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Publié par pascalemmanuel

Un ami, merci à lui, m'a passé un autre texte très intéressant concernant Pavitra, le voici. 

Dessin de la Mère

Qui est ton Maître ?

Il y avait alors deux ans que je connaissais l'Ashram t que j'étudiais les œuvres de Sri Aurobindo, mais c'est la guerre qui m'a fait quitter mon poste en Afghanistan pour trouver à Pondichéry un moyen de rejoindre mon lieu de démobilisation : Versailles... Il n'y avait plus de bateaux assurant des services avec l'Europe (et pas encore d'avions) et l'Indochine, consultée sur la possibilité de me recevoir, s'y refusait.

Très naturellement l'Ashram où vivait ma mère, devint le centre de ma vie. J'y avais été confié, en quelque sorte, par la Mère, à un ingénieur français, polytechnicien, Philippe Barbier-Saint-Hilaire, qui était chargé des relations avec la France et les Français et de diriger toute la vie technique de l'Ashram. Un commun amour de la Science nous rapprochait et personne n'aurait pu, comme lui, me guider en donnant au message de Sri Aurobindo et de la Mère une expression qui me soit accessible.

Mais il était bien plus que cela : j'ai vite vu en lui le parfait disciple, et c'est là ce qui faisait sa véritable valeur. Sa consécration au yoga de Sri Aurobindo était totale : chaque geste de sa vie en était pénétré ; mais aussi son dévouement à son gourou, à Sri Aurobindo et à la Mère, était total.

21 février 1966

Ce n'était pas de la docilité, mais une communion d'âme profonde, réelle au-delà de toutes les apparences visibles. Sa vie quotidienne était la manifestation directe, constante, de son aspiration spirituelle. Parmi tout ce qu'il a créé, organisé, inspiré à l'Ashram, l’œuvre la plus importante est probablement le Centre International d’Éducation.

L'avance japonaise vers le Bengale, les bombardements de Calcutta, nous avaient amené, en 1943, de nombreuses familles de réfugiés, disciples ou sympathisants de Sri Aurobindo et, avec eux, près de quatre-vingts enfants. Jusqu'alors aucun ashram n'avait accueilli des enfants, qui n'ont pas une maturité suffisante pour pouvoir s'engager dans la voie d'un yoga : l'âge d'entrée dans un ashram est, en général, voisin

de trente ans. Mais alors la situation était différente : c'était une épreuve, donc une possibilité, que le Divin nous envoyait, et Sri Aurobindo accepta la charge de tous ces enfants, non pas en marge, mais dans son Ashram, en sachant parfaitement que cela allait profondément modifier la vie des disciples.

C'est Philippe Barbier-Saint-Hilaire – à l' Ashram : Pavitra – qui fut chargé de créer, pour cette jeunesse, une école. Une école... Certes, des problèmes difficiles allaient se poser, mais aussi quelles merveilleuses espérances apparaissaient ! Trente ans plus tôt, Sri Aurobindo avait esquissé ce que devait être une éducation nationale indienne, en posant comme base de toute éducation, en tous temps et tous pays, trois principes essentiels dont nos réformateurs actuels auraient grand intérêt à s'inspirer, et qu'il est utile de répéter ici.

Tout d'abord : l'éducation, la culture, ne s'enseigne pas. Une école n'a pas, ne doit pas avoir, pour but, de faire des artisans, des professeurs ou de « bons » citoyens, selon le goût du parti au pouvoir, autrement dit, l'éducation doit être bien distincte de l'enseignement d'un métier ou d'une doctrine sociale : elle est seulement, mais entièrement, l'ensemble des moyens qui aident l'être jeune à manifester de plus en plus complètement cette partie supérieure de lui-même qui en fait un être véritablement humain et pas seulement un animal pensant.

Ensuite : tous les enfants ayant des possibilités latentes différentes, et inconnues, il ne peut exister aucun programme imposé à l'être en développement : c'est à l'élève que l'éducateur doit s'adresser pour connaître ses aspirations, ses curiosités.

Enfin : c'est à partir de ce que l'enfant connaît déjà par son expérience quotidienne, que l'éducateur doit l'aider à découvrir ce qu'il cherche.

C'est suivant ces principes et en dépit de difficultés nombreuses, que Pavitra, bientôt aidé par Jean Raymond – à l' Ashram : Tanmaya – ont élaboré, sous l'inspiration constante de la Mère, la méthode du Libre Progrès, qui fait heureux, libres et vraiment humains, les sept cents élèves du Centre International d’Éducation de Pondichéry. De cette œuvre unique au monde, j'ai vu l'aurore, mais l'ai quittée quand je la connaissais à peine, car il y avait la guerre. Le tourbillon des événements m'a pris, m'a fait vivre à Singapour, au Liban, en Éthiopie, puis retourner en France.

Gabriel Monod-Herzen

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