Tétrade de la Force (1) - Les 4 Ordres

Suite de la retranscription des 7 Tétrades du Yoga Intégral publiées dans le Journal du Yoga. Pour la Tétrade de la Force, les éléments sont différents selon la nature de chacun : brahamana, kshatrya, vaishya, shudra.

Shakti Chatusthaya – Tétrade de la Force

Ce chatusthaya pourrait aussi s'appeler le siddhi du tempérament ou de la nature dans le système inférieur, le triloka (1) intérieur du mental, de la vie et du corps : manas, prana, annam. D'un point de vue plus élevé, c'est le siddhi de la divine Shakti dans ces trois principes.

(1) Triloka : les trois lokas ou trois modes (physique, vital et mental) de l'hémisphère inférieur de l'existence. Chaque plan a son propre triloka, dans lequel les principes des deux autres plans sont subordonnés à son propre principe.

Glossaire du journal du yoga :

Loka : « une des façons dont l'être conscient se représente lui-même », un monde ou plan d'existence, y compris les plans différents du monde matériel, avec lesquels nous pouvons entrer en contact par « une ouverture des parties mentales et vitales de notre être à une gamme plus vaste d'expériences objectives-subjectives où ces plans se présentent, non plus comme des extensions de notre être et de notre conscience subjectifs, mais comme des mondes – car dans ces mondes les expériences sont organisées comme elles le sont dans le nôtre, mais sur un plan différent, suivant des processus et des lois de fonctionnement différents, et dans une substance qui appartient à la Nature supraphysique.

Les principaux lokas, décrits comme les « sept mondes », sont dans l'ordre ascendant :

• bhu (le monde de anna, la matière)

• bhuvar (le monde du prana, la force de vie)

• svar (le monde du manas, le mental)

• maharloka ( le monde du vijnana, la gnose)

• janaloka (le monde de l'ananda, la félicité)

• tapoloka (le monde de chit-tapas, la conscience-force)

• satyaloka (le monde de sat, l'existence absolue)

Quand les trois plans les plus élevés sont unis en un seul monde, celui de Satchitananda (existence-conscience-félicité), il en résulte un schéma en cinq mondes que l'on énumère dans l'ordre descendant, bhu devient alors le cinquième.

Virya (la force de caractère), Shakti (la puissance), Chandibhavah (la force de Mahakali), Sraddha (la foi), voilà la tétrade de la force

Virya – Le Chaturvarnya (2)

(2) Chaturvarnya : l'ancien système indien des quatre ordres (brahamana, kshatrya, vaishya, shudra). Ils représentent les quatre types psychologiques, dont la combinaison est nécessaire à la personnalité complète ; ces quatre types sont symboliques des « quatre principes cosmiques » :

• la Sagesse qui conçoit l'ordre et le principe des choses,

• le Pouvoir qui sanctionne, les soutient et les fait respecter,

• l'Harmonie qui crée l'arrangement de ses parties,

• le Travail qui mène à bien ce que les autres types dirigent.

Les quatre types psychologiques du chaturvarnya correspondent aux quatre personnalités de l'ishwara, habituellement mentionnées dans le Journal sous les noms de Mahavira, Balarama, Pradyumna, Aniruddha, et à ses quatre shaktis.

Par virya nous entendons la swabhavashakti fondamentale (la force de la nature essentielle), ou l'énergie du caractère divin qui s'exprime dans le quadruple du chaturvarnya :

• Dans le Brahmanyam (la nature intérieure du Brahmane) : brahmashakti (le pouvoir d'âme de connaissance qui se révèle chez le brahmane, un pouvoir de connaissance), brahmatejas (l'énergie qui se manifeste dans le tempérament du brahmane)

• Dans la Kshatram (la nature intérieure du kshatriya) : kshatrashakti (le pouvoir d'âme de la volonté et de la force qui se révèle dans le kshatriya), kshatratejas (l'énergie qui se manifeste dans le tempérament du kshatriya)

• Dans la Vaishyaswabhava (la nature intérieure du vaishya) : shakti et tejas (force et énergie).

• Dans la Shudraswabhava (nature intérieure sushudra) : shakti et tejas.

Nous devons comprendre que pour les anciens Rishis le chaturvarnya n'était pas une simple division sociale (prêtres, rois et guerriers, commerçants, serviteurs), mais un constat, celui de la manifestation de Dieu Lui-même dans des swabhavas (3) fondamentaux, que nos distinctions corporelles et nos ordres sociaux tentent seulement d'organiser dans les symboles de la vie humaine – tentatives souvent confuses et caricaturales, parodies de l'élément divin que ces tentatives tentent d'exprimer.

(3) Swabhavas : (littéralement « le devenir propre ») de chaque jiva (l'Être individuel) selon la loi de l'Être divin en lui, la « nature essentielle et le principe inné de l'être de chaque devenir ».

Chaque homme possède en son être les quatre dharmas (4), mais en chacun un seul prédomine ; il naît dans l'un de ces dharmas qui donnent le ton à son caractère et détermine le type et le moule de ses actions ; les autres éléments de sa nature sont subordonnés à ce type dominant et contribuent à le compléter.

(4) dharma : loi de l'être, la « loi fondamentale de notre nature qui conditionne

Aucun Brahmana n'est un Brahmana complet s'il ne possède pas aussi la kshatratejas, la Vaishyashakti (5) et la Shudrashakti – mais toutes ces shaktis doivent servir en lui la plénitude de sa nature de Brahmana.

Vaishyashakti : le « pouvoir d'âme de la réciprocité » qui se révèle dans le vaishya. Shudrashakti : le pouvoir d'âme du serviteur qui se révèle dans le shudra.

Dieu se manifeste dans les quatre Prajapatis ou Manus (6), le chatwaro manavah (7) de la Gita et chaque homme nait d'une parcelle de l'un d'entre eux ; le premier Prajapati se distingue par la sagesse et la grandeur, le deuxième par l'héroïsme et la force, le troisième par la compétence et la joie, le quatrième par le travail et le service.

(6) Manu : l'être mental ; identique à Manu Prajapati ; chacun des « quatre Types d'Âmes dont tous les Purushas humains sont nés ».

(7) Chatwaro manavah : les quatre Manus

L'homme devenu parfait a développé en lui-même ces quatre qualités et contient à la fois le dieu de sagesse et de vastitude, le dieu de l'héroïsme et de la force, le dieu de l'habileté et de la joie, le dieu du travail et du service. Simplement, l'un d'eux prédomine, dirige et utilise les autres.