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Publié par pascalemmanuel

Chaque matin, il faut traverser une couche terne, lourde, un peu somnolente et maussade, qui n’a aucune envie de faire un effort, avant de rallumer cette Matière. Chaque fois, la lumière est comme engloutie sous cette couche – qu’est-ce qu’il faudra pour changer ça ? Toutes les expériences de la veille... oui, elles sont de la veille. C’est la nature même de la substance qu’il faudrait changer – c’est peut-être cela, le « premier pas décisif ». Car toutes ces expériences semblent « décisives » quand elles arrivent, et pourtant on sent que ce n’est pas encore le vrai décisif. C’est une couche collante, un peu comme des sables mouvants, qui se referme sur tout ce qui la touche. Le vrai décisif, c’est dans le corps. Rien n’est acquis tant que ce n’est pas le corps qui a acquis.(Satprem – Carnets du 19 septembre 1982)

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Je retrouve le sens de « transparence ». Il y a comme cela des expériences-clef que l’on perd et que l’on retrouve, puis que l’on perd encore. Depuis vingt jours, j’étais à me battre dans le tunnel de la conscience matérielle, comme en train de forer à coup de Mantra, et ce « labeur » même, je me rends compte, faisait une épaisseur. Il faut « laisser passer, laisser passer les rayons divins ». Je recommence à sentir ce que cela signifie. Mais comme dit Mère : « On croit avoir trouvé une clef — la minute d’après elle ne marche plus. » Peut-être faut-il user plus d’une clef, ou à chaque instant une nouvelle clef — le chemin n’est jamais sûr, à peine le sent-on un peu sous ses pieds, qu’il s’évapore ailleurs… (Satprem – Carnet du 12 octobre 1982)

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Besoin de partager un peu où j'en suis...

Cela fait des années que j'observe en moi ces "micro-expériences" de quelques secondes, quelques minutes et que j'attends-espère quelque chose d'enfin un peu... décisif. La seule chose dont j'ai témoigné est ce sentiment que l'obscurité en moi était un peu moins obscure, que la conscience avait tendance à se clarifier avec par moment, des impressions d'une transparence.

Même les quelques expériences assez impressionnantes d'une d'immobilité massive d'une densité incroyable finissent par passer, et à chaque fois, la conscience ordinaire revient, avec toute sa grisaille.

Pourtant, depuis le sentiment d'appartenir à Mère (j'en ai parlé dans l'article du 26 février) , le processus intérieur est plus absorbant, plus constant, plus stable... Pendant quelques jours, c'était assez fort, et ce sentiment était accompagné par des images de Mère descendant un escalier intérieur, s'installant dans la poitrine. 

Et puis cela s'est estompé et après une courte période très neutre, sans rien de notables, il est venu pendant quelques jours un sentiment d'intense dévotion envers Sri Aurobindo. Rien que son nom me semblait sacré et enflammait le cœur. Mais ça aussi, c'est passé...

Cela ressemble à quelque chose ressenti il y a plusieurs mois. À cette époque et pendant plusieurs jours, l'idée de me soumettre à la volonté divine était ressentie comme la chose la plus extraordinaire et la plus délicieuse qui soit. Rien que d'y penser, d'essayer de m'aligner sur cette Volonté, et quelque chose en moi tressaillait de joie. Mais c'est passé...

Le sentiment de l'existence-présence d'une Lumière sans obscurité au-dessus de la tête m'a aussi donné l'impression de quelque chose de nouveau que j'ai partagé dans un article du 20 avril. Incroyable ! C'était il y a une semaine et cela me paraît déjà loin. Et puis, il y a trois jours, j'ai partagé une autre expérience qui m'a donné pendant quelques minutes le sentiment de faire partie de l'Existence infinie.

Et depuis une semaine ou deux, presque à chaque intériorisation, de temps en temps des sortes de décharges électriques dans tel ou tel circuit énergétique ; généralement c'est sur une petit distance, quelques dizaine de centimètres, ou beaucoup plus petit lorsque c'est dans le cerveau. Parfois la décharge électrique se répand à la surface de la peau. Ce n'est pas si facile à supporter et pourtant, c'est très agréable, il fallait que je vous tienne au courant 😀 😀 😀.

Je me souviens aussi d'une image symbolique très parlante, avec des tentures, des voilages qui ressemblait un peu à cette image. Il y en avait beaucoup moins, peut-être 7 (?), des immenses tentures superposées comme sur un présentoir, avec un petit espace vide entre chaque.

Dans le processus d'intériorisation progressive, nous traversons différentes couches et sur cette surface qui ressemble à un voile, des images peuvent apparaître, des actions... Et si nous traversons, par derrière, par-delà, nous entrons dans une autre profondeur. Ce n'est qu'une ébauche. Le Divin n'a pas encore retiré les voiles et m'a juste montré quelque chose qui mérite d'être... approfondi.

Cela me donne envie de relire deux chapitres de La vie divine :

- Livre un - Chapitre 27 : La septuple trame de l'être

- Livre deux - Chapitre 19 : De la septuple Ignorance à la Septuple connaissance

Lien vers le PDF

D'autres micro expériences que j'oublie sans doute et puis il a ces deux passages de La vie divine qui m'ont tant secoué :

Mais c’est seulement quand nous cessons de raisonner et pénétrons profondément en nous-mêmes, en cet espace secret où cesse toute activité mentale, que cette autre conscience devient pour nous réellement manifeste — si imparfaitement que ce soit, du fait de notre longue habitude de réagir mentalement et de vivre dans nos limitations mentales. Alors, dans une croissante illumination, nous pouvons connaître avec assurance ce que nous avions conçu de manière incertaine à la pâle et vacillante lumière de la Raison. La Connaissance attend, souveraine, par-delà le mental et le raisonnement intellectuel, dans l’immensité lumineuse d’une vision de soi illimitable. (page 143)

[… ] Mais même à son sommet, l’homme porte en lui l’empreinte de son origine animale, le poids mort de la subconscience du corps ; il subit l’attraction vers le bas, vers l’Inertie et la Nescience originelles ; il est soumis à la domination que la Nature matérielle inconsciente exerce sur son évolution consciente, au pouvoir de limitation de cette Nature et à la loi de son développement difficile, à son immense force de ralentissement et d’obstruction. L’emprise de cette inconscience originelle sur la conscience qui en émerge se traduit sous la forme générale d’une mentalité qui lutte vers la connaissance, mais qui est elle-même, dans ce qui paraît être sa nature fondamentale, une Ignorance. Ainsi entravé et alourdi, l’homme mental doit encore développer en lui- même l’être pleinement conscient, une humanité divine, ou une surhumanité spirituelle et supramentale, qui sera le prochain fruit de l’évolution. Cette transition marquera le passage d’une évolution dans l’Ignorance à une évolution supérieure dans la Connaissance, fondée sur la lumière du Supraconscient, et progressant en elle et non plus dans les ténèbres de l’Ignorance et de l’Inconscience. (875)

Alors, c'est ainsi pour chacun, les paroles de Sri Aurobindo-Mère tournent en nous, elles nous habitent, nous travaillent, nous façonnent, et parfois, un déclic s'opère et l'on comprend, cela devient absolument limpide.

En ce qui me concerne, aucune expérience spectaculaire, seulement une progression par petites touches avec, enfin, le sentiment intime et profond que quelque chose s'est passé et qui ressemble à ne plus tourner-planter ses racines dans la Terre mais dans le Ciel. Alors, une sorte de compréhension très touchante est venue, de l'intérieur, du pourquoi d'un titre comme Évolution II et de toutes ces allusions à la création nouvelle, au nouveau pouvoir, à l'espèce nouvelle.

Petit rappel :

Satprem – Carnet du 20 décembre 1982 :

Chaque fois, on dirait que c’est le même labeur. La conscience matérielle est comme un filet ou une pelote gluante et collante — on pousse à droite et à gauche, tire et étire, et ça revient se coller dans la même position. On essaye un mouvement, un autre mouvement, une expansion, on appelle et appelle, et puis on reste dans la pelote avec un corps sans nobles pensées, sans nobles sentiments, sans même des sensations agréables : une espèce d’animal neutre et laborieux qui se débat. Ça pourrait durer des siècles. S’il n’y avait pas Mère et Sri Aurobindo, il n’y aurait plus qu’à partir à la pêche. Et on sent que la pelote ne s’use pas, ce n’est pas quelque chose qui s’use à la longue : il y a quelque chose qui doit lâcher et tout lâchera d’un coup. Mais quoi, comment, quand ?... On ne sait pas ce qu’il faut faire ! Et alors, ce corps semble si ridicule, assis là, jour après jour et des heures — qu’est-ce qu’il se figure ? Et puis la foi au fond persiste et pousse. Même si le Divin n’était pas là, il faudrait l’inventer ! Un jour, il a bien fallu « inventer » l’oxygène libre.

*

La lumière dans les cellules, c’est la seule solution.

La conscience dans les cellules, c’est la seule solution.

Le Soleil dans les cellules, c’est la seule solution.

Il n’y en a pas d’autre.

*

Satprem – Carnet du 14 janvier 1983

Je me sens talonné par la mort. Une prière si intense a jailli de mon être : ô Seigneur, ne serait-il pas temps qu'un être nouveau émerge, qu'une évolution nouvelle commence au milieu de cette désespérante obscurité ? Et ce n'était pas pour moi que je priais, c'était comme tous ces hommes que j'ai été, qui venaient prier avec leur fardeau de misères et d'horreurs et de supplications au bout de tous ces chemins et ces chemins dans la nuit de la Terre. N'y aura-t-il pas une trouée, un espoir, une issue — un être qui franchisse le pas, un espoir pour la Terre ? Une Présence divine si forte est venue, comme si c'était le Divin prisonnier dans la Matière qui priait le Divin éternel. Satprem n'existait plus. L'impression d'une minute qui compte dans l'histoire de la Terre.

*

Satprem – Carnet du 28 février 1983

Chaque fois, on croit que le vrai changement est arrivé et chaque fois on a l'impression que tout le travail est à faire. Un labeur pour offrir cette matière à cet énigmatique soleil — et puis surtout il y a une couche profondément sceptique dans la conscience physique, quelque chose qui est toujours prêt à douter et qui regarde ce petit bonhomme futile, assis là en méditation comme s'il allait changer le monde... C'est peut-être la foi du corps, loin en dessous, qui fait qu'on persiste. Mais c'est laborieux. Je ne devrais plus rien dire jusqu'à ce que ce soit vraiment fait.

*

Satprem – Carnet du 27 février 1983

Je n'ai jamais l'impression d'une expérience personnelle, mais toujours — toujours — comme si c'était un morceau de matière qui s'offrait pour que toute la matière terrestre soit changée.

Helianthus – Hélianthe – Conscience tournée vers la Lumière Supramentale

Assis ou couché en intériorisation, concentration, observation, contemplation... c'est surtout les difficultés que je rencontre. C'est curieux, c'est dans un état de relaxation générale que nous prenons le mieux conscience des zones qui s'agitent, qui se crispent, qui résistent...

Combien de fois ai-je été traversé par la perception de cet effort tellement laborieux pour amener un peu de paix, un peu de clarté, de lumière, dans ces misères humaines qui nous habitent ? Je partageais récemment le sentiment d'un travail sans fin et j'ai failli rien connaître de ces choses, il ressurgit dans la conscience de vagues souvenirs sur le tonneau des Danaïdes, les écuries d'Augias, le rocher de Sisyphe. En tout cas, dans ces passages de Satprem, je reconnais quelque chose de ce que j'essaye.

Et puis, et puis... enfin, quelque chose ressemble à un déclic, ce quelque chose d'un peu décisif que j'attendais. Cela ressemble à une première jonction, qu'il reste à confirmer, développer, concrétiser... Cela ressemble à un retournement des racines de la Terre vers le Ciel et donne le sentiment de comprendre un petit quelque chose de ce moment de passage d’une évolution dans l’Ignorance à une évolution supérieure dans la Connaissance, fondée sur la lumière du Supraconscient, et progressant en elle et non plus dans les ténèbres de l’Ignorance et de l’Inconscience.

Alors tout à coup, on comprend que si le Pouvoir d'en haut intervient, cette Lumière sans obscurité, alors l'interminable labeur pourra certainement se faire d'une manière moins douloureuse. Pourtant, tout cela, je l'avais lu et relu, encore et encore, cela ne devrait pas m'étonner. Cette fois-ci, on dirait que c'est descendu de la pensée à un sentiment qui repose sur une expérimentation bien plus profonde et bien plus convaincante. 

Au-dessus de nos têtes, sur un autre plan, il y a une Lumière... ça cela semble acquis. Reste à peaufiner cette première étape, à trouver comment construire une relation stable, régulière et constante avec cette Lumière afin de comprendre comment la laisser descendre travailler en nous, éclairer, éveiller, purifier, harmoniser, transformer...

Si l'on osait, sans vergogne 😋 s'étaler dans la Lumière...

Établir la Lumière à tous les étages

Passer du désir d'en bas à la Volonté d'en haut

Entre la Conscience et la Substance, une respiration à trouver...

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