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Publié par pascalemmanuel

1er janvier 1957

Seule une puissance plus grande que celle du mal peut remporter la victoire. Ce n'est pas un corps crucifié mais un corps glorifié qui sauvera le monde.

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29 mars 1957

La descente du supramental peut hâter les choses, mais elle ne va pas agir comme une panacée universelle ni tout changer en un clin d'oeil. Mère

La venue du supramental sur la terre ne changera rien dans un homme s'il s'accroche à son ego. Sri Aurobindo

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11 avril 1957

Dans l'univers il n'est pas — il ne peut y avoir deux destins semblables; c'est inévitablement le destin de chaque être qui s'accomplit pour lui, et, plus on est proche du Divin, plus ce destin revêt des qualités divines.

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Sans date 1957

On n'a pas un destin, mais plusieurs destins. Chacun a le droit de rejoindre son Origine suprême, quelle que soit sa place dans l'ordre du monde — cela, c'est le don que le Divin a fait à la matière, et c'est votre vrai destin. Et c'est un don spécial fait à la terre, il n'existe pas dans les autres mondes. En même temps, chacun a un rôle particulier dans la manifestation, qui lui est fixé par le Suprême, mais ce même rôle peut se situer à des niveaux différents selon le degré d'évolution de « cela » qui est en vous. Si cela en vous est encore très jeune, votre réalisation pourra être absolue et vous pourrez effectivement rejoindre le Suprême, mais le champ de la réalisation dans le monde sera limité, tout petit. Sur le plan vertical, vous pourrez toucher directement au Suprême, malgré votre petitesse, mais sur un plan horizontal, l'étendue de votre réalisation sera infinitésimale.

...

Il y a des êtres que l'on accuse de mégalomanie parce qu'ils ont de vastes projets, de grands desseins qui ne cadrent pas toujours avec les possibilités présentes du monde. Le plus souvent, c'est un simple manque de jugement de leur part, un manque de connaissance. Ils sont bien entrés en communication avec une vérité supérieure, quelque chose qui correspond peut-être à une phase future de leur destin (et c'est pourquoi ils sont tellement convaincus), mais par manque de jugement, ils ne voient pas que le moment de cette vérité n'est pas encore venu, que les circonstances ne sont pas prêtes, ou que les conditions dans lesquelles ils sont nés les empêchent d'exécuter ce qu'ils sentent être vrai. Il y a un décalage entre la vision de la vérité et ses possibilités actuelles de réalisation. Mais il ne faut pas tuer ces grands rêves, car c'est tuer quelque chose de votre propre avenir. Il faut surtout refuser, rejeter énergiquement cette moralité hideuse du «Grosjean comme devant», ce bon sens plat et vulgaire à la Sancho Pança. Il faut simplement savoir attendre et nourrir longtemps ses rêves.

Pour conclure, voici ce que l'on peut dire : dans l'univers, il n'est pas, il ne peut y avoir deux destins semblables.

C'est inévitablement le destin de chaque être qui s'accomplit pour lui, et plus on est proche du Divin, plus ce destin revêt des qualités divines.

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24 avril 1957

Dans l'éternité du devenir chaque Réalisateur n'est jamais que l'annonciateur, le précurseur d'une réalisation future plus parfaite.

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3 juillet 1957

Sri Aurobindo nous a dit qu'une communauté vraie — ce qu'il appelle une communauté gnostique ou supramentale — ne peut exister que sur la réalisation intérieure de chacun de ses membres, chacun réalisant son unité et son identité réelles, concrètes, avec tous les autres membres de la communauté, c'est-à-dire que chacun ne doit pas se sentir comme un membre uni d'une façon quelconque à tous les autres, mais comme tous en un, en lui- même. Pour chacun, les autres doivent être lui-même autant que son propre corps, et non pas d'une façon mentale et artificielle, mais par un fait de conscience, par une réalisation intérieure.

(Silence)

Cela veut dire qu'avant d'espérer réaliser cette collectivité gnostique, il faudrait que chacun devienne, d'abord (ou tout au moins commence à devenir) un être gnostique. C'est évident, le travail individuel doit marcher en avant et le travail collectif suivre; mais il se trouve que, spontanément, sans aucune intervention arbitraire de la volonté, la marche individuelle est pour ainsi dire contrôlée ou enrayée par l'état collectif. Il y a, entre la collectivité et l'individu, une interdépendance dont on ne peut pas se libérer totalement, même si l'on essaye. Et même celui qui, dans son yoga, essaierait de se libérer totalement de l'état de conscience terrestre et humain, serait, dans son subconscient tout au moins, lié à l'état de l'ensemble, qui freine, qui tire en arrière. On peut essayer d'aller beaucoup plus vite, on peut essayer de laisser tomber tout le poids des attaches et des responsabilités, mais malgré tout, la réalisation, même de celui qui est tout en haut et le tout premier dans la marche de l'évolution, est dépendante de la réalisation du tout, dépendante de l'état dans lequel se trouve la collectivité terrestre. Et cela, ça tire en arrière, au point qu'il faut parfois attendre des siècles pour que la Terre soit prête, afin de pouvoir réaliser ce qui est à réaliser.

Et c'est pourquoi Sri Aurobindo a dit aussi quelque part ailleurs, qu'un double mouvement était nécessaire, et qu'à l'effort de progrès et de réalisation individuels, doit s'unir un effort pour essayer de soulever l'ensemble et lui faire faire un progrès indispensable pour permettre le progrès plus grand de l'individu: un progrès de la masse, pourrait-on dire, qui permettrait à l'individu de faire un pas de plus en avant.

Ainsi, le meilleur emploi que l'on puisse faire de ces méditations (qui vont en se multipliant puisque maintenant nous allons remplacer aussi les «distributions» par de courtes méditations), c'est d'aller trouver au fond de soi, aussi loin que l'on peut aller, l'endroit où l'on peut sentir, percevoir, et peut-être même créer, une atmosphère d'unité dans laquelle une force d'ordre et d'organisation pourra mettre chaque élément à sa place et faire surgir un monde nouveau, coordonné, hors du chaos qui existe en ce moment.

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15 août 1957

En effet la Lumière croît sans cesse.Quant à l'ombre, ce n'est qu'une ombre, qui disparaîtra dans la lumière grandissante.

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27 septembre 1957

(Question d'enfant à propos d'une vision où. Mère lui était apparue dans un corps lumineux :)

Pourquoi es-tu venue comme nous sommes ? Pourquoi n'es-tu pas venue comme tu es vraiment ?

Parce que si je n'étais pas venue comme vous êtes, je n'aurais jamais pu être proche de toi et je n'aurais pas pu te dire: « Deviens ce que je suis. »

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8 octobre 1957

Il y a une joie à laquelle tu sembles encore complètement fermé, c'est la joie de servir. A dire vrai, la seule chose au monde à laquelle tu t'intéresses, directement ou indirectement, c'est toi-même. Voilà pourquoi tu te sens emprisonné dans des limites si étroites, si suffocantes.

Peltophorum pterocarpum – Service

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17 octobre 1957

(A propos de liberté)

II y a toutes sortes de libertés : une liberté mentale, une liberté vitale, une liberté spirituelle, qui sont le fruit de maîtrises successives. Mais il y a une liberté toute nouvelle qui est devenue possible avec la Manifestation Supramentale: c'est la liberté du corps.

L'un des tout premiers résultats de la manifestation supramentale a été de donner au corps une liberté et une autonomie qu'il n'avait jamais connues. Et quand je parle de liberté, il ne s'agit pas d'une perception psychologique ni d'un état de conscience intérieur: c'est autre chose, et c'est beaucoup mieux — c'est un phénomène nouveau dans le corps, dans les cellules du corps. Les cellules elles-mêmes ont senti pour la première fois qu'elles étaient libres, qu'elles avaient un pouvoir de décision. Quand les vibrations nouvelles sont venues se mélanger aux anciennes, c'est cela que j'ai senti tout de suite et qui m'a montré vraiment qu'un monde nouveau naissait.

Tel qu'il est normalement, le corps vit toujours avec cette impression qu'il n'est pas le maître chez lui: les maladies entrent en lui sans qu'il puisse vraiment s'y opposer, et mille facteurs sont là qui s'imposent à lui, font pression sur lui. Le seul pouvoir qu'il ait, c'est le pouvoir de se défendre et de réagir. Quand la maladie est entrée, il peut lutter et vaincre la maladie (la médecine moderne a du reste reconnu que le corps guérissait quand il avait décidé de guérir; ce ne sont pas les médicaments qui guérissent, car si le mal est momentanément vaincu par un remède sans la volonté du corps, il repousse ailleurs sous une autre forme, jusqu'à ce que le corps lui-même ait pris la décision de guérir). Mais c'est là un pouvoir de défense, un pouvoir de réaction contre un ennemi qui est déjà entré, ce n'est pas une vraie liberté.

Eh bien, avec la manifestation supramentale, quelque chose de nouveau s'est produit dans le corps, il a senti qu'il était maître chez lui, autonome, les deux pieds vraiment sur la terre, si je puis dire. L'impression que cela donne, physiquement, c'est l'impression que tout l'être se redresse, qu'il lève la tête — on est le maître.

Depuis toujours, nous vivons comme avec un fardeau sur les épaules, quelque chose qui nous courbe la tête, et on se sent tiré, conduit par toutes sortes de forces extérieures, par on ne sait qui ou quoi, vers on ne sait où — et c'est ce que les hommes appellent la Fatalité, la Destinée. Quand on fait le yoga, l'une des premières expériences — l'expérience de la Kundalini comme on l'appelle ici en Inde —, c'est justement que la conscience s'élève, qu'elle brise cette carapace dure, là, au sommet du crâne, et on émerge enfin dans la Lumière. Alors on voit, on sait, on prend une décision et on réalise — il y a encore des difficultés mais réellement on est au-dessus. Eh bien, avec la manifestation supramentale, c'est cette expérience-là qui est venue dans le corps. Le corps a redressé la tête et il a senti sa liberté, son indépendance.

Pendant l'épidémie de grippe, par exemple, j'ai vécu quotidiennement au milieu de gens porteurs de germes. Mais j'ai senti clairement, un jour, que le corps prenait la décision qu'il n'attraperait pas cette grippe. Il affirmait son autonomie. N'est-ce pas, ce n'était pas une question de Volonté supérieure qui prenait la décision, ce n'était pas dans la conscience la plus haute que cela se passait, non: c'était le corps lui-même qui décidait. Quand on est tout là-haut, dans sa conscience, on voit les choses, on sait, mais en fait, quand on redescend dans la matière, c'est comme de l'eau qui entre dans le sable. Eh bien, les choses sont changées, c'est le corps directement qui a pouvoir, sans intervention extérieure. Je considère que c'est là un résultat très important, même s'il est peu voyant.

Et cette vibration nouvelle dans le corps m'a permis de comprendre le mécanisme de la transformation. Ce n'est pas quelque chose qui vient avec une Volonté supérieure, pas une conscience supérieure qui s'impose au corps: c'est le corps lui-même qui s'éveille dans ses cellules, c'est une liberté des cellules elles-mêmes, une vibration toute nouvelle, et les désordres se réparent — des désordres même antérieurs à la manifestation supramentale.

Naturellement, tout cela est progressif, mais j'ai bon espoir que, peu à peu, cette conscience nouvelle va grandir, gagner du terrain et s'opposer victorieusement aux vieilles forces de destruction et d'anéantissement, à cette Fatalité que l'on croyait inexorable.

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12 novembre 1957

Le yoga intégral est constitué d'une série ininterrompue d'examens que l'on doit passer sans en être au préalable prévenu, ce qui vous met dans l'obligation d'être toujours vigilant et attentif.

Trois groupes d'examinateurs font passer ces épreuves. En apparence, ils n'ont rien à voir les uns avec les autres et leurs procédés sont si différents, parfois même ils semblent si contradictoires, qu'ils ne paraissent pas pouvoir tendre au même but, et pourtant ils se complètent l'un l'autre, ils collaborent au même but et sont indispensables à l'intégralité du résultat.

Ces trois catégories d'examens sont  : ceux que font passer les forces de la Nature; ceux que font passer les forces spirituelles et divines; et ceux que font passer les forces hostiles. Ces derniers sont les plus trompeurs dans leur apparence et, pour ne pas être pris par surprise et non préparé, cela exige un constant état de vigilance, de sincérité et d'humilité.

Les circonstances les plus banales, les événements de la vie de chaque jour, les personnes, les choses en apparence les plus insignifiantes, appartiennent tous à l'une ou l'autre de ces trois catégories d'examinateurs. Dans cette grande et complexe organisation d'épreuves, ce sont les événements généralement considérés comme les plus importants de la vie qui constituent les examens les plus faciles à passer car ils vous trouvent sur vos gardes et préparés. On trébuche plus facilement sur les petits cailloux du chemin parce qu'ils n'attirent pas l'attention.

Endurance et plasticité, bonne humeur (cheerfulness) et intrépidité sont les qualités plus spécialement requises pour les examens de la Nature physique.

Aspiration, confiance, idéalisme, enthousiasme et générosité dans le don de soi, pour les examens spirituels.

Vigilance, sincérité et humilité pour les examens provenant des forces adverses.

Et ne croyez pas qu'il y ait d'un côté ceux qui passent les examens et de l'autre ceux qui les font passer. On est, tout en même temps, suivant les circonstances et les moments, examinateur et examiné, et il peut même arriver que l'on soit simultanément, tout à la fois, examiné et examinateur. Et le profit qu'on en tire dépend, dans sa qualité et sa quantité, de l'intensité de son aspiration et de l'éveil de sa conscience.

Et pour finir, une dernière recommandation: ne posez jamais à l'examinateur. Car, tandis qu'il est bon de se souvenir constamment qu'on est peut-être bien en train de passer un examen très important, il est au contraire extrêmement dangereux de se croire chargé de faire passer des examens aux autres, car c'est la porte ouverte aux plus ridicules et néfastes vanités. C'est la Sagesse Suprême qui décide de ces choses et non la volonté humaine ignorante.

Chaque fois qu'il y a un progrès à faire, il y a un examen à passer.

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13 novembre 1957

Elargis-toi jusqu'à l'extrême limite de l'univers... et par-delà. Prends sur toi, toujours, toutes les nécessités de progrès, et résous-les dans l'extase de l'Unité. Alors tu seras divin.

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Sans date 1957

Je suis avec vous parce que je suis vous ou vous êtes moi.

En vérité, je me sens responsable de tout le monde, même des gens que je n’ai rencontrés qu’une seconde dans ma vie.

Maintenant, rappelle-toi une chose, c’est que Sri Aurobindo et moi, nous sommes toujours une seule et même conscience, une seule et même personne.

... 

Au fond, le Divin donne exactement à chaque individu ce qu'il attend de lui. Si vous croyez que le Divin est lointain et cruel, il sera loin et cruel, parce que, pour votre bien suprême, il sera nécessaire que vous sentiez la colère de Dieu. Il sera Kâlî (1) pour les adorateurs de Kâli, et la béatitude du bhakta (2). Et il sera la Toute-Connaissance de ceux qui cherchent la Connaissance, l'Impersonnel transcendant de l'illusionniste. Il sera athée avec l'athée, et l'amour de celui qui aime. Il sera fraternel et proche, un ami toujours fidèle, toujours secourable, pour ceux qui le sentent comme le guide intérieur de chaque mouvement, de chaque minute. Et si vous croyez qu'il peut tout effacer, il effacera toutes vos fautes, toutes vos erreurs, inlassablement, et à chaque instant vous pourrez sentir sa Grâce infinie. En vérité, le Divin est ce que vous attendez de Lui dans votre aspiration profonde.

(1). Kâli: l'aspect guerrier (ou destructeur) du Divin.

(2). Bhakta: celui qui suit la voie de l'amour.

Le Divin est avec vous selon vos aspirations. Cela ne veut pas dire, naturellement, qu'il se plie aux caprices de votre nature extérieure — je parle ici de la vérité de votre être. Et encore, il se modèle parfois sur vos aspirations extérieures, et si, comme les dévots, vous vivez dans ces alternances d'éloignement et d'embrassement, d'extase et de désespoir, le Divin aussi s'éloignera de vous ou se rapprochera, selon ce que vous croirez. L'attitude est donc très importante, même l'attitude extérieure. Les gens ne savent pas à quel point la foi est importante, comme la foi est miracle, créatrice de miracles. Car si vous vous attendez à chaque instant à être soulevé et tiré vers le Divin, II viendra vous soulever et II sera là, tout proche, de plus en plus proche.

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Sans date 1957

(Les Soufras de Mère)

1) N'ambitionne rien, surtout ne prétends jamais rien, mais sois à chaque instant le maximum de ce que tu peux être.

2) Quant à ta place dans la manifestation universelle, seul le Suprême te la désignera.

3) C'est le Seigneur suprême qui a décrété inéluctablement la place que tu occupes dans le concert universel, mais quelle que soit cette place, tu as le même droit que tous les autres également à gravir les sommets suprêmes jusqu'à la réalisation supramentale.

4) Ce que tu es dans la vérité de ton être est décrété de façon inéluctable et rien ni personne ne peut t'empêcher de l'être; mais le chemin que tu prendras pour y parvenir est laissé à ton libre choix.

5) Sur le chemin de l'évolution ascendante, chacun est libre de choisir la direction qu'il prendra: la montée rapide et escarpée vers les sommets de Vérité, vers la réalisation suprême, ou, tournant le dos aux cimes, la descente facile vers les méandres interminables des incarnations sans fin.

6) Au cours des temps et même au cours de ta vie actuelle, tu peux faire ton choix une fois pour toutes, irrévocablement, et alors tu n'as plus qu'à le confirmer à chaque occasion nouvelle; ou bien, si tu n'as pas pris au début de décision définitive, il te faudra à chaque moment choisir à nouveau entre le mensonge et la vérité.

7) Mais même au cas où tu n'aurais pas pris au début la décision irrévocable, si tu as le bonheur de vivre à un de ces instants inouïs de l'histoire universelle où la Grâce est présente, incarnée sur la terre, Elle te redonnera, à certains moments exceptionnels, la possibilité de refaire un choix définitif qui te mènera tout droit vers le but.

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Sans date 1957

(A propos des vies antérieures)

C'est seulement quand on s'est identifié consciemment à son Origine divine que l'on peut en toute vérité parler de mémoire de ses vies antérieures. Sri Aurobindo parle d'une manifestation progressive de l'Esprit dans les formes qu'il habite. Quand on est arrivé au sommet de cette manifestation, on a une vue plongeante sur le chemin déjà parcouru et on se souvient.

Ce qui reste, c'est le souvenir des instants où l'être psychique a émergé des profondeurs de votre être et s'est révélé à vous, c'est-à-dire le souvenir des instants où vous avez été pleinement conscient. Ce développement de la conscience se fait progressivement à travers l'évolution, et la mémoire des vies passées se limite généralement aux instants critiques de cette évolution, aux grands tournants décisifs qui ont marqué un progrès de votre conscience.

Ces minutes de contact avec l'âme sont souvent celles qui marquent un tournant décisif dans une vie, un pas en avant, un progrès de conscience, et cela correspond fréquemment à une crise, à une situation d'une extrême intensité, quand il se produit un appel dans l'être tout entier, un appel si fort que la conscience intérieure perce les couches inconscientes qui l'enveloppent et se révèle toute lumineuse à la surface. Cet appel très fort de l'être peut aussi provoquer la descente d'une émanation divine, d'une individualité, d'un aspect divin, qui se joint à votre individualité à un moment donné pour faire un travail donné, gagner telle bataille, exprimer telle ou telle chose. Puis le travail fini, cette émanation le plus souvent se retire.

Il ne faudrait pas croire, cependant, que tous les souvenirs de vies antérieures soient ceux de moments de grande crise, de mission importante ou de révélation. Ce sont parfois des minutes très simples, transparentes, où une harmonie intégrale de l'être s'est exprimée, une harmonie parfaite. Et cela peut correspondre à des situations extérieures tout à fait insignifiantes.

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21 décembre 1957

Il faut parfois savoir ne pas savoir.

Cette expérience m'a mise une fois de plus devant la nécessité de l'humilité parfaite devant le Seigneur. Il ne suffit pas de s'élever tout en haut jusqu'aux plans de conscience suprêmes, il faut encore que ces plans descendent dans la matière et illuminent. Sinon rien n'est réellement fait. Il faut avoir la patience d'établir la communication entre le haut et le bas. Si je m'écoutais, je suis comme une bourrasque, un ouragan, je m'élancerais vers l'avenir — tout partirait. Alors il n'y aurait plus de communication avec le reste.

Il faut avoir la patience d'attendre.

L'humilité, une parfaite humilité, est la condition de toute réalisation. Le mental est tellement outrecuidant. Il s'imagine tout comprendre, tout savoir. Et s'il agit par idéal pour servir une cause qui lui paraît noble, il est encore plus sûr de lui-même, plus incorrigible, et il est presque impossible de lui faire voir qu'il peut y avoir quelque chose de plus haut encore derrière ses nobles conceptions, son grand idéal altruiste ou autre. Le seul remède, c'est l'humilité.

Je ne parle pas de l'humilité de certaines religions, ni de ce Dieu qui rabaisse ses créatures et n'aime les voir qu'à genoux. Quand j'étais enfant, cette sorte d'humilité me révoltait et je refusais de croire à un Dieu qui veut rabaisser sa créature. Il ne s'agit pas de cette humilité-là, mais de reconnaître que l'on ne sait pas, que l'on ne sait rien, qu'il peut y avoir autre chose que ce qui nous paraît actuellement le plus vrai, le plus noble, le plus désintéressé.

La vraie humilité qui consiste à se référer constamment au Seigneur, à tout jeter en Lui. Quand je reçois un coup (et il y a beaucoup de coups dans ma sâdhanâ), ma réaction immédiate, spontanée, comme un ressort, c'est de me jeter en Lui et de dire : «Toi, Seigneur.» Sans cette humilité-là, je n'aurais rien pu réaliser.

Et quand je dis «je», c'est pour me faire comprendre, mais en fais «je», cela veut dire le Seigneur à travers ce corps, son instrument. Quand on commence à vivre cette humilité-là, c'est que l'on approche de la réalisation, c'est la condition, le commencement.

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