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Publié par pascalemmanuel

Tout au long de L'Agenda il y a de très nombreux passages qui parlent don total de soi-même au au Divin, d'être tout à fait impersonnel et même de s'annuler soi-même. Or, il y a quelques jours en méditation, je me suis rappelé les trois victoires en me demandant si j'avais seulement franchi la première étape de créer une individualité.

 

Alors, j'ai accepté d'en être là, et instantanément, au centre de la poitrine, à l'arrière plan, dans le subtil il y a eu des mouvements intérieurs très perceptibles, cela ressemblait à une réorganisation, à des éléments qui se déplaçaient et se recombinaient en quelque chose de plus compact.

 

Et depuis, sur le plan psychologique, quelque chose a changé, une sorte de solidité calme s'est installé. Alors, je me suis rappelé avoir entendu parler en psychologie du déni de soi, des conflits d'incarnation, ce genre de choses. Intéressant. 

 

Je crois être allé un peu vite en besogne. C'est l'une des difficultés avec les textes de Sri Aurobindo-Mère qui sont si nombreux, si variés qu'il est parfois difficile de sentir ceux qui nous correspondent vraiment. 

 

La première étape est donc de créer une individualité. Maintenant, le processus est sans doute plus souple que les mots ne le laissent entendre avec un petit a, petit b, petit c. Les trois étapes peuvent sûrement un peu se mélanger et se poursuivre conjointement, se compléter mutuellement. 

 

Du coup, je suis allé rechercher ce texte des trois victoires.

 

Arctotis venusta – effort joyeux – La joie que l'on trouve dans l'effort vers le Divin.

 

Entretien du 14 décembre 1955

 

En fait, la première victoire est de créer une individualité. Et puis après, la seconde victoire, c’est de donner cette individualité au Divin. Et la troisième victoire, c’est que le Divin change votre individualité en un être divin.

 

Il y a trois étapes : la première c'est de devenir un individu ; la seconde c'est de consacrer l'individu et qu'il se soumette entièrement au Divin pour s'identifier à Lui ; et la troisième c'est que le Divin s'empare de cet individu et le change en un être à Sa propre image, c'est-à-dire qu'il devienne divin lui aussi.

 

Généralement, tous les yogas s'arrêtaient à la seconde. Quand on était arrivé à soumettre l'individu et à le donner sans réserve au Divin pour s'identifier à Lui, on considérait que son travail était fini, que tout était accompli.

 

Mais nous, nous commençons là, et nous disons : "Non, c'est seulement un commencement. Nous voulons que ce Divin auquel nous nous sommes identifiés, entre dans notre individualité et en fasse une personnalité divine agissant dans un monde divin.

 

Et ça, c'est ce que nous appelons la transformation. Mais l'autre la précède, doit précéder. Si ce n'est pas fait, il n'y a pas de possibilité de faire la troisième. On ne peut pas passer de la première à la troisième ; il faut passer à travers la seconde.

Et dans l'interview de Satprem que j'ai commencé hier à réécouter, j'ai trouve ce passage, à partir de 51 mn 30 :

Question de David Montemurri : J'étais toujours étonné du fait que l'oiseau peut partir de son nid au nord et trouver exactement sa place au sud quand l'hiver vient ; et l'homme doit passer par toute sorte de mécanismes, d'objets. Et, est-ce que l'homme est inférieur à l'oiseau ? 

Il est inférieur d'une certaine façon, mais c'est comme un passage, l'homme. Ce n'est même pas un état, c'est un passage. Un passage douloureux. Mais pour nous faire acquérir ce que toutes les espèces passées n'ont pas acquises ; parce l'oiseau, il est si parfaitement oiseau, le chien, le tigre, le lion, ils sont si parfaitement chien et tigre et lion, mais ils sont complètement inconscients de leur bonheur si je puis dire, ou de leur perfection d'être. 

Alors nous, à travers ce long tunnel mental, cette cage artificielle où on est coupé de tout, on sait pas que là-bas est le sud, qu'il faut aller dans le sud pour l'hiver,  on ne sait rien du tout, on est obligé de tout apprendre par des mécanismes, on a oublié tout ce que les autres espèces savaient spontanément. On traverse le tunnel, on est dans le tunnel.

L'état humain, c'est pas un état, c'est une transition, un passage. Mais justement là, on arrive à l'autre bout de ce tunnel, c'est pour acquérir ce que toutes ces si jolies espèces n'avaient pas, c'est à dire quoi ? Une conscience individuelle.

On apprend, douloureusement, à devenir des individus. Au lieu d'être mû par un instinct collectif qui vous porte naturellement et joyeusement à faire ce que vous devez faire, sans erreur, parfaitement, l'homme, c'est ce qui se trompe constamment. 

Et bien on est conduit au point où on est en train de nous fabriquer, on nous a fabriqué une individualité à travers toutes ces erreurs, ces douleurs, ces retours sur soi pour s'interroger parce qu'on se trompe. A travers toutes ces faussetés, on est conduit à se bâtir douloureusement une individualité, c'est-à-dire une prison. Mais en fait, quand on arrivera au bout du tunnel, que la prison cassera, on retrouvera cette grande liberté de toutes les espèces, mais en ayant gagné une conscience individuelle, c'est-à-dire quelque chose qui se sait être individuellement. 

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