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Publié par pascalemmanuel

Chaud - Froid...

Je suis si rarement malade que j'avais oublié qu'il était possible d'avoir froid avec 39, 6 de fièvre. Cela a commencé hier et mis à part une fièvre à peu près constante malgré le grog au Doliprane, un mal de crâne et le fait que je suis au ralenti, il n'y aucun symptôme particulier. Habituellement, je vis presque comme un ermite et j'ai peut-être chopé cela à Strasbourg ou dans le train. Bah ! C'est bon pour l'immunité naturelle et une fois de plus, quand c'est difficile, l'aspiration est beaucoup plus intense. 

Pensée magique...

Dans ce genre de situation,  la pensée magique refait souvent surface. Sous prétexte que je me suis lancé dans le mantra de façon quasiment constante pendant des heures et que je me suis tourné vers Sri Aurobindo-Mère, il y a toujours quelque chose en moi qui s'attendrait à ce que le désordre disparaisse comme par enchantement. Manifestement, cela ne se passe pas comme ça. 

Différentes attitudes possibles.... 

1) Le corps s'éveille dans ces cellules, éveille-toi et veux...

Sur une certaine ligne de conduite, Mère a expliqué qu'il ne s'agissait pas de faire intervenir un pouvoir supérieur mais que c'était le corps lui-même qui s'éveillait dans ces cellules.

En quelque sorte, il s'agit de conquérir le désordre, la maladie.

2) Don de soi au Divin...

Et puis, Mère a dit aussi que le don de soi au Suprême était supérieur au fait de ne compter que sur soi. D'ailleurs, à chaque difficulté, c'est ce que Mère faisait.

3) Lâcher prise avec la recherche de résultat...

Et puis, dans un autre passage de L'Agenda, Mère a aussi expliqué que dès que nous avions telle ou telle attente, que nous cherchions un résultat, cela faisait intervenir un élément mental qui faussait tout et que la solution était l'abdication complète.

4) Le mantra pendant des heures...

Alors, ne sachant trop quelle attitude adopter, j'ai laissé venir la solution la plus spontanée et pendant des heures et des heures je suis rentré dans une sorte de relaxation très profonde, presque une transe corporelle consciente, et j'ai utilisé le mantra... comme si je voulais que les cellules elles-mêmes s'ouvrent à la vibration.

Aucune joie vitale, processus difficile et délicat, comme si dans cette substance corporelle, rien ne répondait.  Pourtant, j'ai répété le mantra encore et encore, apparemment sans résultat. En tout cas, pas où j'en attendais, la fièvre, la fatigue et le mal de crâne sont toujours là. 

5) Observer la bataille...

Une quatrième possibilité, je n'y ai pas pensé sur le moment, c'est d'observer la lutte entre la force de désordre et la force d'harmonie... 

Pâte du gâteau...

Pas grand chose à raconter de ces heures de concentration qui me paraissaient bien laborieuses...

À deux reprises cependant, c'était comme si je glissais dans une torpeur cotonneuse consciente et je sentais couler dans les membres une sorte de substance homogène. Alors, il n'y avait plus les os, les nerfs, les veines, les articulations et toute la substance semblait devenir une. Cela m'a fait penser à un tube de lait concentré ou d'enduit de rebouchage qui coulait dans les membres, le corps.

Une fois, c'était comme si je baignais totalement dans un couleur de terre, marron foncé, très uniforme.

Couches fines comme du papier à cigarette...

Dans cette intériorisation prolongée, à d'autres moments je percevais des couches très subtiles, fines comme un papier à cigarette. Alors, sur ce petit bout de papier de quelques centimètres, je voyais une scène symbolique, je sentais un travail se faire et à deux reprises, si émotionnellement, mentalement, c'était difficile, aucune joie, une intensité de chagrin, à cet endroit de la conscience corporelle, sur ce "bout de papier", c'était une gloire... à faire pleurer. C'était si fort que cela n'a duré que quelques secondes.

Lâcher prise avec toutes les idées...

Nous avons des idées sur tout, la culture, la politique, l'alimentation, la famille, la sexualité, le voisin, l'histoire, les livres, les séries télé... 

À un moment donné, c'était comme si j'étais dans une grande bulle claire et transparente et que je voyais de haut toutes les idées possibles...

Peut-être que Sri Aurobindo trouverait une joie indicible à cette multitude de phénomènes, à cette énergie créatrice enthousiaste et débordante. Peut-être que d'autres percevraient cela comme de l'ouverture d'esprit, une capacité de s'intéresser à toute sortes de choses.

Quand on lit l'expérience de Mère dans L'Agenda, on voit bien à quel point c'est nouveau. Alors, nous pourrions prendre toutes nos idées, tous nos sentiments, toutes nos sensations et nous demander si elles reposent sur la vérité, sur la lumière, sur la conscience... 

D'ailleurs, Mère a souvent dit que du point de vue de la vérité supramentale, les humains paraissaient formidablement stupides. Alors on voudrait bien sortir de cette stupidité, mais comment faire... 

Peut-être commencer par lâcher prise avec toutes nos idées, nos conceptions, nos complications aussi... Be simple répétait Sri Aurobindo. 

Faire entrer un peu de conscience dans le corps...

Tant qu'on est dans le relationnel, le vital, les émotions, la nature et les petits oiseaux, même certains aspects du mental, c'est parfois tout à fait agréable mais quand on cherche à entrer dans la substance corporelle, c'est vraiment affreux, triste à mourir de chagrin. Pourtant, si ça ne change pas dans la carcasse, ça ne changera jamais...  

Mais on peut grogner, gémir et se révolter, cela ne change rien à l'affaire, une race divine, va finir par émerger et prendre le contrôle de la terre. Alors la bêtise et la méchanceté des hommes sera balayée...

Plus tard, je lisais cet Agenda du 4 décembre 1962 et reconnaissait quelque chose des mes états d'âme. 

Agenda du 4 décembre 1962

Dans le vrai mouvement, c'est physiquement qu'on sent l'Absolu et l'Éternité. – Comment ? c'est impossible à décrire, mais c'est comme ça. Et quand on sort – quand on retombe ou sort si peu que ce soit de Ça et qu'on retombe dans le mouvement ordinaire, le vieux mouvement, alors c'est le sentiment d'une incertitude ABSOLUE ! d'une incertitude de chaque seconde. Il serait impossible pour un être humain ordinaire de vivre avec cette conscience-là, avec ce sentiment-là : le sentiment d'une totale absolue incertitude, d'une impermanence totale absolue – ce n'est plus une destruction, mais ce n'est pas encore une transformation ascendante. Une instabilité absolue. Rien ne dure plus qu'une fraction de seconde – juste le temps de prendre conscience de soi-même et c'est tout.

S'il n'y avait pas l'autre mouvement qui s'installe de plus en plus, ce serait insupportable, au sens du mot anglais unbearable.

La qualité de ces deux vibrations (qui se superposent encore de façon à ce qu'on puisse être conscient des deux), c'est indescriptible, mais l'une qui est un morcellement – un morcellement infini – et une instabilité absolue : c'est comme un poudroiement atomique d'un mouvement incessant ; et l'autre, c'est une immobilité éternelle, comme je l'avais décrit l'autre jour, une Immensité infinie de Lumière absolue.

Tout le reste... Comment dire ? On pourrait presque dire que c'est un divertissement. Toutes les autres expériences qui ne sont ni ça ni ça, c'est pour passer le temps, quelque chose pour remplir, que ce ne soit pas vide.

Un cinéma perpétuel.

Ce n'est pas la première fois que mon ressenti s'approche de mes lectures, mais en soi, c'est plutôt normal. 

À suivre avec d'autres éléments d'observation... 

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