique, toute volonté de transformation, tout pouvoir de réalisation.
En septembre, cela fera 20 ans que je m'intéresse à ce yoga de Sri Aurobindo-Mère et malgré une interruption de 3 ou 4 ans, cela ne m'a jamais vraiment quitté et j'y ai déjà consacré beaucoup de temps, d'énergie, de lectures, de partages, de pratiques... et pourtant, hier, peut-être pour la première fois, il m'a semblé que je commençais à vouloir le Divin pour le Divin.
Ce texte est le premier des Entretiens de 1929 et Mère a quitté son corps en 1973 ! Cela me rappelle Professeur Xi dans un stage de Qi Gong qui avait dit qu'il fallait, même après 20 ans de pratique, être prêt à se considérer tout à fait débutant et repartir de zéro, comme si l'on ne savait rien.
Comme si pour la première fois, je me disais que vraiment, pour moi, la chose la plus importante, c'est de trouver le Divin et de m'unir à Lui / Elle pour toujours et toujours. Mais cela ne veut pas dire du tout que c'est fait ; cela veut dire que c'est comme si pour la première fois, je commençais à comprendre qu'il n'y a pas d'autre possibilité.
Comme si, à force de se cogner tout partout, on finit par s'apercevoir que le Divin, c'est la seule chose qui tient la route. Finalement, le meilleur conseil que nous puissions recevoir, c'est peut-être de continuer de nous tromper encore et encore, alors nous verrons qu'il n'y a qu'une solution.
On tourne en rond pendant bien longtemps autour de la flamme avant de s'apercevoir qu'il faut sauter dans le feu, quelque chose comme ça...
Les trois fleurs de la consécration
(Voir l'index des noms spirituels)
La beauté qui vient de la consécration • Asparagus, Asparagaceae; Alt. Liliaceae
Consécration vitale • Heliotropium arborescens, Boraginaceae
La pureté qui provient de la consécration parfaite • Lilium candidum, Liliaceae
/https%3A%2F%2Fwww.sri-aurobindo.in%2Fimages%2Fflowers%2Fma.jpg)
La Signification Spirituelle des Fleurs
FleursLa Signification Spirituelle Photocollection Dès 1926, quand l'Ashram a été fondé, la Mère avait coutume d'offrir des fleurs aux sâdhaks qui venaient la voir chaque jour. Ils apprirent ...
Dans la foulée, j'ai cherché dans les Lettres sur le Yoga et j'ai découvert qu'il en existait de très nombreuses sur différents aspects de la question : consécration dans le travail, différence entre consécration et conversion, lien entre psychique et consécration, place de la consécration dans le processus de transformation... mais pour nos débuts, ces deux extraits me semblent suffisants.
Dans ce premier passage, Sri Aurobindo emploie deux mots sanskrits :
- Sâdhanâ : la méthode de yoga et la discipline qui en dérive ; la pratique du yoga et de sa discipline.
- Tapasyâ : concentration de la volonté ou des énergies de l'âme sur un but spirituel ; ascèse, austérités.
Si l'on voulait le Divin, le Divin lui-même se chargerait de purifier le cœur, de faire avancer la sâdhanâ et de donner les expériences nécessaires ; cela peut arriver et il en est ainsi lorsqu'on a envers le Divin un sentiment de certitude confiante et la volonté de se consacrer.
Pour que le Divin se charge de la sâdhanâ, il faut en effet se placer entre ses mains au lieu de se fier seulement à ses propres efforts ; il faut faire confiance au Divin et se donner à lui de plus en plus.
C'est en fait ce principe que j'ai appliqué dans ma propre sâdhanâ et c'est le processus central du yoga tel que je l'envisage.
C'est aussi, je suppose, ce que Sri Râmakrishna voulait dire par sa métaphore du petit chat. Mais tous ne peuvent suivre cette méthode dès le début : il leur faut du temps pour y accéder ; elle se développe surtout quand le mental et le vital sont calmés.
Par consécration, j'entends la consécration intérieure du mental et du vital.
Il y a aussi, évidemment, la consécration extérieure, l'abandon de tout ce qui se trouve en conflit avec l'esprit ou les nécessités de la sâdhanâ, l'offrande, l'obéissance au Divin Guide, que ce soit directement — lorsqu'on a atteint ce stade — ou par l'intermédiaire du psychique, ou encore en suivant les conseils du Gourou.
Je dois dire que le jeûne prolongé n'a rien à voir avec la consécration : c'est une forme de tapasyâ d'un genre très austère et, à mon avis, très excessif et souvent dangereux.
Le cœur de la consécration intérieure est la confiance en le Divin et le sentiment de certitude qui l'accompagne.
L'attitude à prendre est : "Je veux le Divin et rien d'autre. Je veux me donner entièrement à lui et puisque c'est ce que veut mon âme, je le rencontrerai et le réaliserai : il ne peut en être autrement.
Je ne demande rien de plus sinon qu'il agisse en moi pour m'amener à lui par une action cachée ou visible, voilée ou manifeste.
Je n'insiste pas pour que cela arrive à mon heure et à ma manière; qu'il fasse tout à sa manière et à son heure ; je croirai en lui, j'accepterai sa volonté, j'aspirerai sans relâche à sa lumière, à sa présence, à sa joie, j'irai à travers toutes les difficultés, tous les retards, m'en remettant à Lui, n'abandonnant jamais.
Que mon mental soit calme, qu'il fasse confiance au Divin et lui permette de l'ouvrir à sa lumière ; que mon vital soit tranquille et se tourne vers lui seul, qu'il lui permette de l'ouvrir à son calme et à sa joie.
Tout pour lui et moi pour lui. Quoi qu'il arrive, je me tiendrai à cette aspiration et à ce don de moi-même et je continuerai, m'en remettant à lui, parfaitement confiant que tout sera fait."
Telle est l'attitude que l'on doit adopter peu à peu ; car elle ne saurait être parfaite d'un seul coup : les mouvements du mental et du vital interviennent, mais si l'on garde la volonté d'y parvenir, elle grandira dans l'être. Pour le reste il surfit d'obéir à la Direction quand elle se manifeste, sans permettre aux mouvements du vital et du mental d'y faire obstacle.
Je ne prétends pas que cette voie soit la seule ni que la sâdhanâ ne puisse pas être faite autrement : il y a bien d'autres manières d'approcher le Divin ; mais c'est la seule que je connaisse où le fait que le Divin se charge de la sâdhanâ devienne perceptible avant même que la préparation de la nature soit achevée.
Dans d'autres méthodes l'action du Divin peut être sentie par moments, mais elle reste la plupart du temps derrière le voile jusqu'à ce que tout soit prêt.
Certaines sâdhanâ ne reconnaissent pas l'action divine. : tout doit se faire par tapasyâ. La plupart d'entre elles combinent les deux ; la tapasyâ finit par appeler l'aide et l'intervention directes. L'idée et l'expérience d'un Divin qui fait tout appartiennent à un yoga fondé sur la consécration. Mais quel que soit le chemin suivi, la seule chose à faire est d'y être fidèle et d'aller jusqu'au bout.
Le Divin peut tout faire — purifier le cœur et la nature, éveiller la conscience intérieure, retirer les voiles — si l'on se donne à lui avec confiance ; et même si l'on ne peut pas le faire complètement dès le début, plus on le fait, plus l'aide et la direction intérieures viennent et plus l'expérience intérieure du Divin s'accroît.
Si le mental questionneur devient moins actif et qu'augmentent l'humilité et la volonté de se soumettre à lui, cela devrait être tout à fait possible. Aucune autre force, aucune autre tapasyâ n'est alors nécessaire : celle-ci suffit.
/image%2F5143714%2F20220518%2Fob_0ce307_consecration-vitale.jpeg)
Heliotropium arborescens – Héliotrope – Consécration vitale
Il est parfaitement vrai dans l'expérience yoguique que la consécration par l'amour vrai, c'est-à-dire par l'amour psychique et spirituel, est la plus puissante, la plus simple et la plus efficace de toutes, mais il n'est pas possible, en posant cela en principe comme une maxime déduite par la raison ordinaire, d'enfermer toute possibilité d'expérience de la consécration dans cette formule ou d'annoncer sur cette base qu'il faut attendre d'aimer parfaitement avant de se consacrer.
L'expérience yoguique démontre que la consécration peut aussi se faire par le mental et la volonté, un mental sincère et clair qui voit la nécessité de la consécration, et une volonté sincère et claire qui l'impose aux parties récalcitrantes.
Également, l'expérience montre que la consécration peut non seulement venir par amour, mais que l'amour peut venir aussi par la consécration ou croître, par elle, d'un amour imparfait à un amour parfait.
On part d'une idée et d'une volonté intenses de connaître ou d'atteindre le Divin et on consacre de plus en plus ses idées, ses désirs, ses attachements, ses motifs d'action ou ses habitudes d'action personnels ordinaires afin que le Divin puisse s'emparer de tout.
La consécration, c'est ceci : abandonner notre petit mental, nos idées et nos préférences mentales à une Lumière divine et une Connaissance plus grande, notre volonté mesquine, personnelle, embrouillée, aveugle, trébuchante à une Volonté et une Force vastes, calmes, tranquilles, lumineuses, nos sentiments étroits, agités, tourmentés à un Amour et un Ânanda divins vastes et intenses, notre petite personnalité souffrante à l'unique Personne dont elle est une obscure conséquence.
*
Sans consécration, il ne peut y avoir de transformation totale de l'être.
Sri Aurobindo
Quelques jours plus tard, le 19 mai à 19 h 19, je découvre ce passage de L'Agenda du 10 mai 1958 :
Au point de vue positif, je suis convaincue que nous sommes d'accord sur le résultat à obtenir, c'est-à-dire une consécration intégrale et sans réserve — dans l'amour, la connaissance, et l'action — au Suprême et a son oeuvre. Je dis au Suprême et à son œuvre parce que la consécration au Suprême seul n'est pas suffisante. Nous sommes ici, maintenant, pour cette réalisation supramentale et c'est ça qui est attendu de nous, mais pour pouvoir y parvenir, il faut que la consécration à ça soit totale, sans réserve, absolument intégrale. Cela, je pense que tu l'as compris, c'est-à-dire que tu as la volonté de le réaliser.