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Publié par pascalemmanuel

Le lendemain matin de mon expérience :

Cette nuit, j'ai eu un peu de mal à dormir et c'est souvent le cas lorsque le travail intérieur est un peu profond, qu'il se passe une expérience. N'arrivant pas à m'endormir j'ai repris ma lecture de Savitri avec le Livre 7, Le Livre du Yoga. 

Je ne me suis même pas demandé pourquoi il m'est venu ces invitations à dégager le chemin du psychique, libérer le psychique et voilà que les chants 2 et 3 que j'ai lu parlent de la recherche de l'âme. 

En introduction du chant 1, Satprem écrit ceci :

La douleur et le tourment de Savitri devant la mort attendue de Satyavane la préparent silencieusement à la découverte de l’âme et au Yoga. Une base d’être inébranlable.

Extraits du chant deux

 (Introduction de Satprem :)

Une Voix révèle à Savitri le terrible passé cosmique de la terre, qui parfois resurgit dans le présent du monde avec ses vieilles forces de destruction. Faut-il rappeler qu’il y eut six terres avant la nôtre, selon les connaissances anciennes, toutes pareillement détruites. Nous sommes la septième terre. Mais cette fois-ci... Puis la Voix montre à Savitri QUI ELLE EST et le destin de la terre et pourquoi elle est venue ici afin de changer les “vieilles lois poussiéreuses”, et ce qui peut changer la loi: “Il faut que la Psyché céleste ôte son voile dans le cœur de l’homme...”

Et dans un article précédent, je m'étais interrogé sur cet autre vers de Savitri : une voix parlera, l'âme obéira. Et bien voici comment commence ce chant :

Comme elle veillait une nuit sans sommeil

Passant de lentes heures lourdes de silence,

Réprimant dans son cœur son poids de chagrin

Regardant fixement les pas feutrés du Temps

Et le Destin toujours plus proche,

Une sommation est venue du sommet de son être,

Un son, un appel a brisé les sceaux de la Nuit.

Au-dessus de son front, où se joignent volonté et connaissance,

Une formidable Voix a envahi l’espace mortel.

Elle semblait venir de hauteurs inaccessibles

Et pourtant elle était au fond du monde entier

Et connaissait le sens des pas du Temps

Et voyait l’immuable scène de l’éternelle destinée

Remplir la lointaine perspective du regard cosmique.

Comme la Voix touchait terre, son corps est devenu raide,

Telle une statue d’or solide dans une transe immobile,

Un roc de Dieu allumé par une âme d’améthyste.

Autour du silence de son corps tout est devenu silencieux :

Son cœur écoutait ses lents battements mesurés,

Son mental abandonné entendait la pensée et restait muet:

“Pourquoi serais-tu venue sur cette lourde terre destinée à la mort,

Cette vie ignorante sous des cieux indifférents,

Liée comme une victime sur l’autel du Temps,

Ô esprit, ô immortelle énergie,

Si c’était pour nourrir le chagrin dans un cœur impuissant

Ou attendre les yeux serrés et sans larmes ta destruction?

Lève-toi ô âme, et vaincs le Temps et la Mort.”

Savitri, après s'être demandé pourquoi Elle devrait lutter contre un Destin inéluctable et muet... pour soulever une race ignorante qui chérit son sort et se moque de la Lumière sauveuse et voit dans la Sagesse du Mental le seul tabernacle, la Voix réponds en lui révélant son destin : 

“Est-ce suffisant, ô esprit ?

Et que dira ton âme lorsqu’elle se réveillera

Et saura que le travail n’est pas fait pour lequel elle était venue ?

Ou bien est-ce là tout pour ton être né sur la terre

Chargé d’un mandat de l’éternité ?

Ton être qui a écouté la voix des ans

Qui a suivi la piste des dieux

Passera-t-il en laissant inchangées les vieilles lois poussiéreuses ?

N’y aura-t-il pas de nouvelles Tables, un Verbe nouveau,

Pas de lumière plus grande qui descendra sur la terre

Pour la délivrer de son inconscience,

Et délivrer l’esprit de l’homme de son destin inaltérable ?

N’es-tu pas venue ici pour ouvrir les portes du Destin,

Les portes de fer qui semblaient à jamais closes,

Et conduire l’homme à la vaste route d’or de la vérité

Qui va des finitudes à l’éternité ?

Est-ce donc là le récit que je dois faire

Tête baissée, honteusement, devant le siège de l’Éternel :

Ce pouvoir qu’il a allumé dans ton corps a échoué,

Son ouvrière revient, sa tâche inaccomplie ?”

Alors Savitri accepte :

Mais retenant son cœur rebelle tourmenté,

Brusquement debout et ferme, calme comme une montagne,

Dominant les mers de l’ignorance mortelle

Tel un pic immuable au-dessus de l’air mental,

Un Pouvoir en elle a répondu à cette Voix tranquille :

“Je suis une part de toi ici, chargée de ton travail,

Comme toi, mon siège est à jamais au-dessus ;

Parle à mes profondeurs, ô Voix souveraine et immortelle,

Commande, car je suis ici pour faire ta volonté.”

La Voix a répondu :

“Souviens-toi de ce pourquoi tu es venue :

Découvre ton âme, retrouve ton moi caché,

Dans le silence de tes profondeurs cherche l’intention de Dieu,

Puis change cette nature mortelle en nature divine.

Ouvre la porte de Dieu, entre dans sa transe.

Rejette de toi la Pensée, cet agile singe de la Lumière :

Dans ce formidable silence où ton cerveau s’arrête,

Sa vaste Vérité s’éveille au-dedans et sait et voit.

Rejette de toi les sens qui voilent la vue de ton esprit :

Dans l’énorme vide de ton mental

Tu verras le corps de l’Éternel dans le monde,

Tu sauras qu’il est dans chaque voix que ton âme entend :

Dans les contacts du monde tu rencontreras Son unique toucher,

Toutes les choses et toutes les créatures t’enlaceront dans Son embrasse.

Conquiers les tressaillements de ton cœur, laisse ton cœur battre en Dieu :

Ta nature sera l’instrument de ses œuvres,

Ta voix portera la puissance de son Verbe :

Alors tu abriteras ma force et conquerras la Mort.”

Pourquoi parler de cela ? 

Après tout, nous ne sommes ni Savitri, ni Mère et Sri Aurobindo nous a mis en garde contre la dangereuse illusion de nous prendre... pour ce que nous ne sommes pas.

Pourtant, dans L'Agenda du 27 septembre 1957, il y a cette note extraordinaire :

(Question d’enfant à propos d’une vision où Mère lui était apparue dans un corps lumineux :)

Pourquoi es-tu venue comme nous sommes ? Pourquoi n’es-tu pas venue comme tu es vraiment ?

Parce que si je n’étais pas venue comme vous êtes, je n’aurais jamais pu être proche de toi et je n’aurais pas pu te dire : «Deviens ce que je suis.»

Qu'est-ce que cela peut vouloir dire ? C'est à chacun de trouver la réponse. Peut-être une identification avec la shakti divine, puisque c'est ce qu'Elle est. 

En tout cas, si notre ego est complètement à la ramasse, notre partie divine, secrète, silencieuse, lit, entend, comprend... et si le Divin suprême, pour que Savitri trouve son âme, de rejeter la pensée, de rejeter les sens, de conquérir les tressaillements de son coeur, sans doute que cela peut nous être utile aussi...

Un autre aspect du chant deux et du chant trois m'a... presque consolé d'une certaine façon. Dans mes intériorisations, je me suis beaucoup interrogé sur ce que je voyais, ressentais, expérimentais. Souvent je me suis dit que les gens devaient penser que j'étais tapé du bocal... Oh ! Il doit y avoir quelque chose de vrai là-dedans... En lisant ces deux chants, extraordinaires, nous en savons un peu plus sur la façon dont nous sommes construits et les mondes qui nous habitent.

Cela pourrait même foutre un peu la trouille et cela rend prudent.

En tout cas, je comprends mieux pourquoi, dans mes explorations intérieures, je suis surtout face à ce qui ne veut pas, ce qui résiste... 

Pour qui veut se connaître un peu mieux, il y a des lignes magnifiques, des descriptions sublimes, dont celle-ci... 

Quand il s’aventure dans l’infini de l’espace mental

Il ouvre les ailes de sa pensée dans l’air intérieur,

Ou voyageant par le train de l’imagination

Traverse le globe, voyage sous les étoiles,

Prend une route éthérée vers les mondes subtils,

Visite les dieux sur les pics miraculeux de la vie,

Communique avec les Cieux, tripote avec l’Enfer.

Telle est la petite surface de la vie des hommes.

C’est cela qu’il est, mais il est tout l’univers ;

Il escalade l’invisible, défie l’Abîme de ses profondeurs;

Tout un monde mystérieux est enfermé en lui.

Et un peu plus loin :

Mais tout est là, même les contraires de Dieu ;

L’homme est une petite façade des œuvres de la Nature

Une ébauche pensante d’une Force énigmatique.

Elle révèle en lui tout ce qui est en elle,

Ses gloires marchent en lui, et ses ténèbres.

La maison de vie de l’homme ne contient pas seulement des dieux :

Il y a des Ombres occultes, il y a des Pouvoirs ténébreux,

Habitants inquiétants des chambres basses de la vie,

Citoyens formidables d’un monde fantomatique.

Verbena aristigera – verveine – Conquête des ennemis vitaux – L'apparence est modeste, mais le pouvoir est durable.

Mais il n'y a pas que le mal :

Un pouvoir adverse, une contradiction de Dieu,

Une toute-puissance momentanée du Mal

A enfourché le chemin droit des actes de la Nature.

Elle imite le Dieu qu’elle nie,

Emprunte sa forme, simule sa face.

Un créateur et destructeur manichéen

Pourrait bien abolir l’homme, annuler son monde.

Mais il y a un pouvoir gardien, il y a des Mains qui sauvent,

De calmes yeux divins regardent la scène humaine.

Toutes les possibilités du monde attendent dans l’homme

Comme l’arbre attend dans sa semence :

Son passé vit en lui, il entraîne la marche de son avenir;

Les actes de son présent façonnent son destin futur.

Les dieux à naître se cachent dans sa maison de Vie.

Et surtout :

Mais ceci n’est qu’une première vue de la Matière sur elle-même,

Un échelon et une étape dans l’Ignorance.

Ce n’est pas tout ce que nous sommes ni tout notre monde.

Notre grand moi de connaissance nous attend,

Une suprême lumière dans les Vastitudes de la conscience-de-vérité :

Elle voit depuis des cimes qui dépassent le mental pensant,

Elle se meut dans un air splendide qui transcende la vie.

Elle descendra et fera divine la vie de la terre.

.../...

La terre doit se transformer elle-même et être égale aux Cieux

Ou les Cieux descendre dans l’état mortel de la terre.

Mais pour qu’un changement spirituel si vaste puisse être

Il faut que la Psyché céleste sorte de sa caverne mystique

Dans le cœur de l’homme

Et ôte son voile

Et entre dans les chambres encombrées de la nature ordinaire

Et se tienne nue au-devant de cette nature

Et gouverne ses pensées et emplisse son corps et sa vie.

Extraits du chant trois

Stupéfaite et comme sans connaissance elle cherchait son chemin

Pour sortir du labyrinthe du passé ignorant de l’homme

Qui prenait la surface de la personne pour l’âme.

Alors une Voix a parlé, qui habitait sur les hauteurs secrètes:

“C’est pour l’homme que tu cherches, non pour toi seule.

C’est seulement si Dieu revêt le mental humain

Et prend sur lui l’ignorance mortelle comme un manteau

Et se fait lui-même le Nain à trois pas (1)

Qu’il peut aider l’homme à devenir Dieu.

Déguisée en homme, la Grandeur cosmique travaille

Et découvre le seuil mystique inaccessible

Et ouvre la porte d’or de l’Immortel,

L’homme humain suit les pas humains de Dieu.

Acceptant ses ténèbres, tu dois lui apporter la lumière,

Acceptant son chagrin, tu dois lui apporter la félicité.

Dans le corps de la Matière, découvre ton âme née des cieux.”

(1) Note de Satprem :

Selon la tradition, le Nain à trois pas est l’un des dix Avatars qui viennent présider à chaque cycle de l’Évolution.

Après le Poisson (qui vint sauver le Véda, ou la Connaissance, du dernier déluge), puis la Tortue (symbole de l’amphibien), puis le Sanglier (l’animal qui fouille la terre), puis l’homme-Lion (le chaînon entre l’animal et l’homme), vint le Nain, symbole de l’homme petit et pas encore développé.

Le Nain (Vâmane) apparut au temps où régnait un grand roi-démon puissant qui avait conquis la Terre et le Ciel et qui avait fait vœu de donner quoi que ce soit à qui que ce soit qui vienne. Alors vint le Nain qui demanda simplement trois pas de terre, ce qui fut octroyé. Alors le Nain grandit démesurément et posa un pas sur la Terre, un pas sur les Cieux, puis un troisième pas qu’il posa... sur la tête du grand Démon.

Et le Démon (Bali) disparut sous terre... d’où, semble-t-il, il est ressorti en notre malheureux cycle et devenu le chef des dieux... jusqu’à l’arrivée de Kalki, le dernier Avatar, monté sur son cheval blanc, qui vient préparer et établir un nouvel Âge de Vérité ou Connaissance.

Ainsi les “mythes” connaissaient-ils l’Évolution avant Darwin.

Plus loin, nous apprenons que pour trouver son âme, Savitri comme par "sortir de son corps"...

 

Alors Savitri est sortie des murs de son corps

Et elle est restée un temps hors d’elle-même

Et elle a regardé dans les profondeurs de son être subtil,

Et dans ce cœur comme dans un bouton de lotus

Elle a pressenti son âme secrète et mystérieuse.

Avant de donner l'impression de plonger à nouveau en Elle.  Et puis un autre passage a attiré mon attention. Il est de bon ton de critiquer le mental, de tous nos malheurs sur le dos, et dans le processus de transformation, effectivement, il semble être l'un des obstacles importants. Pourtant, avant d'en être arrivé là, c'est tout à fait différent :

Sinon comment pourraient venir la gloire et la flamme

Si le mental est jeté dans l’abîme ?

Car, sans mental, le corps n’a pas la lumière,

Ni le ravissement spirituel des sens, ni la joie de la vie ;

Dès lors, tout devient sub-conscient, ténébreux,

L’Inconscience pose son sceau sur la page blanche de la Nature

Ou bien quelque désordre dément fait tourbillonner le cerveau

Et jette un chaos d’impulsions désordonnées

Sur les routes d’une nature ravagée

Où nulle lumière ne peut venir, nulle joie, nulle paix.

Et puis, pour affronter, ou plutôt traverser les mondes intérieurs très dangereux peuplés des démons du monde vital, Savitri n'est pas passée à l'armurerie céleste pour s'équiper d'un laser supersonique, d'une armure magique de lumière éblouissante, du super pouvoir de se rendre invisible afin de passer inaperçue. Même pas besoin de potion magique qui lui donnera une force herculéenne. 

Tenant tête à cette meute insensée à force de volonté ;

Elle arrachait sa volonté de cette horrible mêlée

Et fixait sa pensée sur le Nom sauveur ;

Alors tout est devenu silence et vide: elle était libre.

C'est bon savoir : une volonté calme et les pensées fixées sur le Divin. Qui sait ? Cela pourra peut-être nous servir le moment venu. Et puis :

Dans la tranquillité du moi silencieux de Savitri

Dans la blancheur de son Espace méditatif

Une ruée, un torrent, un déchaînement de Vie

A éclaté comme une furie de vagues fouettées par les vents

Déferlant sur les sables blancs de l’été ;

Elle noyait les côtes, une montagne de vagues à l’escalade.

Plus loin, Savitri traverse un monde de faussetés très dangereux et nous avons une autre indication :

Pourtant, quelques-uns, ni pris ni tués,

Peuvent passer s’ils sont guerriers

Portant l’image de la Vérité dans leur cœur abrité,

Ils peuvent arracher la Connaissance aux griffes hypnotisantes de l’erreur

Faire une brèche dans les murs aveugles du petit moi,

Puis continuer la route vers une vie plus grande.

Et encore une fois, l'insistance sur l'état intérieur de Savitri : 

Pendant tout ce temps, Savitri n’avait pas bougé,

Pas plongé dans les vaines vagues,

Les clameurs de la Vie avaient fui les Vastitudes du moi silencieux ;

Son esprit était libre et muet.

Et puis, après la traversée des mondes dangereux Savitri commence à approcher du but et débouche dans un monde plus solaire :

Ainsi voyageait-elle à travers son moi silencieux.

Elle est arrivée à une route débordante d’une foule ardente

Qui se précipitait, brillante, les pieds en feu, les yeux ensoleillés,

Pressée d’atteindre le mystérieux mur du monde

Et d’arriver aux portes masquées du mental extérieur

Où nulle Lumière n’entre ni les voix mystiques :

Messagères de nos grandeurs subliminales

Habitantes venues de la caverne de l’âme secrète.

Et à la fin du chant : 

 

Alors, suivant l’antique route sinueuse

Savitri est arrivée là où tout se resserrait à un étroit sentier

Foulé seulement par de rares pèlerins aux pieds blessés.

Quelques formes brillantes émergeaient de profondeurs inconnues

Et la regardaient avec de calmes yeux immortels.

Pieds en feu ? Pieds blessés ? Est-ce à dire que sur ce chemin, il faille marcher pieds nus ? Même si c'est un chemin intérieur ? À moins que cela signifie qu'il faille être prêt à marcher longtemps.

Et quelle est cette route antique et sinueuse ? Je croyais qu'il y avait un chemin tout droit. Comme quoi... 

À suivre, l'aventure continue... 

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