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Publié par pascalemmanuel

Je pense à ceux qui doivent en eux trouver quelque chose après le désenchantement.

Honoré de Balzac

Le beau film de Xavier Giannoli, Les illusions perdues se termine sur cette citation qui rappelle celle de Sri Aurobindo dans Savitri (Livre 2 – Chant 10) :

Et peut-être trouverons-nous, quand tout le reste aura échoué,

Cachée dedans, la clef du parfait changement.

Voyons quelques aphorismes de Sri Aurobindo concernant l'échec et les commentaires de Mère.

176 — Quand je regarde derrière moi ma vie passée, je vois que si je n’avais pas échoué et souffert, j’aurais perdu les bénédictions suprêmes de ma vie ; et cependant, au moment de la souffrance et de l’échec, j’étais fâché et j’avais le sentiment d’une calamité. Parce que nous ne pouvons rien voir d’autre que ce qui est juste sous notre nez, nous nous laissons aller à tous ces cris et ces reniflements. Soyez silencieux, ô cœurs stupides ! Tuez l’ego, apprenez à voir et à sentir vastement, universellement.

177 — La vision et le sentiment cosmiques parfaits sont la guérison de toute erreur et de toute souffrance ; mais la plupart des hommes réussissent seulement à élargir l’étendue de leur ego.

Douce Mère, qu’est-ce que la «   vision et le sentiment cosmiques   » et comment peut-on y parvenir ?

Cela veut simplement dire la vision de toute la terre à la fois et le sentiment qui résulte de cette vision du tout. Ce tout contient toute chose en même temps, la lumière et l’obscurité, la souffrance et le plaisir, le bonheur et le malheur, et tout ensemble fait une vibration d’adoration tournée vers le Divin comme tous les bruits entendus ensemble font la suprême invocation au Divin   : ÔM. (18 octobre 1969)

*

252 — Si tu penses que la défaite est ta fin, alors ne va point te battre, même si tu es le plus fort. Car le Destin ne peut être acheté par nul homme, et le Pouvoir n’est pas lié à ceux qui le possèdent. Mais la défaite n’est pas la fin, elle est seulement une porte ou un commencement.

253 — J’ai échoué, dis-tu. Dis plutôt que Dieu décrit des cercles autour de Son but.

254 — Frustré par le monde, tu te tournes pour t’emparer de Dieu. Si le monde est plus fort que toi, crois-tu que Dieu soit plus faible ? Tourne-toi plutôt vers Lui pour recevoir Son ordre et avoir la force de l’accomplir.

Douce Mère, pourquoi Dieu a-t-il besoin de «   décrire des cercles autour de Son but   » ? Il peut facilement l’atteindre tout de suite à volonté, rendant le travail de tout le monde plus facile et plus efficace, n’est-ce pas ?

Sûrement Sri Aurobindo n’a pas dit que «   Dieu   » avait besoin de décrire des cercles, car Il est tout-puissant, mais non d’une puissance arbitraire telle que les hommes comprennent le pouvoir.

Pour commencer à comprendre quelque chose, il faut savoir et sentir que dans tout l’univers, il n’y a rien qui ne soit l’expression de Sa volonté omnipotente et omniprésente ; et c’est seulement en s’unissant consciemment à Lui que l’on peut commencer à comprendre cela, non pas mentalement, mais par un phénomène de conscience et de vision.

Dans sa conscience ordinaire, même avec l’intelligence la plus vaste, l’homme ne peut saisir qu’une partie infinitésimale de la création, et ainsi il ne peut la comprendre et encore moins la juger.

Et si nous voulons hâter la transformation du monde, le mieux que nous puissions faire est de nous donner, sans réserve et sans calcul, à Ce qui sait. (28 décembre 1969)

*

308 — Les hommes ne font effort que pour réussir, et s’ils ont le bonheur d’échouer, c’est parce que la sagesse et la force de la Nature l’emportent sur l’habileté de leur intellect. Dieu seul sait quand et comment faire sagement une maladresse et échouer efficacement.

309 — Méfie-toi de l’homme qui n’a jamais échoué ni souffert ; ne t’attache point à son sort, ne combats pas sous sa bannière.

310 — L’homme qui n’a jamais été l’esclave d’un autre, et la nation qui n’a jamais été sous le joug des étrangers sont l’un et l’autre incapables de grandeur et de liberté.

Il y a des qualités essentielles qui ne se développent que dans la souffrance et les difficultés. Les hommes les fuient par ignorance, mais le Seigneur Suprême les impose à ceux qu’Il a choisis pour Le représenter sur la terre afin de hâter leur développement – car il est la Sagesse Suprême. (28 janvier 1970)

*

Au point de vue positif, je suis convaincue que nous sommes d’accord sur le résultat à obtenir, c’est-à-dire une consécration intégrale et sans réserve – dans l’amour, la connaissance, et l’action – au Suprême et a son œuvre. Je dis au Suprême et à son œuvre parce que la consécration au Suprême seul n’est pas suffisante. Nous sommes ici, maintenant, pour cette réalisation supramentale et c’est ça qui est attendu de nous, mais pour pouvoir y parvenir, il faut que la consécration à ça soit totale, sans réserve, absolument intégrale. Cela, je pense que tu l’as compris, c’est-à-dire que tu as la volonté de le réaliser. (Agenda du 10 mai 1958)

Maintenant, il s'agit de s'avoir à qui s'adresse ce passage car il a été dit qu'il n'avait jamais été question de supramentaliser l'humanité entière mais d'ancrer le Principe Supramental dans la conscience terrestre, ce qui est fait. Quant à l’œuvre divine, elle est si vaste  la vie toute entière est un yoga nous dit Sri Aurobindo, que nous pouvons longtemps rester perplexe sur notre rôle et notre place dans cette grande aventure. D'autant que Mère nous a assuré que nous ne pouvions pas escalader la montagne du voisin et que c'était à chacun de trouver son chemin.

Trois choses à trouver. Trouver son aspiration fondamentale, son but, ce pourquoi notre âme est venue, ce qui nous paraît vraiment essentiel... trouver sa méthode pour y parvenir et trouver la volonté de s'y consacrer avec constance, persévérance, vigilance. Si tout est un, peut-être que si nous trouvons l'un nous trouvons aussi les deux autres.

Une méthode ! Ou peaufiner notre méthode. Par exemple, dans l'intériorisation, lorsque nous rencontrons "un trouble", façon de parler, quelque chose qui nous dérange, d'inconfortable, il est possible de ne pas en tenir compte, comme un explorateur qui voudrait continuer tout droit vers le cœur de la forêt sans se laisser troubler-retarder par rien. Ou bien, je me suis aperçu qu'il était possible d'offrir chaque chose qui se présente.

Pour le dire autrement, dans le chemin de la descente intérieure, je me suis souvent rendu compte que je n'arrivais pas à descendre jusqu'au plan de conscience du psychique ou de la conscience des cellules et que je pataugeais souvent sur quelque plan du vital. Alors j'essayais en quelque sorte de passer-traverser en force. Et puis il m'est venu, au contraire, qu'il m'était possible d'appeler la détente, la paix, la lumière, le silence... sur le plan où je me trouve. Sans même l'idée de monter plus haut ou de descendre plus profond. Je n'y avais jamais pensé. L'expérience s'est résumé en une formule : balayer chaque marche. J'ai trouvé cela intéressant et que cela pouvait servir.

Et puis, en faisant des recherches, je suis tombé sur L'Agenda du 7 octobre 1970 dans lequel j'ai trouvé un mantra donné par Sri Aurobindo :

Citation de Sri Aurobindo (un mantra) :

OM Sri Aurobindo Mira Open my mind, my heart, my life to your Light, your Love, your Power. In all things may I see the Divine. (16.7.1938 On Himself, XXVI.512)

OM Sri Aurobindo Mira, ouvrez mon mental, mon cœur, ma vie à votre Lumière, à votre Amour, à votre Pouvoir. En toute chose, puisse-je voir le Divin.

Et une autre citation de Sri Aurobindo de 1943 :

Ce qui est le plus indispensable, c'est de persévérer dans son orientation vers la Lumière. La Lumière est plus proche de nous que nous ne le pensons... et à n'importe quel moment, son heure peut venir.» (On Himself, XXVI.216)

Et Mère d'ajouter :

Ce qu'il appelait «the Light» [la Lumière], c'est la Conscience qui est venue en... (Mère cherche à se rappeler) elle est venue en 1969.

Curculigo orchioides – jaune d’or – Attraction pour la Lumière

Dans son attirance, elle essaye d'imiter les étoiles.

La Lumière n'est pas la connaissance, mais l'illumination qui vient d'en haut et libère l'être des ténèbres et de l'obscurité. Sri Aurobindo – La Mère

La Lumière est essentiellement une manifestation spirituelle de la Réalité divine illuminatrice et créatrice, et la lumière matérielle est sa représentation ou sa conversion ultérieure dans la matière pour les besoins de l'énergie matérielle. Sri Aurobindo – La vie divine

L'incapacité de nos sens a inventé l'obscurité. En vérité, il n'y a que la Lumière, mais c'est un pouvoir de la lumière qui se situe ou bien au-dessus ou bien au-dessous du domaine limité de notre pauvre vision humaine. Ne croyez pas, en effet, que la lumière soit créée par les Soleils. Les Soleils ne sont que des concentrations physiques de la Lumière, mais la splendeur qu'ils concentrent pour nous existe en soi et se trouve partout. Dieu est partout et, où que soit Dieu, il y a la Lumière. Sri Aurobindo – L’Heure de Dieu

*

Et pour terminer, sans en être arrivé là, bien trop de distractions encore, pourtant, il y a une aspiration à se rapprocher de ce passage de Satprem des Carnets d’une Apocalypse du 26 mai 1982.

Ce qui n'était encore qu'une« idée» ou une conjecture (la transformation) est devenu le seul fait pressant et impératif. Je ne sais pas comment me débrouiller là-dedans, je sais seulement qu'il y a une aspiration impérieuse, inévitable, irréversible pourrais-je dire, et que c'est devenu une sorte de nécessité physique, de besoin dans le noir, et que je ne pourrais plus faire autre chose. Je ne connais aucune direction, je ne sais pas où je vais, mais en quelque sorte cela importe peu, ce qui importe c'est cette exclusive concentration et ce déroulement d'un besoin presque physique qui contient ou doit contenir sa propre direction inéluctable. C'est une sorte d'éveil de l'aspiration dans la conscience physique et ça se meut selon sa propre loi inconnue (pour moi). Tout ce que je sais, c'est que je veux vivre là-dedans exclusivement.

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