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Publié par pascalemmanuel

Je pourrais continuer ma lecture d'Essai sur la Guîtâ mais n'arrivant déjà pas à intégrer ce que j'ai lu précédemment, je préfère m'attarder encore sur quelques notions qui travaillent, en particulier sur celle du dharma.

 

Note dans Essai sur la Guîtâ :

Dharma signifie littéralement ce dont on peut se saisir et qui maintient les choses ensemble, la loi, la norme, la règle naturelle, la règle de conduite et de vie.

 

Glossaire de La vie divine :

Loi éternelle ; l’Ordre cosmique, le Bien ; la norme de la Vérité, la loi d’action ; litt. : ce à quoi l’on se tient et qui tient ensemble toutes choses ; la loi qui régit la nature essentielle de l’individu.

 

Glossaire du Journal du Yoga :

La loi d’être, « la loi fondamentale de notre nature (1) qui conditionne secrètement toutes nos activités » ; la loi de la vie religieuse ou spirituelle ; la partie religieuse et spirituelle du karma

 

Quelques extraits :

...ce que l’Instructeur veut c’est qu’il renonce à tous les dharmas, sauf à celui, unique et vaste, qui consiste à vivre consciemment dans le Divin et à agir selon cette conscience. (Page 42)

 

Les autres questions et propos d’Arjuna procèdent du même tempérament et du même caractère. Il est troublé quand il apprend que l’égalité d’âme une fois assurée, elle ne se révèle pas nécessairement par un changement apparent dans l’action, car l’homme doit toujours agir selon la loi de sa nature, même si l’acte lui-même peut sembler imparfait ou défectueux, comparé à celui qui relève d’une autre loi que la sienne. La nature ! Mais que penser de ce sentiment du péché dans l’action qui le hante si fortement ? N’est-ce pas cette même nature qui pousse les hommes comme par force, et même contre leur meilleure volonté, dans le péché et la faute ? (Page 43) (2)

 

Et ses dernières questions exigent une claire distinction entre le renoncement aux œuvres et ce renoncement plus subtil qu’on lui demande d’adopter, entre Purusha et Prakriti, entre le champ et Celui qui connaît le champ, distinction si nécessaire à la pratique de l’action sans désir, sous la seule impulsion de la volonté divine ; il demande finalement un exposé clair des opérations et des résultats pratiques des trois modes de la Prakriti qu’on l’incite à surmonter.( Page 44)

 

La Guîtâ n’enseigne pas l’accomplissement désintéressé des devoirs, mais elle enseigne de suivre la vie divine, d’abandonner tous les dharmas, sarva-dharmân, pour prendre refuge dans le Suprême seul ; (page 51)

 

Ce qu’est la grande, la suprême parole de la Guîtâ, son mahâvâkya, nous n’avons pas à le chercher ; car dans sa dernière phrase, note dominante du grand accord, la Guîtâ la révèle elle-même   : «   De tout ton être, prends refuge dans le Seigneur qui siège dans ton cœur (3) ; par sa grâce tu atteindras la paix suprême et l’état éternel. Je t’ai révélé une connaissance plus secrète que la connaissance occulte. Écoute encore ma parole suprême, la plus secrète   : l’esprit fixé sur moi, sois-moi dévoué, offre-moi le sacrifice et l’adoration ; infailliblement tu viendras à moi, car tu m’es cher. Renonce à toute règle de conduite et prends refuge en moi seul. Je te délivrerai du péché ; ne t’afflige pas.   » (page 57)

 

Promesse hardie et absolue, et promesse à laquelle le mental hésitant et craintif, assailli et trébuchant sur tous ses chemins ne peut aisément accorder une ferme créance ; et promesse dont la grande et pleine vérité n’est pas apparente, à moins qu’avec ces cinq mots du message de la Guîtâ nous ne lisions aussi les derniers   : «   Abandonne toutes les lois de conduite et prends refuge en Moi seul ; Je te délivrerai de tout péché et de tout mal ; ne t’afflige point.   » (page 134)

Arjuna a donc été d’abord invité à abandonner tout désir pour les fruits de ses œuvres et à devenir simplement l’exécutant impartial et sans désir de tout ce qui doit être fait — laissant le fruit au maître des opérations cosmiques, quelque pouvoir que puisse être celui-ci. (page 408) (4)

Quelques commentaires :

(1) Le tigre agit selon sa nature de tigre, sans se poser de question est d'une façon parfaite et infaillible. Il est complètement prisonnier de sa nature, de son dharma. Mais la nature de l'homme, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que c'est un homme se demande Satprem ? Ou nous demande. Entre les plus grands saints et les pires criminels, les plus grands génies et les plus imbéciles, nous avons une variété infinie d'exemples et de contre exemples. 

Il semblerait que le Temps soit venu que chaque homme découvre en lui sa loi véritable, la loi de son être. Et il est possible que tant que nous n'aurons pas trouvé notre loi intérieure, nous serons contraint d'obéir aux lois extérieures. Et sur ce point particulièrement, il est vivement déconseillé de tricher :

...il est dangereux d’adopter le dharma [la loi] d’un autre ; cela prive l’homme ou la nation qui le fait du secret de sa force et de sa vitalité, et c’est alors une croissance artificielle et tronquée qui se substitue au développement libre, vaste et organique de la Nature. Chaque fois qu’une nation a renoncé à sa raison d’être, elle l’a fait en sacrifiant sa croissance. Sri Aurobindo

Est-ce que le processus en cours de changement de conscience ne vient pas bouleverser la donne ? Pour le dire autrement, est-ce que cette loi intérieure reste la même, que nous soyons un homme tout à fait basique et rudimentaire, un homme en cours de transformation ou un homme transformé ?

Une loi, presque par nature, donne une impression statique, et la majuscule lui donne une autorité, une majesté qui en fait une sorte de Principe éternel, immuable... alors que tout cela est sans doute beaucoup plus souple que nous l'imaginons. Je n'en sais rien.

(2) Agir selon sa nature ? Voilà qui est terrifiant !

Sans doute qu'Emmanuel Macron et Marc Dutroux ont agit selon leurs natures respectives et le résultat n'est guère brillant. Et puis, de quelle nature est-il question ? Notre nature mentale aimerait agir d'une façon, notre nature vitale supérieure, émotive et affective d'une autre, notre nature vitale inférieure encore d'une autre et notre nature physique d'une autre encore.

Sois toi-même est une injonction parfois invoquée que je n'ai jamais vraiment compris. Ou plutôt, ma compréhension n'a jamais vraiment décollé d'une interprétation très rudimentaire qu'il s'agissait de se laisser aller à faire toutes les bêtises possibles. 

Ces questionnements secondaires abordés, le principal est cette invitation à abandonner tout dharma, à agir sans désir, uniquement sous l'impulsion du Divin, à prendre refuge dans le Divin qui réside dans le sanctuaire secret du cœur, etc.

Il nous reste à trouver comment rendre tout cela concret.

Abandonner tous les dharmas, j'ignore encore ce que cela veut dire, les implications. Une première impression, comme ça, est qu'il y a là une immense source de liberté et cela en est presque inquiétant. C'est plus simple d'avoir des règles de conduite fixes et bien établies, au pas cadencé de préférence : un-deux, un-deux, un-deux... 🙂

(3) L'expérience de ce refuge doit être magnifique. Il doit y avoir en nous un lieu pur et inviolable s'il est violable, ne n'est plus vraiment un refuge... Je ne crois pas qu'il soit possible d'entrer dans un tel lieu avec l'idée de mettre les pieds sur la table, je crois que nous devons laisser grandir en nous une sorte de respect du lieu, d'un sens du sacré. Sri Aurobindo en parle comme d'un sanctuaire, le mot n'est sans doute pas anodin.

(4) Agir sans désir, ça, cela a l'air d'être plus facile, alors commençons pas là.

Et puis, d'une façon plus générale, pour la mise en pratique, cela commence toujours par la même chose, il faut le vouloir, en avoir envie, y aspirer. Ensuite, il me semble qu'il faut être très attentif, très calme, pour sentir cette impulsion d'en haut ou du dedans qui nous pousse à agir comme ceci et comme cela. Être souple et obéissant aussi. Si nous avons des idées trop arrêtées et trop rigides sur ce qui doit être, si nous sommes trop attachés à nos idées personnelles, je crains que le processus ne devienne compliqué.

Une autre indication est venue concernant la foi. Si l'on attend d'avoir le contact clair et conscient avec le Divin pour agir et essayer et... je crains que nous n'attendions longtemps. C'est en sciant que Léonard de Vinci. C'est la parole du Christ à Thomas : "Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru." Pas besoin d'attendre de voir le Divin, de Le sentir pour nous tourner vers Lui, il faut avoir confiance en sa Direction silencieuse.

Et le fin du fin reste que nous nous tournions vers le Divin pour qu'il nous explique. C'est Lui l'Instructeur. Cette nuit, dans une méditation, c'était intéressant, il m'est revenu qu'Il était le conducteur du char, alors ne renversons pas les rôles, c'est Lui qui conduit et c'est à nous de nous laisser conduire.

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