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Publié par pascalemmanuel

THE  EXPERIENCE  OF  NIRVANA

(Sri Aurobindo On Himself, traduction en ligne avec deepl.)

I have never said that things (in life) are harmonious now – on the contrary, with the human consciousness as it is harmony is impossible. It is always what I have told you, that the human consciousness is defective and simply impossible – and that is why I strive for a higher consciousness to come and set right the disturbed balance. I don't want to give you Nirvana (on paper) immediately because Nirvana only leads up to Harmony in my communication.

Je n'ai jamais dit que les choses (dans la vie) étaient harmonieuses maintenant – au contraire, avec la conscience humaine telle qu'elle est, l'harmonie est impossible. C'est toujours ce que je vous ai dit, que la conscience humaine est défectueuse et tout simplement impossible – et c'est pourquoi je m'efforce qu'une conscience supérieure vienne rétablir l'équilibre perturbé. Je ne veux pas vous donner le Nirvana (sur le papier) tout de suite parce que le Nirvana ne mène qu'à l'Harmonie dans ma communication.

I am glad you are getting converted to silence, and even Nirvana is not without its uses – in my case it was the first positive spiritual experience and it made possible all the rest of the sadhana; but as to the positive way to get these things, I don't know if your mind is quite ready to proceed with it.

Je suis heureux que vous vous convertissiez au silence, et même le Nirvana n'est pas sans utilité – dans mon cas, il a été la première expérience spirituelle positive et a rendu possible tout le reste de la sadhana ; mais en ce qui concerne la manière positive d'obtenir ces choses, je ne sais pas si votre esprit est tout à fait prêt à s'y engager.

There are in fact several ways. My own way was by rejection of thought. “Sit down,” I was told, “look and you will see that your thoughts come into you from outside. Before they enter, fling them back.” I sat down and looked and saw to my astonishment that it was so; I saw and felt concretely the thought approaching as if to enter through or above the head and was able to push it back concretely before it came inside.

Il existe en fait plusieurs voies. La mienne a été le rejet de la pensée. "Asseyez-vous, me disait-on, regardez et vous verrez que vos pensées vous viennent de l'extérieur. Avant qu'elles n'entrent, rejettez-les". Je me suis assis, j'ai regardé et j'ai vu, à mon grand étonnement, qu'il en était ainsi ; j'ai vu et senti concrètement la pensée s'approcher comme pour entrer par la tête ou au-dessus de la tête et j'ai pu la repousser concrètement avant qu'elle ne pénètre à l'intérieur.

In three days – really in one – my mind became full of an eternal silence – it is still there. But that I don't know how many people can do. One (not a disciple – I had no disciples in those days) asked me how to do Yoga. I said: “Make your mind quiet first.” He did and his mind became quite silent and empty. Then he rushed to me saying: “My brain is empty of thoughts, I cannot think. I am becoming an idiot.”

En trois jours – vraiment en un seul – mon esprit s'est imprégné d'un silence éternel – il est toujours là. Mais cela, je ne sais pas combien de personnes peuvent le faire. Une personne (qui n'était pas un disciple – je n'avais pas de disciples à l'époque) m'a demandé comment faire du yoga. Je lui ai répondu : "Faites d'abord taire votre esprit". Il l'a fait et son esprit est devenu tout à fait silencieux et vide. Il s'est alors précipité vers moi en disant : "Mon cerveau est vide de pensées, je ne peux pas penser. Je deviens idiot."

He did not pause to look and see where these thoughts he uttered were coming from! Nor did he realise that one who is already an idiot cannot become one. Anyhow I was not patient in those days and I dropped him and let him lose his miraculously achieved silence.

Il ne s'est pas arrêté pour regarder d'où venaient ces pensées qu'il prononçait ! Il ne comprenait pas non plus que celui qui est déjà un idiot ne peut pas le devenir. Quoi qu'il en soit, je n'étais pas patient à l'époque, je l'ai laissé tomber et je l'ai laissé perdre son silence miraculeusement obtenu.

The usual way, the easiest if one can manage it at all, is to call down the silence from above you into the brain, mind and body.

La méthode habituelle, la plus facile si l'on y parvient, consiste à faire descendre le silence d'en haut dans le cerveau, l'esprit et le corps.

*

L’homme, lui aussi, ne devient parfait que lorsqu’il a trouvé en lui-même ce calme absolu, cette passivité du Brahman, et qu’il soutient en elle, avec la même tolérance divine et la même divine félicité, une activité libre et inépuisable. Ceux qui ont ainsi conquis le Calme intérieur peuvent percevoir toujours, jaillissant de son silence, le flux perpétuel des énergies qui sont à l’œuvre dans l’univers. Aussi n’est-il pas juste de dire que le Silence exclut par nature l’activité cosmique. L’incompatibilité apparente des deux états est une erreur du Mental limité qui, habitué à opposer radicalement affirmation et négation, et passant subitement d’un extrême à l’autre, est incapable de concevoir une conscience globale assez vaste et puissante pour embrasser les deux simultanément. Le silence ne rejette pas le monde ; il le soutient. Ou plutôt il supporte avec une égale impartialité l’activité et le retrait de l’activité, et il approuve aussi la réconciliation par laquelle l’âme demeure libre et tranquille même lorsqu’elle se livre à toute activité. (La vie divine – Livre 1, chapitre 4)

*

Mais pour calmer le mental et obtenir l'expérience spirituelle, il est tout d'abord nécessaire de purifier et de préparer la nature. Cela prend parfois de longues années. Le travail exécuté dans l'attitude juste est la méthode la plus facile, un travail accompli sans désir ni ego, en rejetant tous les mouvements de désir, d'exigence ou d'ego lorsqu'ils apparaissent, un travail accompli en offrande à la Mère divine, en se souvenant d'elle et en la priant pour qu'elle manifeste sa force et s'empare de l'action afin que là aussi, et pas seulement dans le silence intérieur, vous puissiez la sentir présente et à l’œuvre. (Sri Aurobindo – Lettres sur le yoga)

Quelques remarques me viennent à l'esprit. 

1) Pourquoi Sri Aurobindo insiste tant sur le silence mental et non sur cette formidable parole des Aperçus, car avant d'apprendre à faire taire nos pensées, il serait peut-être plus facile d'apprendre à penser correctement.

La pensée n’est pas essentielle à l’existence et n’en est pas la cause, mais c’est un instrument pour devenir   : je deviens ce que je vois en moi-même. Tout ce que la pensée me suggère, je puis le faire ; tout ce que la pensée révèle en moi, je puis le devenir. Telle devrait être l’inébranlable foi de l’homme en lui-même, car Dieu habite en lui.

Je me souviens avoir lu quelque part, je ne sais plus où, qu'il a dit que si le pouvoir de penser était un grand pouvoir, le pouvoir de ne pas penser était un pouvoir plus grand encore.

2) Si l'on est sur ses gardes et que l'on se demande quelle va être notre prochaine pensée, nous arrivons presque automatiquement à une sorte de silence mental. Mais ça ne va pas, c'est un peu comme si l'on était avec un fusil prêt à dégommer tout ce qui bouge 🙂ce type de silence crée évidement une tension. Maintenant, à partir de ce premier résultat approximatif il est possible d'amener une détente et améliorer la qualité du silence.

3) Parfois, nous pouvons entrer dans un silence apathique, une sorte de torpeur, qui ne paraît pas très salutaire. La plupart du temps, j'ai plutôt envie d'en sortir et de me secouer. Pourtant, il est arrivé aussi que cet état ne soit qu'une étape et au bout d'un certain temps, comme si nous sortions d'une zone de brouillard, on débouche dans un silence rafraîchissant, presque lumineux.

4) Un silence total, absolu est sans doute indispensable pour certaines expériences. N'empêche que même avec un silence relatif, toutes sortes de choses peuvent se passer, et heureusement. Satprem a beaucoup parlé du perroquet sur son épaule qui commente ses expériences. Par exemple dans ce passage des Carnets du 17 mars 1983. C'est un phénomène que j'ai aussi souvent observé.

Je ne sais vraiment pas quoi faire : il y a une espèce de perroquet mental qui est là pendant toute l'expérience et qui observe tout, note tout – c'est très dérangeant. Est-ce voulu ? ou est-ce une nécessité pour les « autres »? Mais c'est très gênant. On n'a pas toute la joie et le délice et la liberté de se laisser aller ou de se perdre dans l'expérience. Est-ce une manie à rejeter ?

5) Dans la recherche du silence, un autre phénomène se produit. Une pensée ou une idée plus passionnante que les autres, et la conscience tout entière semble absorbée, entraînée et alors tout un discours intérieur se met en place. On dirait un chien qui se jette sur son os, et plus rien d'autre n'existe. Je n'ai pas encore réussi à isoler, reconnaître cette partie qui se jette comme ça. Cela ressemble à un mouvement passionnel, alors cela doit être une partie du vital qui se jette sur cette faculté de penser.

6) J'ai aussi remarqué quelque chose qui, en tout cas pour moi, semble rendre les choses plus faciles. Si je cherche le silence à partir d'une notion spirituelle, psychologique ou mentale, cela n'a pas l'air de beaucoup marcher. C'est un peu difficile.

Par contre, en partant d'en bas, façon de parler, à partir d'une sorte de sensation sensorielle subtile, alors cela devient plus concret.

Notre cerveau, nos émotions, nos respirations, mêmes nos cellules, tout en nous émet des vibrations, à une certaine longueurs d'ondes. Respirations au pluriel parce qu'il y a la respiration cardiaque, pulmonaire que nous connaissance mais aussi les souffles de chacun de nos organes.

Or, depuis quelques temps j'ai été plusieurs fois traversé par l'impression-sentiment que nos ondes cérébrales, émotives, sensorielles font une sorte de brouillage qui nous empêche de connecter le Réel.  Pour que notre énergie rencontre et fusionne avec l'énergie divine, il faut que nous soyons dans un état intérieur très-très tranquille.

En passant par la détente, la tranquillisation presque charnelle du cerveau, de la substance cérébrale, de la substance corporelle, il est possible d'arriver à un grand calme qui, en s’approfondissant apporte avec lui un grand silence.

Un ami m'a récemment dit que le silence était au mental ce qu'était l'équanimité au vital et l'immobilité au physique. J'ai trouvé cela très intéressant.

7) Une dernière remarque en conclusion, Mère aussi a parlé de cette sensation de devenir idiot. De mémoire, il me semble même qu'elle ajouté qu'il n'y avait pas une personne sur un million pour accepter ça.  Pourtant, il ne doit s'agir évidemment que d'un état transitoire dans lequel le fonctionnement par le mental est remplacé par un autre mode de fonctionnement.

Il nous reste à découvrir lequel... 🙂

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