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Publié par pascalemmanuel

Plusieurs choses m'ont traversé l'esprit, en toute simplicité...

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L'invocation du mantra avec le son Om m'a fait penser que n'importe lequel d'entre nous aurait un mal fou pour obtenir un simple rendez-vous avec un ministre alors qu'avec le son Om, nous avons la ligne directe vers le Seigneur suprême.  C'est tout bête et je ne n'y avais jamais pensé. Cette prise de conscience toute simple m'a invité à mieux prendre la mesure de la grâce que représente ce son et des possibilités infinies qu'il contient.

Évidemment, pour quelqu'un qui lirait pour la première fois ce genre de choses, se dirait possiblement que le gars qui a écrit ça, doit être un peu dérangé du bocal.

Par contre, si notre conscience mentale, émotionnelle, énergétique, nerveuse est suffisamment tranquille et que nous avons développé un minimum de sensibilité kinesthésique des vibrations, alors nous nous apercevons que ce son OM a une vibration tout à fait particulière et qu'il nous permet d'entrer en contact avec... quelque chose, une force, une lumière, une conscience, une présence et petit à petit d'établir une relation. C'est tout un champ d'étude en soi qui s'ouvre à nous, si nous le désirons. 

*

Je me répétais intérieurement que le mental supérieur était celui de la pensée parfaite, capable de voir de nombreux aspects d'une question en même temps, que le mental illuminé était celui où la pensée se transformait en vision, qu'il n'y avait plus besoin de penser la chose puisqu'on la voyait, même si cela restait une vision vue de l'extérieur. Par contre, au niveau du mental intuitif, la puissance de concentration est telle qu'on entre dans la chose, alors on la connaissait de l'intérieur, sans possibilité d'erreur.

Tout cela en quelques secondes et à la fin, lorsque j'en étais au niveau du mental intuitif, j'ai eu la vision d'une sorte de boule de lumière avec au milieu un tout petit trou qui m'a fait pensé au chas d'une aiguille. Et alors je me suis  rappelé l'aphorisme 5 et répété que si j'arrivais à me concentrer suffisamment intensément, je pourrais entrer dans le Divin par le petit trou.

Si seulement les hommes entrevoyaient les jouissances infinies, les forces parfaites, les horizons lumineux de connaissance spontanée, les calmes étendues de notre être qui nous attendent sur les pistes que notre évolution animale n’a pas encore conquises, ils quitteraient tout et n’auraient de cesse qu’ils n’aient gagné ces trésors. 

Mais le chemin est étroit, les portes sont difficiles à forcer, et la peur, le doute, le scepticisme sont là, tentacules de la Nature pour nous interdire de détourner nos pas des pâtures ordinaires. 

*

Par rapport au questionnement sur l'ego et sa disparition évoqué dans un article précédent, il m'est revenu une parole de Sri Aurobindo qui m'avait beaucoup frappé, même si je serais incapable de dire où j'ai lu cela. Il disait que la découverte la plus déconcertante que nous puissions faire, lorsque l'ego se dissout, c'était de découvrir que nous n'étions pas un mais une multitude.

Voulait-il dire que notre corps et notre conscience était un univers en soi, contenant une multitude d'êtres, de mémoires, de forces... ? 

Voulait-il dire que tous les autres êtres, apparemment à l'extérieur et différents de nous, étaient perçus comme soi-même ?

Les deux en même temps peut-être. 

*

Autre chose est venu : la sensation qu'au final, la caractéristique principale de l'ego, c'est la petitesse. Il me semble que Sri Aurobindo a écrit quelque chose de ce genre, peut-être dans La Vie divine. Le souvenir est vague, la perception était plutôt claire et cela donnait une sorte de solution : s'élargir, ouvrir sa conscience aux grands espaces, à l'infini... m'est apparu comme peut-être l'une des solutions les plus simples pour sortir de cet ego si étroit.   

Et puis aussi, plusieurs fois,  il est venu le fait de nier la réalité de la séparation. Alors c'était fulgurant mais cela ne durait que quelques secondes. 

D'un seul coup, quelque chose en moi niait catégoriquement le fait d'être séparé du Divin, niait même la possibilité d'être séparé... alors d'un seul coup, c'est comme si le corps tout entier était pris dans un océan de force. Le corps devenait, quelque chose, qui baignait, flottait dans un unique champ d'énergie. Alors, toutes les notions psychologiques tendaient a disparaître et mon dieu, que c'est reposant ! Tout ce fatras psycho émotionnel lié à la personnalité : quel fardeau !

C'est encore très approximatif, mais deux ou trois fois, il y a eu quelque chose qui ressemble au passage entre la conscience de l'ego, petite et séparée, à une conscience vaste et impersonnelle. 

Eucalyptus – Abolition de l'ego

Et quand cela arrive, ça ne parait vraiment pas compliqué du tout. Ce qui paraît compliqué, c'est de rester dans cette autre conscience. Sans doute que quelque chose se sent perdu dans cette immensité tranquille et vite retourne dans sa coquille d'escargot... 

D'ailleurs j'ai beaucoup de tendresse pour les escargots et quand j'en vois un qui marche sur le trottoir, vite, je m'empresse de modifier sa destinée et lui trouve un petit bout de jardin plus sécurisé...

Et j'aime aussi beaucoup les tortues 😊.  En fait, c'est aussi la douceur et la lenteur que j'aime ; sans doute l'occasion de rappeler quelques paroles de Mère. 

 

Entretien du 17 août 1955

Dans presque tous les cas, il faut un effort très, très soutenu pour prendre conscience de son être psychique. Généralement il est considéré que si on met trente ans pour le faire, on est très heureux — trente ans d’effort soutenu, je dis.

Agenda du 10 mai 1958

J’ai commencé ma sâdhanâ quand je suis née, sans savoir que je la faisais. Je l’ai continuée à travers toute ma vie, il y a quatre-vingts années de cela, presque (on peut dire que peut-être pendant les trois ou quatre premières années de ma vie, c’était encore quelque chose qui bougeait dans l’inconscience). Et sâdhanâ volontaire, consciente, j’ai commencé à peu près à vingt-deux ou vingt-trois ans, sur un terrain préparé. J’en ai quatre-vingts passés : je n’ai pensé qu’à ça, je n’ai voulu que ça, je n’avais pas d’autre intérêt dans la vie, et je n’ai pas oublié une minute que c’était ça que je voulais. Ce n’étaient pas des périodes où l’on se souvient et des périodes où l’on oublie : ça a été continu, perpétuel, nuit et jour, depuis l’âge de vingt-quatre ans – et j’ai eu l’expérience pour la première fois il y a à peu près une semaine ! Alors je dis que les gens qui sont pressés, les gens qui sont impatients, sont des idiots prétentieux.

Agenda du 23 mars 1963

Soixante-trois ans. Et soixante-trois ans d'efforts méthodiques, de volonté constante, d'occasions de travail – les gens qui sont pressés, tu sais, ils me font rire !

Agenda du 30 mars 1972

Hier, il y avait cinquante-huit ans que j’étais ici pour la première fois. Depuis cinquante-huit ans, je travaille POUR ÇA, pour que le corps soit aussi transparent et aussi immatériel que possible, c’est-à-dire qu’il ne fasse pas obstruction à la Force qui descend.

Maintenant – maintenant c’est le corps, le corps lui-même qui le veut de toutes ses cellules. C’est sa seule raison d’être.

Essayer, essayer de réaliser sur terre un élément qui soit purement transparent, translucide, et laisse la Force agir sans la déformer.

Pour le dire autrement, patience, endurance, persévérance. Voici aussi quelques aphorismes de Sri Aurobindo :

311 — Ne fixe pas le temps ni la manière dont sera réalisé ton idéal. Travaille et laisse le temps et la manière à Dieu omniscient.

312 — Travaille comme si l’idéal devait s’accomplir vite et de ton vivant ; persévère comme si tu savais qu’il ne sera réalisé qu’au prix d’un millier d’années de labeur encore. Ce que tu n’oses attendre avant le cinquième millénaire peut s’épanouir avec l’aurore de demain, et ce que tu espères et convoites maintenant peut t’avoir été dévolu pour ta centième venue.

313 — Chacun d’entre nous a encore un million de vies à passer sur la terre. Pourquoi donc cette hâte et cette clameur et cette impatience ?

314 — Vite, avance à grands pas, car le but est loin ; ne te repose pas indûment, car ton Maître t’attend à la fin du voyage.

315 — Je suis las de cette impatience enfantine qui crie et blasphème et nie l’idéal sous prétexte que les Montagnes Dorées ne peuvent s’atteindre dans notre petite journée ni en quelques siècles momentanés.

316 — Sans désir, fixe ton âme sur le but et tiens-y avec la force divine qui est en toi ; alors le but lui-même créera ses propres moyens, ou plutôt il deviendra ses propres moyens. Car le but est Brahman et déjà accompli ; vois-le toujours comme Brahman, vois-le toujours en ton âme comme déjà accompli.

Pour lire les commentaires de Mère de ces aphorismes, voir page 352 et suivantes avec le lien ci-dessous :

Parfois aussi, pour reprendre le partage sur le vécu du moment, une fois aussi, il y a eut un tressaillement de joie dans le corps quand quelque chose de la conscience superficielle a perçu qu'il était utilisé par la Présence à l'intérieur. Cela n'a duré qu'une seconde mais c'était une joie très intense. La joie de l'instrument, Sri Aurobindo a dû écrire des choses là-dessus, je n'avais rien compris.

Pour le dire autrement, des chemins commencent à se construire, ou à s'ouvrir, se révéler, entre la conscience extérieure, superficielle de l'ego mental, émotionnel, vital et la conscience profonde, du psychique, du Divin. C'est comme ça que je comprends les petites expériences de l'étape actuelle.

Ce n'est pas encore la grande ouverture, la révélation pleine et entière, mais les petites ouvertures se multiplient, par petites touches.

D'ailleurs, je m'attends à ce que quelque chose arrive parce que l'aspiration commence à changer. Pour le moment, j'ai eu une première expérience d'une densité de Présence immobile, silencieuse, immortelle.  Par contre, je n'ai pas encore touché les qualités de lumière, de douceur et de joie attribué au psychique. 

Et puis, c'est comme ce que je disais plus haut, ce que j'ai perçu, je l'ai perçu de l'extérieur, je ne suis pas encore rentré dedans. Entre ressentir et voir le soleil au loin, le feu, une lumière, une atmosphère de paix, la mer, l'océan... et plonger dedans, il y a une différence. 

Voici deux extraits des Lettres de Sri Aurobindo qui orientent l'aspiration vers la joie. Si l'aspiration change de direction, alors les expériences changent aussi, nécessairement, car ce qui aspire en nous, c'est l'être psychique. C'est la raison pour laquelle, Sraddhalu a commencé plusieurs fois les intériorisations par le fait de se relier à notre aspiration la plus profonde. 

L'être psychique émerge lentement chez la plupart des humains, même après qu'ils ont entrepris la sâdhanâ, tant il y a, dans le mental et le vital, de choses qui doivent se transformer et se réadapter avant que le psychique puisse être tout à fait libre. On doit attendre que le processus nécessaire soit suffisamment avancé pour que le psychique puisse déchirer son voile millénaire et venir en avant pour diriger la nature. Rien, il est vrai, ne peut donner autant de bonheur et de joie intérieure, bien que la paix puisse venir par la libération mentale et vitale ou par le développement d'une puissante samatā (*) dans l'être.

(*) Égalité d'âme, équanimité... (note personnelle)

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Le sentiment d'être libéré comme d'une prison accompagne toujours l'émergence de l'être psychique ou la réalisation du moi au-dessus. C'est pourquoi il est appelé mukti (libération). C'est une libération dans la paix, le bonheur, la liberté de l'âme qui n'est pas assujetie par les mille liens de la vie extérieure dans l'ignorance. 

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Le témoignage de ces balbutiements montre que c'est possible. Et ce n'est que le début. Presque 20 ans pour en arriver là... 😊, j'espère souvent que les autres soient un peu plus doués, parce que sinon, on n'est pas rendu 🥹 😃 🌸... 

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