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Publié par pascalemmanuel

Première partie de l'Agenda du 12 janvier 1962 qui contient plusieurs éléments très intéressants et soulèvent un certain nombre de questions. Satprem avait posé une question à Mère sur les capacités requises pour accéder au monde supramental. Cela nous intéresse au plus haut point puisque cette nouvelle conscience imprègne toute l'atmosphère de la terre pour la transformer.

D'abord, au point de vue psychologique, il faut la condition dont j'ai parlé dans ma réponse à cet homme (histoire du cerf) (1) : c'est l'égalité parfaite. Ça, c'est une condition AB-SO-LUE. J'ai observé depuis ce moment-là, pendant des années, qu'aucune vibration supramentale ne se transmet, excepté dans cette égalité parfaite. S'il y a la moindre contradiction de cette égalité (en fait, le moindre mouvement d'ego, de la préférence de l'ego), ça ne passe pas, ça ne se transmet pas. Ce qui fait déjà une assez grosse difficulté.

(1) Voir l'Agenda ci-dessous :

En plus de cela, il y a deux conditions qui, pour que la réalisation puisse être totale, ne sont pas faciles. Parce que ce sont des choses qui ne sont pas très difficiles au point de vue intellectuel (je ne parle pas ici de n'importe qui : je parle de ceux qui ont fait un yoga et qui ont suivi une discipline), c'est relativement facile ; au point de vue psychologique aussi, si on y associe cette égalité, ce n'est pas très difficile. Mais dès qu'on arrive au plan matériel, c'est-à-dire physique, puis corporel, ce n'est pas facile.

(Puisque c'est sensé ne pas être très difficile sur le plan intellectuel et psychologique, peut-être pourrions-nous essayer d'abord sur ce plan-là, je n'y avais jamais vraiment pensé. Voyons ce que Mère veut dire :)

Les deux conditions sont celles-ci : d'abord, un pouvoir d'expansion, d'élargissement pour ainsi dire indéfini, de sorte que l'on puisse s'élargir à la dimension de la conscience supramentale, qui est totale. La conscience supramentale, c'est celle du Suprême dans sa totalité – « sa totalité », je veux dire le Suprême dans son aspect de Manifestation.

Naturellement, au point de vue supérieur de l'essence (l'essence de ce qui devient le Supramental dans la Manifestation), il faut une capacité d'identification totale avec le Suprême non seulement sous son aspect de Manifestation mais sous son aspect statique ou nirvanique, en dehors de la Manifestation: le Non-être. Mais en plus de cela, il faut être capable de s'identifier au Suprême dans le Devenir.

(Ça, cette capacité d'identification est encore pour moi quelque chose d'assez mystérieux, je comprends mal. Justement ! Cela n'empêche pas de s'exercer, de se concentrer sur le sujet.)

Et ça, ça implique ces deux choses : un élargissement au moins indéfini, qui doit être en même temps une plasticité totale afin de pouvoir suivre le Suprême dans son Devenir – ce n'est pas « à un moment donné » qu'il faut être aussi vaste que l'univers, c'est indéfiniment dans le Devenir. Ce sont les deux conditions. Il faut qu'elles soient là, potentielles.

(Potentielles, cela ne veut pas dire réalisées !)

Jusqu'au vital, c'est encore dans le domaine des choses plus que faisables – faites.

(Même uniquement sur le plan mental ou vital, cela ne me paraît pas si évident que cela ! Peut-être pourrions-nous essayer, nous concentrer, pour voir si l'expérience arrive.)

Au point de vue matériel, ça conduit à mes mésaventures de l'autre jour (1).

1. L'évanouissement: Mère se répand physiquement sur le monde. (Agenda du

Et même en acceptant a priori toutes ces mésaventures, c'est difficile, parce qu'il y a un double mouvement : une transformation cellulaire, et en même temps une capacité de « quelque chose » qui pourrait remplacer l'accroissement par un déplacement ou une réorganisation intercellulaire constante (2).

2. Plus tard, Mère a précisé le sens de cette phrase :

«Je voyais que pour suivre le Suprême dans le Devenir, il faut être capable de s'augmenter, parce que l'univers augmente dans le Devenir : il n'y a pas une quantité équivalente de disparition qui compense l'augmentation. Par conséquent, il faut avoir la capacité vraiment de croître, comme un enfant croît, de s'augmenter ; mais en même temps, l'augmentation nécessite une réorganisation intérieure constante pour que les choses progressent. Il faut, en même temps qu'on augmente la quantité (si on peut parler de quantité), qu'on maintienne la qualité par une réorganisation interne du rapport de toutes les cellules entre elles. »

Naturellement, nos corps tels qu'ils sont, c'est quelque chose de fixe, de lourd – enfin, c'est innommable tel que c'est, autrement on ne vieillirait pas. N'est-ce pas, mon être vital est plus plein d'énergie, et par conséquent de jeunesse, de pouvoir de croissance, que quand j'avais vingt ans. Il n'y a pas de comparaison. Le pouvoir est infiniment supérieur – et le corps s'en va en morceaux, enfin c'est une espèce de chose innommable. Par conséquent, c'est cet ajustement entre l'être vital et l'être matériel qui est à trouver.

(Je ne m'étais jamais vraiment posé la question sous cet angle, c'est intéressant, c'est une clef, tout un champ d'expérimentations qui s'ouvre.)

Non pas que le problème n'ait pas été partiellement résolu, parce que les hathayogis l'ont résolu, partiellement – à condition de ne s'occuper que de ça (c'est ça, la difficulté). Mais enfin il faudrait avoir le pouvoir, ayant la connaissance, de faire le nécessaire sans que ce soit une occupation exclusive.

Mais il est évident que ce n'est pas un domaine tout à fait inconnu parce que quand je me suis retirée (3) , pendant les premiers mois où j'avais cessé tout rapport avec l'extérieur, ça marchait très bien – oh ! extraordinairement. J'avais des quantités de troubles dans mon corps, qui ont été surmontés, et il y avait beaucoup d'indications assez précises que si je continuais assez longtemps, je rattraperais tout ce qui avait été perdu, avec amélioration d'équilibre. C'est-à-dire que l'équilibre du fonctionnement était très supérieur.

(3) En décembre 1958

Ça ne s'est arrêté et ne s'est détérioré que de la minute où je suis rentrée en contact avec le monde – d'autant plus que c'était aggravé par cette discipline d'élargissement qui fait que constamment, constamment j'absorbe des montagnes de difficultés à résoudre. Et alors...

(Voilà qui incite tout de même pour un certain retrait de la vie mondaine...)

Au point de vue mental, c'est assez facile – en cinq minutes on peut remettre les choses en ordre, ce n'est pas difficile. Au point de vue vital, c'est déjà un peu plus ennuyeux, ça prend un peu plus de temps.

(Pourtant, même sur le plan mental, il y a beaucoup de désordres, sans parler du vital. En tout cas, il est bon se savoir que sur ces plans, c'est sensé être bien plus facile.)

Mais alors, au point de vue matériel, ça... C'est cette contagion du mauvais fonctionnement cellulaire et cette sorte de désorganisation intérieure des choses qui ne restent pas à la place qu'il faut : chaque absorption du dehors crée instantanément un désordre, déplace tout et fait des rapports faux, disloque l'organisation, et il faut quelquefois des heures pour remettre ça en place. Ce qui fait que si je voulais vraiment utiliser la possibilité du corps sans me trouver en face de la nécessité d'en changer parce qu'il ne peut pas suivre, il faudrait vraiment que, matériellement, autant que possible, je cesse d'ingurgiter toutes sortes de choses qui me tirent d'années en arrière.

C'est difficile, difficile.

Tant qu'il n'est pas question de transformation physique, le point de vue psychologique et (en grande partie) subjectif est suffisant. Ça, c'est relativement facile.

Mais quand il s'agit d'incorporer dans le travail la Matière telle qu'elle est dans ce monde où le point de départ lui-même est faux (nous partons de l'Inconscience et de l'Ignorance), ça, c'est très difficile.

Parce que, justement, cette Matière, afin d'arriver à l'individualisation nécessaire pour retrouver la Conscience perdue, elle a été faite avec une certaine fixité indispensable pour faire durer la forme et pour garder, précisément, cette possibilité d'individualité. Et c'est ça, le principal obstacle à cet élargissement et à cette plasticité, à cette souplesse nécessaire pour être capable de recevoir le Supramental. Je me trouve constamment devant ce problème, qui est un problème tout à fait concret, absolument matériel, quand on a affaire à ces cellules et qu'il faut qu'elles restent des cellules, qu'elles ne se vaporisent pas dans une réalité qui n'est plus physique, et en même temps qu'elles aient cette souplesse, ce manque de fixité qui fait qu'elles peuvent s'élargir indéfiniment.

Il m'est arrivé, quand je faisais le travail dans le mental le plus matériel (le mental qui est incorporé dans la substance) d'avoir l'impression d'un cerveau qui gonfle-gonfle-gonfle, comme ça, et d'une tête qui va éclater tellement elle est grosse ! Il m'est arrivé, deux fois, d'être obligée d'arrêter, parce que c'était (est-ce que c'était seulement une impression, ou est-ce que c'était un fait ?) mais ça paraissait dangereux, comme si la tête allait éclater, parce que le dedans devenait trop formidable (c'était ce pouvoir dans la Matière, cette lumière bleu foncé tellement puissante, qui a des vibrations tellement puissantes, qui est capable de guérir, par exemple, qui est capable de changer le fonctionnement des organes – c'est vraiment une chose très puissante matériellement).

(Là encore, cette lumière bleue est tout un champ d'expérimentation possible...)

Eh bien, c'était ça qui remplissait ma tête de plus en plus, de plus en plus, et j'avais l'impression que le crâne était – c'était douloureux n'est-ce pas –, que le crâne était soumis à une tension du dedans au dehors qui poussait-poussait tout ça... Je me demandais ce qui allait arriver. Alors, au lieu de suivre le mouvement, de l'aider et de l'accompagner, je devenais immobile, passive, pour voir ce qui arriverait, et dans les deux cas ça s'est arrêté; je n'aidais plus le mouvement, n'est-ce pas, je restais tout simplement passive, et ça s'est arrêté, il y a eu une sorte de stabilisation.

(silence)

Mais Sri Aurobindo a dû avoir l'expérience [de cet élargissement cellulaire], parce qu'il a été tout à fait positif, il a dit que ça pouvait se faire.

Naturellement, il s'agit de la supramentalisation de la matière – la conscience, ce n'est rien.

(Si ce n'est rien, nous pouvons peut-être commencer par là, et sans doute qu'IL FAUT que nous commencions par là, nécessairement les choses commencent par un changement dans la conscience, et puis, petit à petit, ce changement se matérialise.)

La plupart des gens qui ont eu cette expérience, c'était dans le mental – ça, c'est relativement très facile. Très facile : suppression des limites de l'ego, élargissement indéfini, et le mouvement qui suit le rythme du Devenir. Tout ça, mentalement, c'est très facile.

(Pas certain que cela soit si facile 🙂 mais nous pouvons commencer par là. Cela me donne l'impression qu'il y a un "truc" à trouver.)

Vitalement... Au bout de quelques mois quand je me suis retirée, j'ai eu l'expérience au point de vue vital – c'était magnifique, merveilleux ! Là, naturellement, pour pouvoir avoir l'expérience, il faut que le mental soit changé, il faut être en pleine communion, et tout-tout vital individuel pas préparé par ce qu'on pourrait appeler une base mentale suffisante serait pris de panique – tous ces pauvres gens qui ont peur pour n'importe quelle petite expérience, il ne faut pas qu'ils y touchent, ce serait pour eux quelque chose d'affolant !

Mais il se trouve, par la Grâce divine si l'on peut dire, que ce vital actuel, de cette présente incarnation, est né libre et victorieux. Il n'a jamais eu peur de rien dans le monde vital ; les expériences les plus fantastiques étaient presque comme des jeux d'enfants.

Mais alors là, quand j'ai eu l'expérience, c'était vraiment intéressant, au point que j'ai eu pendant quelques semaines la tentation de rester là, c'était...

Je t'avais dit, une fois, un petit bout d'expérience (il y a longtemps, il y a au moins deux ans), je t'ai dit (1) que même dans la journée, c'était comme si j'étais assise sur la Terre – c'était cette réalisation dans le monde vital. Mais alors ça me faisait des nuits fantastiques ! que je n'ai jamais pu décrire à personne, je n'en ai pas parlé, mais j'attendais la nuit comme on attend une chose merveilleuse.

(1) Cela fait partie des trésors perdus, jamais notés, lorsque Mère nous racontait ses expériences sans que nous comprenions que c'était déjà «l'Agenda».

J'y ai renoncé volontairement, pour aller plus loin. Et c'est même quand j'ai fait ça que j'ai compris ce qu'ils veulent dire ici quand ils disent : he surrendered his experience [il a fait le sacrifice de son expérience]. Je n'avais jamais très bien compris en quoi ça consistait. Quand je l'ai fait, j'ai compris. J'ai dit : « Non, je ne veux pas m'arrêter là ; je Te donne tout pour aller jusqu'au bout. » Alors j'ai compris ce que ça voulait dire.

Si j'avais gardé ça, oh !... je serais devenue un de ces phénomènes mondiaux ! qui bouleversent l'histoire de la Terre. Un pouvoir formidable ! Formidable, insensé. Seulement, c'était s'arrêter là. C'était accepter ça comme point final – j'ai continué.

(Mince !  Un pouvoir formidable, insensé, capable de bouleverser l'histoire de la Terre... et pourtant, ce n'était pas encore ça. Cela pourrait donner à penser qu'il s'agissait de trouver un pouvoir plus grand encore, alors qu'il s'agissait de descendre plus profond, de ne pas s'arrêter au vital et d'enraciner ce nouveau pouvoir jusque dans la conscience cellulaire Mère reviendra souvent sur ce nouveau pouvoir de l'incorporer à la substance matérielle Mère parlera d'un nouveau ferment.)

À suivre avec la fin de cet Agenda exceptionnel...

Élargissement de l'être

Quand la conscience est étroite et personnelle ou enfermée dans le corps, il lui est difficile de recevoir quoi que ce soit du Divin ; plus elle s'élargit, plus elle peut recevoir. Vient un moment où elle se sent vaste comme le monde et capable de recevoir en elle le Divin tout entier. Sri Aurobindo – Lettres sur le yoga

Élargis-toi jusqu’à l’extrême limite de l’univers... et par-delà. Prends sur toi, toujours, toutes les nécessités de progrès, et résous-les dans l’extase de limité. Alors tu seras divin. (Agenda du 13 novembre 1957)

Sinningia speciosa – Gloxinia – Élargissement de l'être – Toutes les parties de l'être s'élargissent pour pouvoir progresser.

De couleur pourpre, le nom de cette même fleur devient Élargissement du vital le plus matériel et Mère ajoute ce commentaire intéressant :  Les limitations de l'ego commencent à être secouées.

De couleur blanche, le nom de cette fleur devient Élargissement émotif organisé et Mère ajoute ce commentaire : Il faut que l'élargissement ne soit pas le résultat d'une impulsion instinctive mais d'une organisation consciente.

*

Plasticité

Est "plastique" ce qui peut changer de forme facilement. Au figuré, c'est la souplesse, la capacité de se plier aux circonstances ou aux nécessités. Quand je dis qu'il faut être plastique vis-à-vis du Divin, cela veut dire de ne pas opposer au Divin la rigidité des idées préconçues et des principes établis. (Entretiens de Mère de 1950 - 1951)

Il faut que le physique et la conscience physique soient très plastiques afin de pouvoir se soumettre à tous les changements nécessaires ; qu'un jour il puisse être d'une façon, le lendemain d'une autre, et ainsi de suite. (Entretiens de Mère de 1950 - 1951)

Tagetes – Œillet (couleurs variées) – Plasticité – Toujours prête pour le progrès nécessaire.

Tagetes (orange à jaune orange) – Plasticité supramentalisée

Tagetes patula (couleurs variées) – Plasticité dans les détails

Tagetes erecta (jaune) – Plasticité mentale

Tagetes erecta (jaune ou orange, striée de marron pourpré) – Plasticité physique

Tagetes erecta (jaune vif, aux pétales incurvés finement plissés) – Énergie d’un mental plastique

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