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Publié par pascalemmanuel

Quand il nous arrive quelque chose, quoi de plus naturel de se demander ce qui nous arrive 😊 ?

Quand j'ai eu cette expérience "d'énergie-substance" épaisse et onctueuse circuler en moi, je me suis douté qu'il se passait quelque chose d'important. Mais au-delà de ça... 

Je me doute aussi qu'en lisant un tel témoignage, une partie non négligeable des gens lèveraient les yeux au ciel d'un air entendu en tournicotant l'index au niveau de la tempe...

J'avais tout de même envie d'en savoir plus sur cette expérience et voici quelques passages trouvés dans les Lettres sur le yoga :

Ce bloc de paix solide et frais exerçant une pression sur le corps en l'immobilisant correspond sans nul doute — votre description en apporte la preuve — à ce que nous appelons, dans notre yoga, la descente de la conscience supérieure.

Une substance profonde, intense ou massive, faite de paix et d'immobilité, est très souvent le premier pouvoir de la conscience supérieure qui descende et beaucoup le ressentent ainsi.

Tout d'abord il ne vient et ne dure que pendant la méditation ou, sans s'accompagner d'une sensation d'inertie physique ou d'immobilité, persiste un peu plus longtemps, puis se perd ; mais si la sâdhanâ suit son cours normal, il vient de plus en plus souvent, dure de plus en plus longtemps, et finit par devenir, sous la forme d'une paix, d'une immobilité intérieure et d'une libération profondes et durables, une caractéristique normale de la conscience, la base même d'une conscience nouvelle, calme et libérée.

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Je présume que cela [sentir la paix très concrètement dans les lobes du cerveau] voudrait dire que la paix est devenue ou était en train de devenir très matérielle, très solide, physiquement très tangible : c'est la "paix dans les cellules". Tout est "substance" — même la paix, la conscience, l'Ânanda — mais il y a différents ordres de substance.

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Le premier pas est d'avoir un mental tranquille. Acquérir le silence est le pas suivant ; mais la tranquillité doit être là d'abord. Et par mental tranquille, j'entends une conscience mentale au-dedans qui voit les pensées venir à elle, et se mouvoir, mais qui, elle-même, ne sent pas qu'elle pense, ne s'identifie pas avec les pensées et ne les appelle pas siennes. Des pensées et des mouvements peuvent traverser le mental, comme des voyageurs apparaissent, venus d'ailleurs, et passent à travers une contrée silencieuse ; le mental tranquille les observe, ou ne prend pas la peine de les observer, mais dans l'un et l'autre cas, il ne devient pas actif et ne perd pas sa tranquillité.

Nerium oleander – Laurier – Tranquillité établie dans le mental – La condition essentielle de sa transformation.

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Les mots : "Paix, calme, tranquillité, silence", ont chacun leur nuance de signification, mais il n'est pas facile de les définir.

La paix — śānti.

Le calme — sthiratā.

La tranquillité — acañcalatā.

Le silence — niścala-nīravatā.

La tranquillité est un état dans lequel il n'y a ni agitation ni trouble.

Le calme est un état tranquille et inébranlable qu'aucun trouble ne peut affecter ; c'est un état moins négatif que la tranquillité.

La paix est un état encore plus positif ; elle porte en soi le sens d'une délivrance et d'un repos stables et harmonieux.

Le silence est un état où il ne se produit pas de mouvements du mental ni du vital, ou dans lequel règne une grande immobilité qu'aucun mouvement de surface ne peut percer ni altérer.

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Cette lettre plus longue apporte aussi d'autres éléments de réponse :

Je ne trouve rien à redire au commentaire du professeur Sorley sur le mental tranquille, clair et lumineux, car il indique correctement le procédé par lequel le mental se prépare à recevoir le reflet de la Vérité plus haute sur sa surface ou sa substance paisible.

Une chose peut-être doit être gardée présente à l'esprit — cette pure tranquillité du mental est toujours la condition requise, le sine qua non, mais il y a plus d'une manière de l'amener.

Cela ne peut pas, par exemple, être fait par le seul effort du mental pour se débarrasser de toute émotion ou passion importune, ou de ses propres vibrations caractéristiques, ou des vapeurs obscurcissantes d'une inertie physique qui apporte le sommeil ou la torpeur du mental physique plutôt que son silence vigilant — car ce n'est que le processus ordinaire du yoga de la connaissance.

Cela peut survenir aussi par la descente d'en haut d'une grande tranquillité spirituelle imposant le silence au mental, au cœur, aux impulsions de la vie, aux réflexes physiques. Une descente soudaine de ce genre ou une série de descentes accumulant la force et l'efficacité est un phénomène d'expérience spirituelle bien connu.

Ou encore, on peut entamer à cette fin un processus d'un genre ou d'un autre, qui demanderait normalement un long travail, et être saisi, dès le début, par une rapide intervention ou une manifestation du Silence dont l'effet est hors de toute proportion avec les moyens utilisés au commencement.

On débute avec une méthode, mais le travail est repris par la Grâce venue d'en haut, de Cela à quoi on aspire, ou par une irruption des infinitudes de l'Esprit. Je suis moi-même parvenu de cette manière au silence absolu du mental, que j'étais incapable d'imaginer avant d'en avoir eu l'expérience.

Un autre point est assez important — la nature exacte de cette luminosité, de cette clarté, de cette tranquillité — de quoi elle est constituée, si elle est simplement une condition psychologique ou quelque chose de plus.

Le professeur Sorley dit que ces mots sont, après tout, des métaphores et il veut exprimer, et réussit à exprimer la même chose dans une langue plus abstraite.

Mais je n'avais pas conscience d'utiliser des métaphores quand j'écrivais la phrase, tout en étant conscient que, pour les autres, les mots pouvaient avoir cette apparence.

Je pense même que pour quelqu'un qui a eu la moitié de la même expérience, ils sembleraient décrire cet état intérieur de façon non seulement plus vivante, mais plus exacte que n'importe quel langage plus abstrait.

Il est vrai que les métaphores, les symboles, les images sont des auxiliaires constamment appelés par le mystique pour exprimer ses expériences : c'est inévitable parce qu'il doit exprimer, dans un langage conçu ou du moins élaboré et manipulé par le mental, les phénomènes d'une conscience autre que le mental et à la fois plus complexe et plus subtilement concrète.

C'est cette réalité subtilement concrète, suprasensiblement sensible du phénomène de cette conscience à laquelle parvient le mystique, qui justifie l'usage de la métaphore et de l'image en tant que transcription plus vivante et plus concrète que les termes abstraits utilisés par la réflexion intellectuelle dans les procédés caractéristiques qui lui sont propres.

Si les images employées sont trompeuses ou descriptivement inexactes, c'est que l'écrivain a une force d'expression inadaptée à l'intensité de son expérience.

Le scientifique parle d'ondes de lumière, ou d'ondes de son, et emploie ainsi une métaphore, mais une métaphore qui correspond au fait physique et est parfaitement applicable — car il n'y a pas de raison qu'il n'y ait pas une onde, un flot constamment mouvant de lumière ou de son comme une eau.

Mais quand je parle de la luminosité, de la clarté, de la tranquillité du mental, je n'ai pas du tout l'impression d'appeler une métaphore à mon aide.

J'avais dans l'idée une description aussi précise et positive que si je décrivais de la même manière une étendue d'air ou un plan d'eau.

Car l'expérience mystique du mental — surtout quand il devient tranquille n'est pas celle d'une condition abstraite, ni d'une disparition, ni d'un élément insaisissable de la conscience — c'est l'expérience d'une substance subtile et étendue dans laquelle il peut y avoir, et il y a, des ondes, des courants, des vibrations non matériels et cependant aussi définis, perceptibles, contrôlables par un sens intérieur que n'importe quel mouvement d'énergie ou de substance matérielle par le sens physique.

La tranquillité du mental est d'abord la mise au repos des mouvements habituels de pensée, des formations de pensée, des courants de pensée qui agitent la substance mentale et pour beaucoup cela est un silence mental suffisant.

Mais même dans cette pause de tout mouvement de pensée ou mouvement de sentiments, quand on regarde de plus près, on voit que cette substance mentale est dans un état constant de vibration très subtile, difficile tout d'abord à observer, mais ensuite tout à fait évident — et cet état de vibration constante peut être aussi néfaste à la réception ou à la réflexion exacte de la Vérité qui descend que tout autre mouvement de pensée plus formé — car c'est la source d'une mentalisation qui peut diminuer ou distordre l'authenticité de la Vérité plus haute ou la briser en réfractions mentales.

Quand je parle d'un mental tranquille, j'entends un mental dans lequel ces perturbations n'existent plus.

À mesure qu'elles s'apaisent on peut sentir croître la tranquillité et la clarté qui en résultent, aussi palpables qu'on peut percevoir la clarté et la tranquillité d'une atmosphère physique.

Ce que je décris comme la luminosité — c'est un autre élément — se résume à un phénomène de Lumière courant dans l'expérience mystique.

Cette Lumière n'est pas une métaphore — comme lorsque Goethe dans ses derniers moments réclamait plus de lumière elle se présente comme une illumination très positive, vue et sentie véritablement par le sens intérieur.

La luminosité du mental tranquille et clair est aussi un reflet positif de cette Lumière avant que la Lumière elle-même se manifeste — et ce reflet de la Lumière est une condition très nécessaire pour que puisse croître la capacité d'être pénétré par la Vérité que chacun doit recevoir et abriter.

Je me suis étendu sur cette partie du sujet parce que cela aide à faire ressortir la différence entre le mental abstrait et la perception mystique concrète des choses supraphysiques qui est la source de bien des malentendus entre le chercheur spirituel et le penseur intellectuel.

Même lorsqu'ils parlent le même langage, c'est à un ordre différent de perception que le langage renvoie les produits de deux différents degrés de conscience, et même s'ils sont d'accord il y a souvent un certain abîme de différence.

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Maintenant,  imprégné de tout cela, place aux réjouissances avec les travaux pratiques...

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