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Publié par pascalemmanuel

Entretien de Mère du 20 juin 1956 

Page 213 :

Douce Mère, est-ce que par l’amour seul on peut réaliser le Divin ?

Oh ! oui, mon enfant, certainement. C’est même le chemin le plus direct.

On peut réaliser le Divin, c’est-à-dire s’identifier au Divin, prendre pleinement conscience du Divin et être un instrument du Divin. Mais naturellement, on ne réalise pas le yoga intégral puisque c’est seulement sur une ligne. Mais au point de vue de l’identification avec le Divin, c’est même le chemin le plus direct.

Mais sans le développement mental, on ne pourra pas exprimer le Divin ?

On ne peut pas l’exprimer intellectuellement, mais on peut l’ex- primer dans l’action, on peut l’exprimer dans les sentiments, on peut l’exprimer dans la vie.

🪷

Page 214 :

Douce Mère, quelquefois, quand on a une dépression, cela dure assez longtemps; mais quand on a une joie qui n’est pas ordinaire, cela ne dure pas.

Oui, c’est très vrai.

Alors, qu’est-ce qu’il faut faire pour que cela dure ?

Mais ce n’est pas la même partie de l’être qui a la dépression et qui a la joie.

Si tu parles d’un plaisir, le plaisir qui appartient au vital est une chose très fugitive, et je pense que dans la vie (dans la vie telle qu’elle est maintenant) il y a plus d’occasions d’avoir des déplaisirs que des plaisirs. Le plaisir en lui-même est une chose extrêmement fugitive, parce que, si l’on continue la même vibration de plaisir un peu longtemps, elle devient déplaisante ou même repoussante — exactement la même vibration.

Le plaisir en lui-même est une chose très fugitive.

Mais si tu parles de la joie, c’est une chose tout à fait différente, c’est une sorte de chaleur et d’illumination dans le cœur, n’est-ce pas — on peut avoir la joie aussi dans la tête, mais c’est une sorte de chaleur et d’illumination béatifique qui se produit quelque part. Cela, c’est une vertu qui n’est pas encore à l’état de plein développement et on est rarement dans la condition psychologique nécessaire pour l’avoir. Et c’est pour cela que c’est fugitif. Autrement, la joie est présente d’une façon constante dans la vérité de l’être, dans la réalité de l’être, dans ton vrai Moi, dans ton âme, dans ton être psychique, la joie est constamment présente.

Cela n’a rien à voir avec le plaisir : c’est une sorte de félicité intérieure.

Mais on est rarement en état de la sentir, à moins que l’on n’ait pris pleinement conscience de son être psychique.

C’est pour cela que, quand elle vient, c’est fugitif, parce que la condition psychologique nécessaire pour la percevoir n’est pas souvent présente.

Tandis que l’on est d’une façon presque constante dans un état vital ordinaire où la moindre chose déplaisante vous amène très spontanément et facilement la dépression — une dépression si on est un être faible, une révolte si on est un être fort. Tout désir qui n’est pas satisfait, toute impulsion qui rencontre des obstacles, tout contact avec le dehors qui est désagréable, très facilement et très spontanément crée une dépression, ou une révolte, parce que c’est l’état normal des choses (normal dans la vie présente). tandis que la joie est un état exceptionnel.

Et alors le plaisir — le plaisir qui est une sensation agréable simplement —, s’il dure, non seulement il s’émousse, mais il finit par être désagréable ; on ne peut pas le supporter longtemps. Alors tout naturellement, ça va et ça vient aussi. C’est-à- dire que la même chose qui vous donne du plaisir — exactement la même vibration —, après un court moment ne vous en donne plus. Et si cela persiste, cela vous devient désagréable. C’est pour cela que vous ne pouvez pas avoir du plaisir pendant longtemps.

La seule chose qui puisse être durable, c’est la joie, si l’on entre en contact avec la vérité de l’être qui contient cette joie d’une façon permanente.

🪷

Ci-dessous, lien vers le texte intégral et l'enregistrement audio de cet Entretien du 20 juin 1956 qui complète les articles précédents sur la joie.

Vitis vinifera – Raisin – Ânanda divin – Abondant, succulent, nourrissant, plein de vigueur.

Cela m'a rappelé aussi L'Agenda du 25 août 1954 :

(Mère lit aux disciples un texte de Sri Aurobindo, «La Mère», où Sri Aurobindo décrit les différents aspects du Pouvoir créateur – ce qu’on appelle la «Shakti» en Inde ou la «Mère» – qui ont présidé à l’évolution universelle:)

«... Il y a d’autres grandes Personnalités de la Mère divine, mais elles étaient plus difficiles à faire descendre et elles ne se sont pas manifestées d’une manière aussi prononcée dans l’évolution de l’esprit terrestre. Parmi elles, se trouvent des Présences indispensables à la réalisation supramentale ; la plus indispensable de toutes est la Personnalité de cette extase, cet Ananda (1) mystérieux et puissant qui jaillit du suprême Amour divin, l’Ananda qui seul peut guérir le gouffre entre les hauteurs les plus sublimes de l’esprit supramental et les abîmes les plus profonds de la matière, (2)  l’Ananda qui tient la clef d’une vie merveilleuse et suprêmement divine, et qui, même maintenant, depuis ses demeures cachées, soutient l’œuvre de tous les autres Pouvoirs de l’Univers.»

 

(1). Ananda : la Joie divine.

(2). C'est le passage que j'évoquais confusément dans un article précédent. 

(Un disciple :) Douce Mère, quelle est cette Personnalité et quand est-ce qu’Elle se manifestera ?

J’ai préparé ma réponse.

Je savais que l’on allait me demander cela, parce que de toutes les choses, c’est la plus intéressante dans ce passage, et j’ai préparé ma réponse – ma réponse à cela, et ma réponse à une autre question aussi. Mais je vais d’abord vous lire celle-là.

Tu as demandé : «Quelle est cette Personnalité, et quand Elle viendra ?»

Et moi, je réponds ceci (Mère lit) :

«Elle est venue, apportant avec Elle une splendeur de puissance et d’amour, une intensité de joie divine inconnues à la Terre jusqu’alors. L’atmosphère physique en était toute changée, imprégnée de possibilités nouvelles et merveilleuses.

«Mais pour qu’Elle puisse se fixer et agir ici-bas, il fallait qu’Elle rencontre un minimum de réceptivité, qu’Elle trouve au moins un être humain ayant les qualités requises dans le vital et le physique, une sorte de super-Parsifal doué d’une pureté spontanée et intégrale, mais en même temps possédant un corps assez solide et équilibré pour pouvoir supporter sans fléchir l’intensité de l’Ananda qu’Elle apportait.

«Jusqu’à présent, Elle n’a pas obtenu ce qui était nécessaire. Les hommes restent obstinément des hommes et ne veulent pas, ou ne peuvent pas, devenir des surhommes. Ils ne peuvent recevoir et exprimer qu’un amour qui soit à leur taille : un amour humain. Et la joie merveilleuse de l’Ananda divin échappe à leur perception.

«Alors, parfois, Elle songe à se retirer, trouvant que le monde n’est pas prêt à la recevoir. Et ce serait une perte cruelle.

«Il est vrai que, pour le moment, sa présence est plus nominale qu’active, puisqu’Elle n’a pas l’occasion de se manifester. Mais même ainsi, Elle est une aide puissante pour l’Œuvre. Car, de tous les aspects de la Mère, c’est celui-là qui a le plus de pouvoir pour la transformation corporelle. En effet, les cellules qui peuvent vibrer au contact de la Joie divine, la recevoir et la conserver, sont des cellules régénérées en voie de devenir immortelles.

«Mais les vibrations de la Joie divine et celles du plaisir ne peuvent cohabiter dans le même système vital et physique. Il faut donc avoir TOTALEMENT renoncé à éprouver tout plaisir pour être en état de recevoir l’Ananda.

Mais bien peu nombreux sont ceux qui peuvent renoncer au plaisir sans, par cela même, renoncer à toute participation à la vie active et sans se plonger dans un ascétisme rigoureux.

Et parmi ceux qui savent que c’est dans la vie active que doit avoir lieu la transformation, certains essayent de prendre le plaisir pour une forme, plus ou moins dévoyée, de l’Ananda, et légitiment ainsi en eux la recherche de la satisfaction personnelle, créant en eux-mêmes un obstacle presque infranchissable à leur propre transformation.»

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