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Publié par pascalemmanuel

En introduction, aujourd'hui, il y a 50 ans, Mère quittait son corps et en ce jour de darshan, je reçois ce beau témoignage :

LE DARSHAN DE MÈRE

Pour aller voir Mère, on pénétrait d’abord le samadhi, puis on grimpait une première série d’escaliers pour arriver dans les appartements de Sri Aurobindo. Ces appartements avaient été laissés tels quels après le départ du Maître : même l’horloge au mur marquait l’heure de son mahasamadhi. Longtemps après sa mort, il y régnait une atmosphère compacte, solide presque ; on sentait cette présence himalayenne dont parlait Satprem et qui a été immortalisée par les photos de Cartier Bresson.

Puis on empruntait d’autres escaliers, en bois cette fois et très étroits, pour arriver sur la terrasse juxtaposant la chambre de Mère. Ce qui frappait le plus déjà, c’était le silence qui y régnait ; et dans ce silence, une présence ineffable, une présence qui une fois connue, reconnue plutôt, était comme une forme humaine, avec laquelle on pouvait dialoguer, qu’on pouvait appeler, matérialiser presque, dans son soi intérieur.

Mais la première fois, Bamprelle ne savait pas à quoi s’attendre, son mental n’avait pas fait de formations. Il était donc blanc comme neige, vierge, réceptif. Enfin, on vint le chercher (on attendait toujours longtemps sur cette terrasse, car Mère ne s’arrêtait jamais de travailler : elle voyait des centaines de gens par jour et recevait tous les chefs des différents départements de l’ashram, ainsi que ceux qui s’occupaient d’Auroville).

Lorsqu’il pénétra chez Mère, il vit d’abord le profil d’une vieille dame, qui était assise, immobile, sur une sorte de chaise surélevée, et dont le long cou était étrangement courbé en avant. L’atmosphère était si forte dans cette chambre carrée, ouverte de tous les côtés par des moustiquaires, qu’hypnotisé, il alla s’agenouiller à ses pieds. Elle leva alors vers lui un regard bleu, qui était si lumineux, si inattendu dans son intensité, qui était à la fois si puissant et si simple, que, malgré lui, Bamprelle plongea dans ses yeux (les yeux sont le miroir de l’âme disait toujours Mère). Il fut alors hypnotisé par ce regard merveilleux, qui exprimait non pas la volonté de posséder, mais qui était tout amour, toute douceur, toute compassion.

- Oui, je te reconnais toi, disait ce regard. Nous nous étions perdus de vue ; mais il y a des milliers de vies que nous nous connaissons et que nous travaillons ensemble.

- Va au travail, avait-il l’air de signifier encore ; c‘est pour cela que tu es venu sur cette terre, pour être l’instrument de ce projet-là : Auroville. Allez va en paix, je suis toujours avec toi, même quand tu ne le sais pas...

Elle sourit alors, un merveilleux sourire d’enfant qui éclairait tout son visage et hocha la tête, comme pour dire :

- à bientôt.

Depuis combien de temps Bamprelle était-il perdu dans ce puits de lumière ? Il ne le savait plus. Mais un moment, quelqu’un le prit par le bras pour le raccompagner jusqu’à la porte

Bamprelle ne se rappelle pas comment il réussit à redescendre. Il était totalement abasourdi, « stunned », comme disent si bien les Anglais. Il ne se sentit d’ailleurs pas capable de ressortir immédiatement dans la rue. Il s’assit donc près du samadhi et resta là une heure durant, essayant de digérer la chose merveilleuse qui venait de lui arriver. Il avait eu la chance extraordinaire de rencontrer en chair et en os le gourou, le Dieu vivant de la tradition indienne. Il avait vu celle dont Sri Aurobindo disait :

- Sans Elle, je ne me manifeste pas.

Le message que j'ai reçu était accompagné de cette photo :

Do not allow any outward circumstance to shake the faith in you ; for nothing gives greater strength than this faith to go through and arrive at the goal. Knowledge and tapasya, whatever their force, have a less sustaining power – faith is the strongest staf for the journey.

The protection is there over you and the watchfull love for the Mother. Rely upon it and let your being open more and more it – then it will repel attacks and always uphold you.

Traduction  deepL :

Ne laissez aucune circonstance extérieure ébranler la foi qui est en vous ; car rien ne donne plus de force que cette foi pour aller jusqu'au bout et arriver au but. La connaissance et le tapasya, quelle que soit leur force, ont un pouvoir de soutien moindre – la foi est le soutien le plus solide pour le voyage.

La protection est là sur vous et l'amour vigilant pour la Mère. Comptez sur elle et laissez votre être s'ouvrir de plus en plus – alors elle repoussera les attaques et vous soutiendra toujours.

(Message donné par Sri Aurobindo le 8 octobre 1935)

*

L'APPELER PAR SON NOM

Puisque Sri Aurobindo insiste sur le fait de nous relier à la Mère divine, de nous placer sous son autorité, de nous en remettre à Elle, etc. je me suis dit que nous pouvions utiliser l'un des nombreux noms de la Mère divine : Mahâshakti, Maheshwarî, Mahâkâlî, Mahâlakshmî, Mahâsaraswatî.

Aditi est un autre nom de la Mère divine, la Mère des dieux dans le Véda :

Aditi est la conscience, la force et l'Ânanda indivisibles du Suprême ; la Mère en est la dynamis vivante, l'Amour, la Sagesse et le Pouvoir suprêmes. Tout est créé par la Déesse suprême, la Mahâshakti suprême et originelle, tout provient d'elle, tout vit par elle, tout vit en elle, de même qu'elle vit en tout. Toute sagesse et toute connaissance sont sa sagesse et sa connaissance ; tout pouvoir est son pouvoir, toute volonté et toute force sa volonté et sa force, toute action est son action, tout mouvement son mouvement. Tous les êtres sont des portions du pouvoir de son existence. Conformément à la Vérité des choses... les mondes sont issus de la Conscience divine, Aditi, déesse de l'Être infini, Mère des dieux, la Conscience indivisible, la Lumière qui ne peut être altérée. Sri Aurobindo – Le Secret du Véda

Il y a aussi Dourga, Usha et bien d'autres divinités ; un mantra évoque les 108 noms de la Mère divine.

Ainsi, puisqu'il est question de nous relier à Elle, invoquer son nom avec le cœur m'est apparu être une pratique simple. D'ailleurs, il est assez facile de remarquer que prononcer oralement ces noms produit un effet sur la conscience et l'atmosphère autour de nous. Dans les pratiques de qi gong, quand nous sommes calme et concentré, cela devient particulièrement flagrant. Maintenant, le nom de Mère contient sans doute en lui tous les autres noms, c'est le nom le plus universel, celui qui n'est attaché à aucune tradition particulière. La puissance du nom...

(En aparté, un jour ou l'autre, il faudra bien que nous connaissions notre vrai nom à nous, ce qu'il y a de vraiment vrai en nous, c'est une autre histoire.)

Pour autant, mieux connaître les aspects particuliers de Mère aide aussi à la rencontrer. Les enregistrements ci-dessous concernent la Mahâshakti originelle et les 4 pouvoirs de la Mère divine dans son action sur le monde : Sagesse, Force, Harmonie et Perfection. Et pour ceux qui souhaitent lire en même temps qu'écouter, dans le PDF ci-dessous, c'est à partir de la page 22.

Le dernier enregistrement est consacré à Mahâsaraswatî et aux conseils de Sri Aurobindo pour notre mise en pratique. J'ignore ce que peuvent ressentir les gens à la lecture de ces quelques lignes, j'y trouve à la fois une magnifique beauté et une grande puissance, quelque chose dans l'être est profondément touché.

Si vous désirez cette transformation, mettez-vous sans hésitation ni résistance dans les mains de la Mère et de ses Pouvoirs et laissez-la travailler en vous sans entrave. Trois choses sont nécessaires   : la conscience, la plasticité et la soumission sans réserve.

Vous devez être conscient dans votre mental, votre âme, votre cœur, votre vie et même dans les cellules de votre corps, percevoir activement la Mère, ses Pouvoirs et leur action, car, bien qu’elle puisse travailler et travaille en vous, même dans votre obscurité et dans vos éléments et vos moments d’inconscience, ce n’est pas la même chose que si vous êtes en communion vivante et éveillée avec elle.

Toute votre nature doit être plastique à son toucher, sans questionner comme le fait le mental ignorant et indépendant qui interroge, doute, discute et est l’ennemi de sa propre illumination et de sa propre transformation ; sans insister sur ses propres mouvements comme le fait le vital humain qui oppose avec persistance ses désirs rebelles et sa mauvaise volonté à toute influence divine ; sans dresser des obstacles ni se retrancher derrière l’incapacité, l’inertie et le tamas comme le fait la conscience physique humaine qui s’attache à ses plaisirs dans la petitesse et l’ombre, et se récrie contre tout contact qui dérange sa routine sans âme, sa paresse stupide ou sa somnolence apathique.

La soumission sans réserve de votre être intérieur et extérieur amènera cette plasticité dans toutes les parties de votre nature ; la conscience s’éveillera partout en vous par une ouverture constante à la Sagesse, à la Lumière, la Force, l’Harmonie, la Beauté et la Perfection qui se déversent d’en haut. Même le corps s’éveillera, et sa conscience qui aura cessé d’être subliminale s’unira enfin à la Force supraconsciente supramentale, sentira tous les pouvoirs de la Mère l’imprégner d’en haut et d’en bas et d’alentour, et tressaillira à l’Amour et à l’Ânanda suprêmes.

Mais soyez sur vos gardes et n’essayez point de comprendre ni de juger la Mère Divine selon votre petit mental terrestre qui aime à soumettre, même les choses qui le dépassent, à ses normes et à ses mesures, à ses raisonnements étroits et ses impressions erronées, à son abîme d’ignorance agressive et sa petite connaissance pleine de suffisance. Enfermé dans la prison de son obscurité à demi éclairée, le mental humain ne peut suivre la liberté innombrablement diverse des pas de la divine Shakti. La rapidité et la complexité de sa vision et de son action dépassent la compréhension humaine vacillante ; les mesures de son mouvement ne sont pas les mesures de l’homme.

Dérouté par les rapides changements de ses nombreuses et différentes personnalités, par sa création de rythmes et sa destruction des rythmes, par ses accélérations et ses ralentissements d’allure, par ses diverses façons de traiter le problème de l’un et de l’autre, par son adoption ou son abandon d’une ligne d’action puis d’une autre, ou par leur rassemblement simultané, l’homme ne reconnaît pas les voies de la Puissance suprême lorsqu’elle décrit ses cercles à travers les labyrinthes de l’Ignorance pour s’élancer vers la Lumière d’en haut. Ouvrez-lui plutôt votre âme, et soyez satisfait de la sentir avec la nature psychique, de la voir avec la vision psychique qui, seules, répondent avec droiture à la Vérité. Alors la Mère elle-même, à travers leurs éléments psychiques, illuminera votre mental, votre cœur, votre vie et votre conscience physique, et à eux aussi révélera ses voies et sa nature.

Évitez aussi l’erreur du mental ignorant qui demande au Pouvoir divin d’agir toujours selon nos notions primitives et superficielles d’omniscience et d’omnipotence. Car le mental réclame d’être impressionné à chaque instant par des pouvoirs miraculeux, par le succès facile et des splendeurs éblouissantes, sinon il ne peut pas croire que le Divin est là. La Mère affronte l’Ignorance sur le terrain de l’Ignorance ; elle est descendue ici-bas et n’est pas tout entière là-haut.

Partiellement elle voile, et partiellement dévoile sa connaissance et son pouvoir ; souvent, elle les cache à ses instruments et à ses personnalités et suit, afin de les transformer, la voie du mental qui cherche, la voie du psychique qui aspire, la voie du vital qui lutte, la voie de la nature physique emprisonnée et douloureuse.

Des conditions ont été posées par une suprême Volonté ; de nombreux nœuds emmêlés doivent être défaits et ne peuvent être tranchés brusquement.

L’asura et le râkshasa tiennent solidement cette nature terrestre en évolution et il faut leur faire face et les conquérir selon leurs propres conditions et dans leur propre fief, dans un domaine qu’ils ont conquis depuis longtemps.

L’humain en nous doit être conduit et préparé à transcender ses limites ; il est trop faible et trop obscur pour pouvoir être élevé soudain à un état qui le dépasse trop. La Conscience et la Force divines sont là et font à chaque instant ce qui est nécessaire suivant les conditions du travail ; elles prennent toujours la décision qui est décrétée, et au milieu de l’imperfection, façonnent la perfection qui doit venir. Mais c’est seulement quand le Supramental descend en nous que la Mère peut agir directement en tant que Shakti supramentale sur des natures supramentales.

Si vous suivez votre mental, il ne reconnaîtra pas la Mère, même si elle se manifeste devant vous. Suivez votre âme et non votre mental, votre âme qui répond à la Vérité et non votre mental qui saute sur les apparences ; confiez-vous à la Puissance divine et elle libérera en vous les éléments divins et vous façonnera tout entier en une expression de la Nature divine.

Le changement supramental est décrété et inévitable dans l’évolution de la conscience terrestre ; car cette conscience n’a pas terminé son ascension et le mental n’est pas son sommet final. Mais, pour que le changement puisse se produire, prendre forme et durer, il faut un appel d’en bas et une volonté de reconnaître et non de nier la Lumière quand elle vient, et il faut d’en haut la sanction du Suprême. La puissance qui sert de médiatrice entre la sanction et l’appel, est la présence et le pouvoir de la Mère Divine.

Seule la puissance de la Mère, et non quelque effort ou tapasyâ (1) humaine, peut briser le couvercle, déchirer le voile, façonner le vaisseau et faire descendre en ce monde d’obscurité, de mensonge, de mort et de souffrance, la Vérité, la Lumière, la Vie divine et l’Ânanda des immortels.

(1) Effort ascétique, austérité.

Un dernier témoignage pour conclure, comme une ébauche d'expérience, peut-être une promesse à venir, je ne sais pas encore. L'autre jour, je me suis identifié à notre âme collective.

L'idée m'est venue suite à la publication de ce passage du Cycle humain dans lequel Sri Aurobindo explique qu'une nation est entre autre l'âme collective du pays et que nous avons autant à découvrir et connaître notre âme individuelle que notre âme collective.

Identifier est sans doute un trop grand mot, encore que, l'intention était là, aussi sincère que possible. En tout cas, aussitôt j'ai eu envie de pleurer, j'étais au bord des larmes...

Ce processus d'identification est une clef que sans doute nous ne comprenons pas encore très bien ou que nous ne savons pas très bien utiliser. Mais il est clair que nous pouvons choisir de nous identifier à ce que nous décidons, et alors, nous sommes sensés connaître cette chose parfaitement, c'est la connaissance par identité.

Apprendre à utiliser ce processus d'identification est à mon avis un aspect important.

Alors, relié par une partie de la conscience à notre âme collective, je me suis spontanément tourné vers Maheshwarî parce que je me souvenais que c'était Elle qui présidait à la destinée des forces mondiales, et pendant quelques minutes je suis resté concentré sur l'offrande de notre âme collective à Maheshwarî. Et puis au bout de quelques minutes, la concentration a semblé se dissoudre et s'est terminé dans un grand silence.

C'est curieux, parfois il y a des concentrations très longues, un peu laborieuses, et là, cela n'a duré que quelques minutes et pourtant il y a eu tout de suite une sorte de qualité. J'ai trouvé l'expérience intéressante parce que cela ne m'est pas apparu compliqué, tout fut très simple.

Avec le cœur, nous pouvons nous relier à quelque chose et offrir ce quelque chose, le tourner vers, par notre conscience avoir le sentiment de servir d'intermédiaire, de mettre en relation...

Quant à l'effet de nos prières, je crois qu'il est prudent de ne pas s'en occuper...

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