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Publié par pascalemmanuel

Les Aphorismes 382 à 387 de Sri Aurobindo évoquent la maladie et la santé d'une façon parfois très percutante, un régal... 

Si nous nous mettons en contact intime avec la force contenue dans ces aphorismes, certainement nous ferons des expériences, c'est une question d'ouverture et de réceptivité...

Aphorismes 382 - 407

382 — Pendant près de quarante ans, j'ai souffert constamment de maux petits ou grands, étant tout à fait convaincu que j'étais faible de constitution et que la guérison de ces maux était un fardeau qui m'avait été imposé par la Nature. Quand j'eus renoncé à l'appui des médecines, les maladies ont commencé à me quitter comme des parasites déçus. Alors j'ai compris quelle force puissante était la santé naturelle en moi et combien plus puissantes encore étaient la Volonté et la Foi qui dépassent le mental et que Dieu nous a données pour soutien divin de notre vie dans le corps.

383 — Les machines sont nécessaires à l'humanité moderne en raison de son incurable barbarie. Si nous devons nous enfermer dans une stupéfiante multitude de conforts et d'apparats, nous devons aussi, nécessairement, nous passer de l'art et de ses méthodes. Car, se priver de simplicité et de liberté, c'est se priver de beauté. Le luxe de nos ancêtres était riche, voire fastueux, mais jamais encombré.

384 — Je ne peux pas donner le nom de civilisation au confort barbare et à l'ostentation encombrée de la vie européenne. Les hommes qui ne sont pas libres en leur âme et noblement rythmiques en leur installation ne sont pas civilisés.

385 — Dans les temps modernes et sous l'influence européenne, l'art est devenu une excroissance de la vie ou un valet inutile; il aurait dû être son intendant principal et son organisateur indispensable.

386 — Les maladies se prolongent inutilement et se terminent par la mort plus souvent qu'il n'est inévitable, parce que le mental du malade soutient la maladie de son corps et s'y appesantit.

387 — La science médicale a été une malédiction plus qu'une bénédiction pour l'humanité. Certes, elle a brisé la violence des épidémies et découvert une chirurgie merveilleuse, mais elle a aussi affaibli la santé naturelle de l'homme et multiplié les maladies individuelles ; elle a implanté dans le mental et dans le corps la peur et la dépendance ; elle a appris à notre santé à ne pas s'appuyer sur la solidité naturelle mais sur la béquille branlante et répugnante des comprimés du règne minéral et végétal.

388 — Le médecin décoche une drogue sur la maladie : parfois il frappe juste, parfois il manque le but. Les coups manqués sont laissés hors de compte ; les coups au but sont précieusement thésaurisés, comptés, mis en système et font une science.

389 — Nous rions du sauvage parce qu'il a foi en le sorcier-guérisseur, mais l'homme civilisé est-il moins superstitieux avec sa foi en les docteurs ? Le sauvage constate qu'en répétant une certaine incantation, souvent il guérit d'une certaine maladie : il a confiance. Le malade civilisé constate qu'en s'administrant certains remèdes selon certaine ordonnance, souvent il guérit d'une certaine maladie : il a confiance. Où est la différence ?

390 — Le berger de l'Inde septentrionale, attaqué par la fièvre, s'assoit dans le courant glacé du fleuve pendant une heure, ou plus, et se relève sain et sauf. Si l'homme instruit en faisait autant, il périrait, non pas parce qu'un remède de même nature tue l'un et guérit l'autre, mais parce que nos corps ont été irrémédiablement endoctrinés par le mental et ont pris de fausses habitudes.

391 — Ce ne sont pas tant les remèdes qui guérissent que la foi du malade en le médecin et en les médicaments. L'un et l'autre sont de maladroits succédanés de la foi naturelle en notre propre pouvoir spontané, que ceux-ci ont détruit.

392 — Les époques les plus saines de l'humanité furent celles où il y avait le moins de remèdes matériels.

393 — La race la plus robuste et la plus saine existant encore sur la terre était celle des sauvages d'Afrique ; mais combien de temps pourront-ils rester sains et robustes une fois que leur conscience physique aura été contaminée par les aberrations mentales des races civilisées ?

394 — Nous devrions nous servir de la santé divine qui est en nous pour guérir et empêcher les maladies ; mais Galien, Hippocrate et toute la sainte tribu nous ont fourni à la place un arsenal de drogues et des tours de passe-passe barbares en latin pour évangile physique.

395 — La science médicale est bien intentionnée et ceux qui la pratiquent sont souvent bienfaisants et assez fréquemment pleins d'abnégation ; mais la bonne intention de l'ignorant a-t-elle jamais empêché de faire du mal ?

396 — Si réellement tous les remèdes étaient efficaces en soi et toutes les théories médicales solides, en quoi cela nous consolerait-il d'avoir perdu notre santé et notre vitalité naturelles ? L'arbre oupas (1) est sain en toutes ses parties, mais c'est tout de même un arbre oupas.

(1) Arbre originaire d'Indonésie, dont la sève servait à faire des flèches empoisonnées.

397 — L'esprit en nous est le seul médecin totalement efficace, et la soumission du corps à l'esprit, la seule panacée véritable.

398 — Dieu en nous est Volonté infinie qui s'accomplit spontanément. Insensible à la peur de la mort, ne peux-tu point Lui laisser le soin de tes maux, non pas à titre d'essai mais avec une foi calme et entière ? Tu t'apercevras finalement qu'Il surpasse l'habileté d'un million de docteurs.

399 — La santé protégée par vingt mille précautions, tel est l'évangile du médecin ; mais ce n'est pas l'évangile de Dieu pour le corps, ni celui de la Nature.

400 — Il fut un temps où l'homme était naturellement en bonne santé, et il pourrait revenir à cette condition première si on le lui permettait ; mais la science médicale poursuit notre corps avec une innombrable troupe de drogues et assaille notre imagination par des hordes de microbes voraces.

401 — Je préférerais mourir et en avoir fini plutôt que de passer ma vie à me défendre contre le siège de microbes fantômes. Si c'est là être barbare et inéclairé, j'embrasse joyeusement mes ténèbres cimmériennes.

402 — Les chirurgiens sauvent et guérissent en tranchant et en mutilant. Pourquoi ne pas plutôt chercher à découvrir les remèdes directs et tout-puissants de la Nature ?

403 — Il faudra longtemps avant que l'auto-guérison remplace la médecine en raison de la peur, du manque de confiance en soi et de notre croyance physique dénaturée en les médicaments, que la science médicale a enseignés à notre mental et à notre corps et dont elle a fait notre seconde nature.

404 — La médecine n'est nécessaire à nos corps malades que parce que nos corps ont appris l'art de ne pas se rétablir sans médecines. Même ainsi, on constate souvent que le moment choisi par la Nature pour guérir est celui-là même où les docteurs avaient perdu tout espoir de conserver la vie.

405 — La perte de confiance en la puissance curative qui est en nous fut notre chute physique du paradis. La science médicale et une mauvaise hérédité sont les deux anges de Dieu qui se tiennent à la porte pour nous interdire d'y rentrer.

406 — La science médicale vis-à-vis du corps humain est telle une grande puissance qui, par sa protection, affaiblit un État plus petit, ou tel un voleur bienfaisant qui jette par terre sa victime et la crible de blessures afin qu'elle puisse consacrer sa vie à guérir et à soigner son corps délabré.

407 — Les médicaments guérissent le corps — à moins qu'ils ne le détraquent tout simplement ou l'empoisonnent — seulement si leur attaque physique contre la maladie est soutenue par la force de l'esprit ; si l'on peut faire agir cette force librement, les médicaments deviennent aussitôt superflus.

Pour lire les commentaires de Mère sur ces aphorismes, voir le lien ci-dessous.

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