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Publié par pascalemmanuel

Aperçus et Pensées

Sri Aurobindo

Quand nous dépasserons l'humanité, alors nous serons l'Homme. L'animal fut une aide ; l'animal est l'entrave."

 

Qu'est-ce que ça veut dire, dépasser l'humanité ? Et puis, si nous disions à un humain lambda que nous voulons dépasser l'humanité, il est possible qu'il soit tenté d'appeler le samu ou de de nous offrir une pommade anti inflammatoire pour nos chevilles. Mieux vaut ne rien en dire de ce point-là...

 

Transforme ta raison en intuition ordonnée ; que tout en soi soit lumière. Tel est ton but.

 

Ainsi l'intuition peut être désordonnée ? ? ?

 

Si tu veux que l'humanité progresse, jette bas toute idée préconçue. Ainsi frappée, la pensée s'éveille et devient créatrice. Sinon elle se fixe dans une répétition mécanique qu'elle confond avec son activité véritable.

 

Que l'humanité progresse, je suppose que nous le voulons tous. De même, des idées préconçues, nous en avons tous. 

 

La pensée n'est pas essentielle a l'existence et n'en est pas la cause, mais c'est un instrument pour devenir : je deviens ce que je vois en moi-même. Tout ce que la pensée me suggère, je puis le faire ; tout ce que la pensée révèle en moi, je puis le devenir. Telle devrait être l'inébranlable foi de l'homme en lui-même, car Dieu habite en lui.

 

Et si en soi, on ne voit rien ou pas grand chose ? Et si ce que l'on voit, ma foi, ce n'est pas toujours très joli ? Ce serait mieux de voir quelque chose de divin. Pour ça, encore faut-il y penser et le vouloir de la bonne façon. Et puis, pourquoi a-t-il dit voir et non percevoir, sentir ou ressentir ? 

 

La conscience d'être et la joie d'être sont les premiers parents. Elles sont aussi les ultimes transcendances. L'inconscience n'est qu'un intervalle d'évanouissement de la conscience ou son obscur sommeil ; la douleur et l'extinction de soi ne sont que la joie d'être se fuyant elle-même afin de se retrouver ailleurs et autrement.

 

Compte-tenu de la période actuelle, voilà qui est rassurant, nous allons sortir de ce bazar. Conscience d'être et joie d'être font penser à chit (conscience) ananda (joie, béatitude). Avec ces deux parents, peut-être atteindrons-nous sat, l'Existence.  L'expérience de Satchitananda étant, d'après Sri Aurobindo, si mes souvenirs sont bons, le sommet ultime de ce que nous pouvons atteindre.  

 

Dieu ne peut cesser de se pencher vers la Nature, ni l’homme d’aspirer à la divinité. C’est la relation éternelle du fini à l’infini. Quand ils semblent se détourner l’un de l’autre, c’est pour s’élancer vers une plus intime rencontre.

 

Dans l’homme, la nature du monde redevient consciente de soi afin de faire un plus grand bond vers son Possesseur. C’est ce Possesseur que, sans le savoir, elle possède, que la vie et la sensation nient, tout en le possédant, et cherchent, tout en le niant. Si la nature du monde ne connaît pas Dieu, c’est qu’elle ne se connaît pas elle-même ; quand elle se connaîtra elle-même, elle connaîtra une joie d’être sans mélange.

 

Posséder dans l’unité et non se perdre dans l’unité, tel est le secret. Dieu et l’homme, le monde et l’au-delà deviennent un quand ils se connaissent l’un l’autre. Leur division est la cause de l’ignorance, de même que l’igno­rance est la cause de la souffrance.

 

L’homme est Dieu se cachant de la Nature pour pou­voir la posséder par la lutte, l’obstination, la violence, la surprise. Dieu est l’Homme universel et transcendant qui, dans l’être humain, se cache à sa propre individualité.

 

L’animal est l’Homme déguisé sous une peau velue et marchant à quatre pattes. Le ver est l’Homme qui se tortille et rampe vers le développement de son humanité. Même les formes brutes de la matière sont l’Homme dans un corps rudimentaire. Toutes choses sont l’Homme, le Pourousha.

 

Car, que voulons-nous dire par Homme ? Une âme incréée et indestructible qui a fait sa demeure dans un mental et un corps créés de ses propres éléments.

 

Rien à dire, c'est beau, c'est magnifique... 

 

La joie est le secret. Apprends la joie pure et tu apprendras Dieu.

 

Quel fut donc le commencement de toute l’histoire ? Une existence qui s’est multipliée pour la seule joie d’être et qui s’est plongée en d’innombrables milliards de formes afin de pouvoir se retrouver elle-même innombrablement.

 

Et quel en est le milieu ? Une division qui tend vers une unité multiple, une ignorance qui peine vers le torrent d’une lumière variée, une douleur en travail pour arriver au contact d’une extase inimaginable. Car toutes ces choses sont des formes obscures et des vibrations perverties.

 

Et quelle sera la fin de toute l’histoire ? Si le miel pouvait se goûter lui-même et goûter toutes ses gouttes à la fois, et si toutes ses gouttes pouvaient se goûter l’une l’autre, et chacune goûter le rayon tout entier comme elle-même, telle serait la fin pour Dieu, pour l’âme de l’homme et l’univers. 

 

L’Amour est la tonique, la Joie est la mélodie, le Pouvoir est l’accord, la Connaissance est l’exécutant, le Tout infini est à la fois le compositeur et l’auditoire. Nous connaissons seulement les discordances préliminaires, qui sont aussi terribles que l’harmonie sera grande ; mais nous arriverons sûrement à la fugue des divines béatitudes.

 

Une vision si claire et si limpide de l'histoire multi millénaire de toute l'évolution de la création résumée de façon si magistrale en quelques phrases donne presque envie de pleurer tellement c'est beau, c'est vertigineux... 

 

Ceux qui sont pauvres, ignorants, mal nés et mal éduqués ne sont pas le troupeau vulgaire. Le vulgaire comprend tous ceux qui sont satisfaits de la petitesse et de l'humanité moyenne.

 

Voilà un message à adresser à ceux qu'il faudrait soi disant "passer au karcher" aux "sans-dent", à "ceux qui ne sont rien" et à cette prétendue élite si arrogante et si méprisante...  

 

Il y a bien d'autres paroles merveilleuses à découvrir dans ce court document...

Dans les commentaires de Mère sur les Aphorismes un premier passage m'a interpellé. 

 

Page 25 – La Vérité est un tout, et tout est nécessaire. Le milieu déformé dans lequel vous voyez, l’atmosphère mentale, est impropre à manifester, ou à exprimer, ou même à percevoir tous les éléments — et on peut dire que c’est le meilleur qui échappe. On ne peut donc plus appeler cela la Vérité, mais quelque chose qui essentiellement est vrai et qui, là, dans l’atmosphère mentale, ne l’est plus du tout — une ignorance.

 

Et puis surtout le commentaire de cet aphorisme :

 

4 — Je ne suis pas un jnânî (1) car je n’ai pas de connaissance, sauf celle que Dieu me donne pour Son travail. Comment puis-je savoir si ce que je vois est raison ou folie ? Non, ce n’est ni l’une ni l’autre, car la chose vue est simplement vraie — ni folie, ni raison.

 

(1) Celui qui suit la voie de la Connaissance ( jnana), et non la voie de l’Amour (bhakti) ou la voie des OEuvres (karma).

 

Commentaire de Mère ( en date du 3 octobre 1958 :

 

Je ne suis pas un jnânî... le jnânî est celui qui suit le chemin de la Connaissance, celui qui veut réaliser le yoga par la Connaissance exclusivement, et qui part sur une voie purement intellectuelle dans la volonté de passer au-delà et d’atteindre la Connaissance qui n’est plus intellectuelle mais spirituelle. Et Sri Aurobindo dit : « Je ne suis pas un jnânî... je ne recherche pas la Connaissance, je me suis donné au Divin pour accomplir Son oeuvre, et par la Grâce divine, à chaque minute, je sais ce qu’il faut savoir pour accomplir cette oeuvre. »

 

C’est un état admirable, c’est la paix parfaite de l’esprit. Il n’est plus besoin d’accumuler des connaissances acquises, des choses apprises et dont il faut se souvenir, plus besoin de s’encombrer le cerveau de milliers et de milliers de choses afin d’avoir à sa disposition, au moment voulu, la connaissance nécessaire pour l’action à accomplir, pour l’enseignement à donner, pour le problème à résoudre. La tête est silencieuse, le cerveau est immobile, tout est blanc, tranquille, paisible, et, au moment où il le faut, par le fait de la Grâce divine, une goutte de lumière tombe dans la conscience, et ce qu’il faut savoir, on le sait. Quel souci aurait-on de s’en souvenir, pourquoi essayerait-on de garder cette connaissance ? Le jour ou le moment où il est nécessaire de l’avoir, on l’aura encore. À chaque seconde, on est la feuille blanche sur laquelle s’inscrit ce qui doit être su — dans la paix, le repos et le silence d’une réceptivité parfaite.

 

On sait ce qu’il faut savoir, on voit ce qui doit être vu, et comme ce qu’il faut savoir et ce qui doit être vu vient tout droit du Suprême, c’est la Vérité même, et cela échappe complètement aux notions de raison ou de folie. Ce qui est vrai, est vrai — c’est tout. Et il faut descendre bien bas pour se demander si c’est fou ou si c’est raisonnable.

 

Un silence et une réceptivité modeste, humble, attentive. Aucun souci de paraître, ou même d’être — tout simplement, l’instrument qui, lui, n’est rien et ne sait rien, mais qui est prêt à tout recevoir et à tout transmettre.

 

La première condition est l’oubli de soi, le don total, l’absence d’ego. Et le corps dit au Seigneur Suprême : « Ce que Tu veux que je sois, je le serai ; ce que Tu veux que je sache, je le saurai ; ce que Tu veux que je fasse, je le ferai. » 

 

Lorsque l'on ressent la douleur de l'ignorance, cette cruelle impression de ne rien comprendre, qu'en définitive, on ne sait rien, ou si peu, ce texte ouvre une perspective merveilleuse... 

 

Il ne sert à rien de lire des livres instructifs si l'on n'est pas résolu à vivre ce qu'ils enseignent. Bénédictions. La Mère 

 

Voilà ce que je voulais partager aujourd'hui... 

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