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Publié par pascalemmanuel

1) Don de soi désintéressé

Avec le Divin, je ne suis pas en mode marchandage et au demeurant, demander n'est pas une démarche naturelle pour moi. Pourtant, en mode relaxation, je me suis aperçu que derrière l'aspiration au Divin, il flirtait l'attente inconsciente d'un résultat, un espoir de paix, de joie, un contact agréable, n'importe quoi, une expérience, que le don de soi n'était pas totalement désintéressé. Le plus long, disait Mère, est de nous rendre compte de ce que nous devons transformer, alors nous pouvons corriger l'attitude de la conscience.

Ipomoea alba – Don de soi intégral – Toute ouverte, claire et pure

 

La rédaction de cette expérience me fait chercher une illustration dans le livre des fleurs et je trouve ces deux paroles de Sri Aurobindo :

Le Divin se donne à ceux qui se donnent eux-mêmes au Divin sans réserve et dans toutes les parties de leur être. À eux le calme, la lumière, le pouvoir, la béatitude, la liberté, l'étendue, les sommets de la connaissance, les océans de l'Ânanda.

(L'aspiration inhérente de l'âme) apparaî avec le pur don de soi, quand le "je te cherche pour ceci, je te cherche pour cela" fait place au pur "je te cherche pour toi". C'est de cet absolu merveilleux et ineffable dans le Divin dont parle X quand il dit : "Non la connaissance, ni ceci, ni cela, mais Krishna." Cette attirance est en vérité un impératif catégorique, le moi en nous est attiré vers le Divin à cause de l'appel impératif du Moi plus grand, de l'âme ineffablement attirée vers l'objet de son adoration parce qu'il ne peut pas en être autrement, parce que cela est cela et que Lui est Lui. C'est tout.

 

2) Résistances de la conscience-substance corporelle

Si nous savions être plus désintéressé, sans doute cela améliorerait les choses, je l'ai constaté, car je me suis aperçu des centaines de fois des difficultés de la conscience-substance corporelle à s'ouvrir et à recevoir les vibrations d'en haut.

Le mental a présidé à l'évolution de l'homme depuis des siècles, des millénaires, et avec le nouveau stade évolutif, on demande au mental de passer le relai à la conscience spirituelle, à la conscience divine, et pour lui, c'est très difficile de lâcher prise, de lâcher le contrôle, de devenir passif et de laisser intervenir un principe supérieur.

Le mental est habitué depuis des générations à diriger les oéprations et voilà qu'on lui dit : "merci mais maintenant je n'ai plus besoin de toi". Il pourrait s'en trouver satisfait, très heureux de passer la responsabilité au Divin, mais ce n'est pas si facile.

Même chez un masseur certifié, c'est comme si quelque chose en nous restait sur ces gardes, surveillait le moindre geste du masseur : il pourrait nous faire du mal. Ce n'est pas une peur intellectuelle, mentalement, on comprend très bien que c'est idiot, cela semble être une crainte dans la conscience du corps lui-même. C'est la même chose : le Divin porte en lui, la paix, la joie, la force, la lumière, l'amour etc... et pourtant, on se méfie, on ne se laisse pas vraiment aller dans la Présence.

C'est vraiment un phénomène très curieux qui me laisse assez perplexe depuis des années. Les gens parlent de paix, de lumière, de joie, d'amour comme si cela allait de soi. J'ai toujours eu des doutes et je comprends mieux Nelson Mandela qui a écrit que nous étions bien davantage effrayé par notre lumière que par nos ombres. Quelque chose comme ça.

En fait, il faudrait accepter de se laisser toucher par le Divin, de se laisser travailler par lui, sa conscience, ses énergies, de se laisser remplir par sa lumière, par sa force, mais d'expérience, ce n'est pas si facile. 

Tout à la fois, on sent que les énergies travaillent et des zones du corps restent cripsées, sur leur garde, qui parfois deviennent dures et rigides, elles se ferment comme une huître. Au lieu d'avoir un corps avec des rigidités de pierres, comme si nous avions des cailloux à l'intéreieur de nous, il faudrait devenir comme de l'argile, de la pâte à modeler et se laisser complètement scultper par le Divin.

Si le corps apprenait à s'abandonner en toute confiance, ce serait un très grand progrès. Dans la tête, c'est facile, dans le corps, cela devient plus compliqué, comme si on était fabriqué comme ça. Il faut se défabriquer et se refabriquer à partir d'une autre conscience.

 

Agenda du 8 août 1958

C’est drôle que ce que l’on a compris dans sa conscience... le problème se repose dans les cellules du corps. (*)

Dans les cellules, il y a les deux choses. Le corps est convaincu de la Présence divine, partout, que tout est le Divin – il vit là-dedans – , et en même temps il se rétracte à certains contacts ! J’ai vu cela ce matin, les deux en même temps, et j’ai dit : «Seigneur, je ne sais rien du tout !»

Ici (geste au-dessus de la tête), tout est résolu, je pourrais vous écrire des livres comment on résout ceci ou cela, comment on fait la synthèse, etc., mais là (corps)... Cette synthèse, je la vis cahin-caha, les deux coexistent, mais ce n’est pas ça, n’est-ce pas (geste, mains unies vers le haut).

 

(*) Voilà une petite phrase très importante. Quand on a compris un truc avec sa tête, avec son coeur, la mémoire est encore là dans la conscience des cellules, et tant que ce n'est pas déprogrammé et reprogrammé à ce niveau-là, cela peut encore se manifester. Le corps est le lieu du travail, le lieu de la bataille disait Mère. C'est très intéressant.

 

Agenda du 3 août 1963

Ça me fait l'effet, tu sais, d'un chien qui a été tellement battu qu'il ne s'attend qu'à recevoir des coups. (*) C'est triste. Et pourtant, les preuves s'accumulent. Si la foi et la confiance pouvaient s'installer d'une façon permanente, probablement la difficulté serait passée.

 

(*) Mère parle d'un attavisme millénaire dans la conscience des cellules, lié au fait que l'évolution s'est fait sous la pression de l'adversité. Toutes ces mémoires des épreuves constantes doivent être nettoyées.

 

3) Enthousiasme

Agenda du 25 août 1954

Cela m’étonne même que vous n’en sentiez pas un besoin intense : «Comment est-ce que l’on peut savoir ?» Parce que vous le savez, on vous l’a dit, on vous l’a répété, on vous l’a seriné, n’est-ce pas. Vous savez que vous avez une conscience divine au-dedans de vous. Et vous pouvez dormir nuit après nuit et jouer jour après jour, et apprendre jour après jour, et ne pas être... ne pas être dans un état d’enthousiasme et de volonté aiguë d’entrer en contact avec vous ! – Avec vous, oui, vous-même, là, dedans (geste au milieu de la poitrine)... Ça, ça me dépasse ! (*)

La première fois que j’ai su – et personne ne me l’a dit, je l’ai su par une expérience – , la première fois que j’ai su qu’il y avait une découverte à faire au-dedans de moi, eh bien, c’était la chose qui était la plus importante. Il fallait que ça passe avant tout.

Et quand il s’est trouvé, comme j’ai dit, un livre, un homme, pour juste me donner une petite indication, me dire : «Voilà, si vous faites comme ça, le chemin s’ouvrira devant vous», mais je me suis précipitée comme un... comme un cyclone, et rien n’aurait pu m’arrêter.

Et depuis combien d’années êtes-vous ici... à moitié somnolents ? Vous y pensez bien de temps en temps, surtout quand je vous en parle ; quelquefois quand vous lisez. Mais cela, cette ardeur, cette volonté qui vainc tous les obstacles, cette concentration qui a raison de tout ?...

(*)  Ce passage m'a toujours fait une forte impression et je me demande encore pourquoi nous ne sommes pas enthousiaste. Il me semble que si nous avions la réponse à cette question, qu'un grand pas serait fait. Je n'ai jamais trouvé de réponse satisfaisante. Cela ressemble peut-être aux enfants qui, un beau jour, arrêtent de rire et de jouer et deviennent sérieux.

Pourquoi est-ce que l'on est ou devient comme ça ? Nous avons un trésor en nous et... on préfère regarder une série TV, faire toutes sortes de trucs plutôt que de trouver ce trésor ? Et c'est vrai, à la réflexion, cela ne tient pas debout. Est-ce par ignorance, par paresse ?

L'expérience avec le gisant, pour anodine qu'elle paraisse, a ravivé ce questionnement : comment réveiller cette présence endormie ?

Et si tout cela s'était enclenché à partir de ma concentration-aspiration sur le don de soi désintéressé ?

Une autre réponse m'est venue, avec une certaine insistance d'ailleurs. L'intensité. On ne pourra réveiller la présence divine en nous sans une certaine intensité de notre aspiration, de notre volonté, de notre don de soi, de notre amour...

La difficulté est souvent d'associer les contraires, d'harmoniser les paradoxes. Par exemple, d'un côté nous avons Matthieu 11.29 qui nous dit du Christ qu'il est doux et humble de coeur et de l'autre Apocalypse 3.15. qui nous dit que Dieu vomit les tièdes.

Si nous voulons réveiller la présence divine cachée dans le sanctuaire secret de notre coeur, il faut le vouloir... avec une certaine intensité.

Je vais essayer avec cette clef, et advienne que pourra : augmenter l'intensité de l'aspiration...

Cette présence divine, c'est du feu. On ne réveille pas le feu avec des glaçons.

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M
Pour le vraie don de Soi , j aime beaucoup ces pages de la Synthese des Yogas page 125 <br /> <br /> Il existe certains semblants d’égalité d’âme qu’il ne faut pas <br /> confondre avec la profonde et vaste égalité spirituelle enseignée <br /> par la Gîtâ. Il y a l’égalité d’une résignation déçue, l’égalité de la <br /> fierté, l’égalité de la dureté et de l’indifférence, et ce sont toutes des <br /> égalités égoïstes en leur nature. Elles se présentent inévitablement <br /> au cours de la sâdhanâ, mais il faut les rejeter ou les transformer <br /> en la vraie quiétude. Il y a aussi, à un niveau plus élevé, l’égalité <br /> du stoïque, l’égalité d’une résignation religieuse ou d’un sage détachement, l’égalité d’une âme retirée du monde et indifférente à <br /> ses affaires. C’est également insuffisant; ce peut être une première <br /> approximation, mais ce n’est guère plus, en fait, qu’un premier <br /> éveil de l’âme ou une imparfaite préparation mentale pour que <br /> nous puissions accéder à la calme égalité de l’esprit, vaste, existant <br /> en soi, absolue.<br /> Car il est certain qu’un aussi grand résultat ne peut s’obtenir <br /> immédiatement et sans étapes préalables. Tout d’abord, il faut <br /> apprendre à recevoir les chocs du monde en gardant silencieuse et <br /> inaffectée la partie centrale de notre être, même quand, à la surface, <br /> le mental, le cœur et la vie sont violemment secoués; inébranlables <br /> sur ce roc fondamental de notre vie, nous devons séparer des <br /> actions extérieures de notre nature l’âme qui observe par-derrière <br /> ou qui reste dans l’immunité des profondeurs au-dedans. Ensuite, <br /> étendant aux instruments le calme et la stabilité de l’âme détachée, <br /> il deviendra possible peu à peu de faire rayonner la paix depuis le <br /> centre lumineux jusqu’à la périphérie plus sombre. Au cours de ce <br /> processus, nous pouvons recourir à des aides passagères et traverser <br /> de nombreuses phases mineures : un certain stoïcisme, une calme <br /> philosophie, une certaine exaltation religieuse, peuvent nous aider <br /> à nous approcher davantage de notre but; nous pouvons même <br /> faire appel à certains pouvoirs de notre nature mentale, moins <br /> forts et moins exaltés, mais utiles cependant. Mais finalement, <br /> il faudra abandonner ces aides ou les transformer pour arriver à <br /> une égalité complète, à une paix intérieure parfaite et existant en <br /> soi, ou même, si nous le pouvons, à une félicité ayant sa source <br /> en soi, totale, inattaquable, spontanée, dans toutes les parties de <br /> notre être.<br /> <br /> Amicalement
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P
Merci Avraham pour ce partage qui aborde un point si central et essentiel qu'il est toujours bon de le rappeler. Bien amicalement à toi. Pascal