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Publié par pascalemmanuel

Parmi les images védiques, plusieurs ont encore retenu mon attention :

- la montagne de l'être mentionnée à 8 reprises. Les extraits ci-dessous résument bien l'idée générale. 

La vie de l’homme est présentée comme un sacrifice aux dieux, un voyage, c’est tantôt la traversée de rivières dangereuses, tantôt l’ascension par paliers de la montagne de l’être, et enfin une bataille contre des nations hostiles. Mais ces trois images ne sont jamais dissociées. Le sacrifice est aussi un voyage ; en réalité, on décrit le sacrifice lui-même comme un voyage, un cheminement vers un but divin; et on parle sans cesse du voyage et du sacrifice comme d’une bataille contre les pouvoirs de l’obscurité. (Page 214)

Quiconque ainsi aspire, fait effort, lutte, voyage, escalade la montagne de l’être est l’Aryen (qui peut vouloir dire indifféremment peiner, combattre, gravir ou s’élever, voyager, préparer le sacrifice) ; car le travail de l’Aryen, son sacrifice, est tout à la fois une bataille, une ascension et un voyage : bataille contre les pouvoirs de l’obscurité, ascension des pics les plus élevés de la montagne qui, au-delà de la terre et du ciel, culminent dans Svar, voyage vers l’autre rive des fleuves et de l’Océan aux confins de l’Infini des choses. (Page 274)

Indra, escorté de ses troupes, les splendides Maruts, et Agni, la Force divine, celui qui accomplit le sacrifice aryen, sont les divinités principales du système védique. Agni est le commencement et la fin. Cette Volonté qui est Connaissance initie l’effort ascendant du mortel vers l’Immortalité ; cette Conscience divine, une avec le Pouvoir divin, à laquelle nous parvenons est le fondement de l’existence immortelle. Indra, seigneur de Svar, l’Intelligence lumineuse en laquelle nous devons convertir notre mentalité matérielle obscure pour être capables de manifester la Conscience divine, est notre principal soutien. C’est grâce à l’aide d’Indra et des Maruts que s’opère la conversion. Les Maruts s’emparent de notre conscience animale, constituée des impulsions de la mentalité nerveuse, imprègnent ces impulsions de leurs illuminations et leur font gravir la montagne de l’être vers le monde de Svar et les vérités d’Indra. (Page 331)

La conscience-de-Vérité est le fondement du superconscient, qui a pour nature la Béatitude. En elle culmine le supraconscient, d’où l’Être est descendu, l’existence de Sat-cit-ananda. Quittant la conscience physique qui est la nôtre, sortant d’ici, c’est à cette existence suprême que parviennent ceux qui, comme les anciens Rishis, entrent en contact avec la conscience-de-Vérité. Ils en font leur séjour, leur résidence. Car dans la montagne de l’être physique, pour l’âme sont creusés ces puits gorgés de douceur, qui tirent de sa rigidité opiniâtre le secret Ananda ; au contact de la Vérité, les rivières de miel, les coulées rapides du vin de l’Immortalité gouttent et ruissellent et déferlent en un flot généreux sur toute l’étendue de la conscience humaine.  (Page 369)

- la caverne est mentionnée tant de fois (51 fois) qu'il est inutile de citer tous les passages. Il s'agit pour l'essentiel du repaire des forces de l'ombre, de l'obscurité :  "la caverne de la montagne, ce n’est pas le trésor volé des Aryens, mais « le Soleil établi dans l’obscurité" ;   "les illuminations solaires dans la caverne de notre être" ; "son repaire ou sa caverne est une cité pleine de trésors" ; "la caverne secrète et dissimulée dans les eaux de l'être" ; "caverne ou cachette de l’obscurité" ; "la caverne secrète au pied de la montagne ; c’est la caverne de l’obscurité" ; "les voyants aux dix rayons, qui pénètrent avec Indra dans la caverne des Panis et récupèrent les troupeaux égarés" ; "les seigneurs de l’obscurité, ont capturé les vaches de l’Aurore et les ont enfouies dans leur caverne, tout en bas dans le secret du subconscient"...

Cela m'a fait sourire de penser à la caverne d'Ali baba et les 40 voleurs...

- plateau 

Un jour, alors qu'un ami m'emmenait en voiture sur un plateau des Pyrénées pour une petite randonnée,  aussitôt  dépassé une certaine altitude ma respiration a changé et je me suis mis à rire pour rien ; tant est si bien que mon ami m'a dit que je vivais un satori. Parmi tous les paysages magnifiques de la nature, l'ambiance des hauts plateaux m'a toujours fait une forte impression.

Alors, lorsque je suis tombé dans le Secret du Véda et le Yoga des Œuvres divines, sur ces paroles, j'ai écarquillé les yeux et cette image de plateaux m'a imprégné pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que cela se transforme, ce matin, en expérience. 

Pour commencer, voici les deux paroles en question :

Notre existence consciente est une montagne, une longue succession de plateaux gagnant progressivement en altitude, la caverne du subconscient se trouve en bas ; nous escaladons les pentes, vers le sommet divin de la Vérité et de la Béatitude, où siège l’Immortalité. (Le secret du Véda page 379)

Après l’étroit chemin de l’ascension, les vastes plateaux qui s’étendent sur les cimes. (Le Yoga des Œuvres divines, page 249)

Et puis l'expérience de ce matin :

D'habitude, quand je sens quelque chose descendre en moi, cela me donne la plupart du temps l'impression de quelque chose de très fin qui coule le long d'un fil, peut-être dans l'un des innombrables circuits énergétiques. 

Là, c'était quelque chose de "tout plat" qui descendait en bloc. C'était une étendue très large qui essayait de descendre par le sommet de la tête. C'est descendu tout de suite au niveau de la gorge et je me suis mis à tousser copieusement. Ce n'est pas d'aujourd'hui que je me suis rendu compte qu'au niveau de la sphère ORL, nez, gorge, oreilles...  le travail des énergies est plus difficile. 

Alors cette "étendue plate" est remontée, j'ai aussitôt arrêté de tousser, et cela a travaillé au niveau du front. Travail très délicat et un peu difficile en ce sens que je percevais très bien les résistances, les manques de souplesse, les rigidités dans le cerveau...

Je note aussi qu'au tout début de mon intériorisation, j'avais concentré mon aspiration sur le monde des pensées vraies, sur la vérité dans les pensées (en référence aux 4 plans évoqués par Mère dans un article précédent, celui des formes, des sons, des pensées et des couleurs).  

Et puis, cette impression qu'un "plateau" était descendu s'est dissipé ; cela n'a pas duré très longtemps, sans doute que c'était trop difficile pour la substance ou la conscience de garder le calme, je n'arrivais plus à rester concentré. 

Alors, la conscience s'est posé pendant plus d'une heure sur cette image de la montagne de l'être et le calme de la conscience est revenu. C'était très parlant, c'est comme si je me promenais à l'intérieur de mon corps. Je dis "mon corps", parce que "mon être", je ne sais pas vraiment ce que c'est. 

Et dans de nombreux endroit à l'intérieur du corps, il y avait une lumière solaire, très douce, plutôt orangée comme vers la fin de la journée, non la couleur forte du soleil a son zénith. Et je percevais aussi des zones tout à fait obscures et fermées et sombres. 

Et je sentais une sorte de combat sans violence entre la lumière qui essayait de gagner du terrain.

Il y a quelques semaines, en marchant en faisant une prière de la conscience des cellules, j'avais remarqué pour la première fois quelque chose. Au niveau de l'épaule droite, je sens depuis longtemps que, des énergies sont bloquées, qu'il y a des résistances. Heureusement, cela ne provoque presque plus les douleurs d'avant. Et pendant le japa, tout à coup, j'ai senti que les prières agissaient dans mon épaule et que.... c'était trop fort et j'ai reculé. Et il y avait eu très clairement cette sensation de gagner du terrain, ou d'en perdre. Avancer ou reculer.

J'ai déjà senti des grands espaces à l'intérieur du corps. C'est une sensation presque habituelle en qi gong. Par contre, que le corps soit le lieu d'un champ de bataille, avec des collines et des vallées, tout un paysage intérieur, ça c'est plus rare. 

Et chaque zone du corps est symbolique. Par exemple, ce matin, la zone du nez est devenue vaste et c'était le lieu ou ce "plateau de la vérité" essayait de s'installer.

Chaque partie du corps, aussi petite soit-elle, si nous y mettons une certaine conscience, nous donne cette impression d'un espace intérieur très vaste. Lorsque nous disons que tout est dans tout, si ça se trouve, c'est vrai. 

Et puis, autant la zone de la gorge n'est pas parvenue à supporter cette "vaste étendue plane", autant c'était plus facile dans d'autres parties du corps. 

Alors, l'expression de Sri Aurobindo dans La vie divine de "vivre à l'intérieur" m'est revenue en mémoire et m'est apparue singulièrement parlante, très vivante. Pour étayer cet article, j'ai recherché les passages en question :

Dans notre vie ordinaire, cette vérité nous est cachée, ou il nous arrive parfois de l’entrevoir vaguement, ou de la saisir et de la concevoir imparfaitement. Mais si nous apprenons à vivre au-dedans, nous nous éveillons infailliblement à cette présence en nous qui est notre moi plus réel, présence profonde, calme, joyeuse et puissante dont le monde n’est pas le maître — une présence qui, si elle n’est pas le Seigneur Lui-même, est le rayonnement du Seigneur au-dedans.

Nous la percevons en nous, soutenant, aidant le moi de surface et souriant de ses plaisirs et de ses douleurs comme des erreurs et des colères d’un petit enfant.

Et si nous pouvons rentrer en nous-mêmes et nous identifier, non avec notre expérience de surface, mais avec cette radieuse pénombre du Divin, alors nous pouvons garder dans la vie cette attitude face aux contacts du monde ; prenant du recul, dans notre conscience tout entière, par rapport aux plaisirs et aux douleurs du corps, de l’être vital et du mental, nous les vivons comme des expériences dont la nature superficielle n’affecte pas notre être central réel, ni ne s’impose à lui.

Comme les termes sanskrits l’expriment si parfaitement, il y a un ânandamaya derrière le manomaya, un vaste Moi-de-Béatitude derrière le moi mental limité, dont celui-ci n’est qu’une image trouble et un reflet agité.

La vérité de nous-mêmes demeure au-dedans et non à la surface. (Page 126)

*

Une autre possibilité se découvre si nous parvenons à vivre au-dedans, dans l’être intérieur, et faire en sorte qu’il gouverne directement la vie, ou si nous réussissons à nous établir sur les plans spirituel et intuitif de l’être et, de là, grâce à leur pouvoir, à transmuer notre nature. (Page 769)

*

Il est évident que si nous pouvons vivre ainsi plus profondément en nous-mêmes et faire passer continuellement les forces intérieures dans l’instrumentation extérieure, ou si nous pouvons nous élever et nous établir sur des plans plus hauts et plus vastes, et amener leurs pouvoirs à agir sur l’existence physique au lieu de simplement recevoir des influences qui descendent de ces plans — pour le moment, c’est tout ce que nous pouvons faire —, la force de notre être conscient commencerait de s’intensifier, créant ainsi un nouveau principe de conscience, de nouveaux domaines d’activités, de nouvelles valeurs pour toutes choses, un élargissement de notre conscience et de notre vie, une intégration et une transformation des degrés inférieurs de notre existence — bref, tout le processus évolutif par lequel l’Esprit dans la Nature crée un type d’être plus évolué.

Chaque pas serait un progrès, si lointain que soit encore le but, nous rapprochant toujours davantage de la réalisation d’un être plus vaste et plus divin, d’une force et d’une conscience, d’une connaissance et d’une volonté plus divines et plus vastes, d’un sens et d’un délice de l’existence plus vastes et plus divins. Il pourrait y avoir un premier déploiement vers une vie divine.

*

Ou enfin, par un changement de conscience plus radical encore, nous devons apprendre à vivre au-dedans et non plus à la surface, à être et à agir depuis les profondeurs intérieures et sur la base de notre âme devenue la souveraine de la nature. (Page 781)

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Ainsi, regarder en soi-même, voir et entrer en soi-même et vivre au-dedans, est la première nécessité pour parvenir à la transformation de notre nature et à la vie divine. Ce mouvement qui consiste à se tourner vers l’intérieur et à vivre au-dedans, est une tâche difficile à imposer à la conscience normale de l’être humain ; et pourtant il n’y a pas d’autre moyen de se trouver soi-même. (Page 1081)

*

Le chercheur, en témoin impartial et éclairé de tout ce qui se passe dans le royaume de sa nature, doit apprendre à démêler l’action séparée ou combinée de ces qualités ; il doit dépister les activités des forces cosmiques en lui, à travers le labyrinthe de leurs procédés et de leurs déguisements subtils et invisibles, et connaître tous les recoins du dédale. Plus il progressera dans cette connaissance, plus il deviendra capable d’être le souverain au lieu d’être l’outil ignorant de la Nature. (Le Yoga des Œuvres divines, Page 273)

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