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Publié par pascalemmanuel

La grâce divine, nous ne savons pas trop ce que c'est ; ces quelques citations nous donnent quelques indications.

II faut être déjà capable de suivre les méthodes et les moyens de la Grâce pour reconnaître son action. Il faut déjà être capable de ne pas être aveuglé par les apparences pour voir une vérité plus profonde des choses. (Agenda du 1er janvier 1958)

Saponaria officinalis – Saponaire officinale – Emploi juste de la Grâce octroyée – Pas de déformations, pas de diminutions, pas d'exagérations, une claire sincérité.

En février 1958, Mère parle des forces adverses : 

Rien ne leur échappe. Mais ce qui donne une coloration adverse à ces êtres, c'est qu'ils sont d'abord et avant tout des défaitistes. Ils vous présentent toujours le tableau sous son jour le plus noir, au besoin ils défigurent vos propres intentions. Ce sont vraiment des instruments de sincérité. Mais ils oublient toujours une chose, volontairement, quelque chose qu'ils rejettent loin derrière comme si cela n'existait pas : c'est la Grâce divine. Ils oublient la prière, cette prière spontanée qui jaillit tout d'un coup du fond de l'être comme un appel intense et qui fait descendre la Grâce, et qui change le cours des choses.

Hibiscus mutabilis – Hibiscus – La Grâce Divine – Ta bonté est infinie, nous nous inclinons devant Toi avec reconnaissance.

Et dans l'Agenda du 2 juin 1961 Mère est tout à fait claire :

(A propos d’un ancien «Entretien», du 13 mars 1957, où Mère dit ceci :

«Et finalement, le meilleur ami qu’on puisse avoir, n’est-ce point le Divin ? Le Divin à qui on peut tout dire, tout révéler, parce que c’est là qu’est la source de toute miséricorde, de tout pouvoir d’effacer l’erreur quand elle ne se reproduit plus...»

Le disciple s’étonne et demande un peu étourdiment :)

Mais quand l’erreur ne se reproduit plus, il n’y a plus de problème ! C’est quand l’erreur se reproduit qu’il faudrait l’effacer ?

C’est le pouvoir divin, de la Grâce divine, d’abolir les conséquences des fautes passées dans l’être (c’est-à-dire le Karma des choses passées), quand on ne reproduit pas ses fautes. Tant qu’on les reproduit, rien ne peut être aboli parce qu’on les recrée à chaque minute. Mais quand un être a fait une erreur grave, par exemple, une faute grave (grave ou pas, mais enfin on s’occupe surtout de celles qui sont graves), ces fautes-là ont leur conséquence dans la vie, un karma qu’il faut épuiser; mais la Grâce divine, si vous vous adressez à Elle, a le pouvoir d’abolir cela, de couper la conséquence – mais pour que cela puisse se faire, pour que la Grâce le fasse, il faut que vous-même, en vous-même, vous ne recommenciez pas, que la faute commise ne se renouvelle pas. Le passé peut être complètement purifié et aboli à condition qu’on n’en refasse pas un présent perpétuel.

Je l’ai dit ici en une phrase, mais je ne voulais pas que les gens croient qu’on peut continuer à faire la même bêtise indéfiniment et qu’indéfiniment la Grâce annulera toutes les conséquences. Ce n’est pas comme cela! Le passé peut être nettoyé au point de n’avoir aucun effet sur l’avenir, mais à condition que, vous-même, vous arrêtiez la vibration mauvaise en vous-même, que vous ne reproduisiez pas indéfiniment la même vibration.

Je sais pourquoi je n’ai pas donné d’explications quand je parlais, parce que c’était l’intensité de l’expérience. Il y a, dans les Prières et Méditations, quelque chose comme cela. Je me souviens d’une expérience que j’ai eue au Japon et qui est notée là... (Mère cherche dans «Prières et Méditations» et lit à la date du 25 novembre 1917 :)

«Tu es l’ami sûr qui ne faillit point, le Pouvoir, le Soutien et le Guide.

Tu es la Lumière qui dissipe les ténèbres et le Conquérant qui assure la victoire...

C’était une série d’expériences motivées par des circonstances extérieures...

Operculina turpethum – Rose de bois – L'appel de la Grâce divine – Pas bruyant, mais persistant et très perceptible pour ceux qui savent écouter.

La Grâce est quelque chose de spontané qui jaillit de la Conscience divine et s'écoule librement de son être. (Sri Aurobindo – Lettres sur le yoga)

*

Quelles que soient la foi et la confiance que l'on ait en la Grâce divine, quelle que soit la capacité que l'on ait de La voir à l'œuvre dans toutes les circonstances, à tout moment, sur tous les points de la vie, jamais on ne pourra arriver à comprendre l'immensité merveilleuse de Son Action, et la précision, l'exactitude avec laquelle cette Action s'accomplit ; jamais on ne pourra saisir à quel point la Grâce fait tout, est derrière tout, organise tout, conduit tout, pour que la marche en avant vers la réalisation divine soit aussi prompte, aussi complète, aussi totale et aussi harmonieuse qu'elle peut l'être, étant donné les circonstances du monde.

Dès que l'on est en rapport avec Elle, il n'est pas une seconde dans le temps, pas un point dans l'espace, qui ne vous montre d'une façon éclatante ce travail perpétuel de la Grâce, cette intervention constante de la Grâce.

Et une fois que l'on a vu cela, alors on sent que jamais on n'est à la hauteur de cela, parce qu'il ne faudrait jamais l'oublier, il ne faudrait jamais avoir des peurs, des angoisses, des regrets, des reculs, des... même des souffrances. Si l'on était en union avec cette Grâce, si on La voyait partout, on commencerait à vivre une vie d'exultation, de toute-puissance, de bonheur infini. (Entretiens de Mère – 1956)

*

Plus votre foi, votre sincérité et votre soumission sont complètes, plus la Grâce et la protection seront avec vous. Et quand la Grâce et la protection de la Mère divine sont avec vous, qu'est-ce qui peut vous toucher, ou qui avez-vous à craindre ? Un peu même de sa Grâce vous portera à travers toutes les difficultés, tous les obstacles et tous les dangers. Entouré de sa pleine présence, vous pouvez aller sans crainte sur votre chemin, car c'est le sien, peu soucieux de toutes les menaces, sans être affecté par aucune hostilité, si puissante soit-elle, qu'elle vienne de ce monde ou des mondes invisibles. Son contact peut tourner les difficultés en occasions, l'insuccès en succès et la faiblesse en force qui ne défaille point. Car la Grâce de la Mère divine est l'assentiment du Suprême et, tôt ou tard, son effet est sûr ; c'est une chose décrétée, inévitable et irrésistible. (Sri Aurobindo – La Mère)

*

Une foi et une confiance absolue en la Grâce est, en dernière analyse, la Sagesse Suprême. Mère

Et puis dans l'Agenda du 1961 nous avons quelque chose de tout à fait extraordinaire, de très inhabituel, qui remet complètement en cause ce que nous pensons des lois karmiques. Pourtant, dans Savitri, Sri Aurobindo parle des dieux terribles du karma, c'est donc une réalité qui existe, mais avec d'une part, l'action de la Grâce (que nous oublions tout le temps de prendre en compte), et surtout avec la nouvelle conscience en œuvre depuis la descente supramentale du 29 février 1956, il semblerait que les lois énergétiques et spirituelles traditionnelles soient... changées, en train de changer. Ce qui était vrai ne l'est plus autant, autant commencer à nous habituer aux nouvelles façons de voir...

En tout cas, cette remise en cause des lois de cause à effet, je ne l'ai trouvé que chez Mère... et accessoirement dans Matrix, dans la querelle avec le personnage du Mérovingien qui ne jure que par cette loi d'action-réaction.

Ainsi, ce court passage avec tant d'autres dans l'Agenda nous aide à penser autrement et qui nous fait si aisément sentir que Mère travaillait avec quelque chose de tout à fait nouveau. Cette conscience tout à fait nouvelle pour la conscience terrestre cherche à s'incarner, se manifester et Mère a été simplement la pionnière, d'où ces balbutiements, la grande Aventurière des temps à venir.

C'était en 1961, il y a 62 ans, et il est possible que même aujourd’hui, Mère ait encore 63 ans d'avance...

L’état de conscience habituel, c’est de faire quelque chose POUR quelque chose. Par exemple, tous ces Rishis, ils faisaient leurs hymnes avec un but : la vie avait un but ; pour eux le but était de trouver l’Immortalité, ou la Vérité. Mais à n’importe quel niveau, il y a toujours un but. Nous, nous parlons de «réalisation supramentale», ce but.

Mais tout dernièrement, je ne sais pas ce qui s’est passé, c’est quelque chose qui a comme pris possession de moi, je ne sais pas... Avec cette (comment dire ?) cette perception du Suprême qui est tout, partout, fait tout, ce qui a été, ce qui est, ce qui sera, ce qui se fait, tout-tout, n’est-ce pas – tout d’un coup, il y a eu une sorte de... ce n’est pas une pensée, ce n’est pas une sensation, ce n’est pas cela ; c’est plutôt quelque chose comme une condition : l’irréalité du but – pas «irréalité»: l’inutilité. Pas même l’inutilité: l’inexistence du but. Et même ce que je t’ai dit encore tout à l’heure : ce qui reste dans le corps, cette volonté de faire l’expérience – même ça, c’est parti !

C’est... quelque chose... Je ne sais pas. (1)

C’est comme un ressort qui existait et qui avait sa raison d’être, et c’est pour cela qu’il persistait : faire ceci pour arriver à cela, et ceci mène à cela (mais ce n’est même pas ça, c’est plus subtil que cela), et ce ressort, tout d’un coup, semble être devenu inexistant, parce que inutile.

Maintenant c’est une sorte d’absoluité (2) dans chaque-chaque seconde, chaque mouvement, depuis le mouvement le plus subtil, le plus spirituel, jusqu’au plus matériel ; c’est cet enchaînement qui a disparu. L’enchaînement a disparu : ça n’est pas la «cause» de ça ; et ça n’est pas fait «pour» ça ; on ne va pas «là» – tout cela paraît...

(silence)

C’est peut-être comme cela que voit le Suprême ?... C’est peut-être cela, la perception, la perception suprême : un absolu. C’est assez curieux.

Un absolu innombrable et perpétuel, simultané.

(silence)

C’est curieux.

Le sens de connexion est parti, le sens de cause à effet est parti : tout cela appartient au monde de l’espace et du temps.

Chaque... chaque quoi ? Qu’est-ce que c’est que «ça» ? On ne peut pas dire un «mouvement», on ne peut pas dire un «état de conscience», on ne peut pas dire une «vibration» (tout cela appartient encore à notre mode de perception), alors on dit «chose» (chose ne signifie rien). Chaque «chose» en elle-même porte sa loi absolue.

Oh! comme c’est maladroit !

Mais ce qui est tout à fait, tout à fait clair, c’est l’absence totale de cause à effet et de but, d’intention : purpose. Il n’y a pas – ce genre de connexion comme ça (Mère fait un geste horizontal) n’existe pas : c’est comme ça (Mère fait un geste vertical qui domine et embrasse tout à la fois).

Et alors, ça peut se traduire dans une conscience par un point infinitésimal, qui est un corps physique et tout ce qui en dépend, mais c’est exactement la même chose que le Point Suprême et tout ce qui en dépend. C’est la même chose. C’est seulement comme le déplacement d’un regard (si on peut appeler cela un «regard») qui serait comme une aiguille, qui n’occuperait pas d’espace. (3)

Mais c’est la même conscience – «conscience», est-ce que c’est «conscience» ?... quelque chose comme cela. Ce n’est pas «conscience» comme nous le comprenons, ce n’est pas perception non plus : c’est une sorte de volonté de voir (mon Dieu, quels mots ! ) et alors avec une liberté et une toute-puissance absolues : ça peut être ça, ou ça peut être ça, et c’est exactement la même chose.

N’essaye pas de comprendre !

C’est évidemment intraduisible.

Mais ce qui peut se traduire, c’est cette espèce de sensation que tout l’enchaînement des causes et des effets et du purpose, du but, tout cela, ça paraît tout en bas, très loin, très loin, très... humain – c’est peut-être divin aussi (au point de vue des dieux, c’est peut-être comme cela aussi, je ne sais pas), parce que dans la conscience de la Mère universelle, c’est encore là, il y a encore cette ardeur d’amour à servir : «Faire ce que Tu veux». C’est encore là, alors c’est dans les dieux aussi.

(silence)

Ça paraît irréel. C’est très curieux.

C’est cette nuit que c’est venu. C’est venu lentement mais cette nuit c’était très fort : plus d’enchaînement, plus de cause à effet, plus de but, plus de purpose, plus d’intention – une sorte d’Absolu.

Et qui n’exclut pas la création : ce n’est pas le Nirvana, ça n’a rien à voir avec le Nirvana (le Nirvana, je connais bien, je l’ai eu – et justement encore hier, hier soir, quand je me promenais pour le japa, même ce matin...

N’est-ce pas, je commence par une invocation au Suprême sous ses trois aspects, et alors il suffit de dire le son TAT... pour abolir tout : c’est le Nirvana. Et j’ai remarqué, depuis quelques jours, que c’est instantané, avec une facilité ! et, oh! un délice, bah !...). Ce n’est pas le Nirvana, ce n’est pas cela : c’est au-delà de ça ; ça contient le Nirvana et ça contient le monde manifesté et ça contient tout-tout, toutes les apparitions et les disparition (4) – tout ça, tout ça, c’est là-dedans. Quelque chose-Quelque chose qui n’a ni cause ni effet ni prolongement (Mère fait un geste horizontal) ni purpose, pas d’intention – intention de quoi ! ? Il n’y a rien qui soit à faire ! C’est comme ça. (Mère fait le même geste vertical que tout à l'heure)

J’espère que je ne suis pas en train de te mener dans un asile d’aliénés ! (Mère rit)

(Mère se lève pour sortir)

Ce qui est tout à fait intéressant, c’est que tout reste le même. Tout reste le même : tu vois, je peux faire n’importe quoi, je te parle, je plaisante... Tout reste le même, ça ne change rien à rien.

Là où mon problème commence, c’est quand je me demande comment ça va changer !

Voilà, petit. Je crois qu’on fera bien de garder cela secret. (5)

(1) Peu à peu Mère entre en transe et se met à «suivre l’expérience».

(2) «Absolutisme», a dit Mère exactement.

(3) Mère dit tout ceci dans une transe profonde. Il nous a semblé que l’on pourrait rapprocher son expérience de celle des Rishis, lorsqu’il est dit : like an eye extended in heaven (comme un œil étendu dans le ciel).

(4) Les créations et les «destructions» de ce monde ou de tous les mondes.

(5) Ce «secret» fait probablement partie du Secret que tout cet Agenda cherche à traquer. Alors où s’arrêter ? Et si nous sommes indiscret, qui sait si le secret de l’homme n’est pas l’indiscrétion de quelque singe ?

Le lendemain de cette publication....

Hier, j'ai failli publier un passage de l'Agenda du 10 mai 1958 qui évoquait aussi la grâce divine, et je ne l'ai pas osé ; peur que le propos de Mère puisse heurter. Aujourd'hui, alors que j'étais plongé dans une méditation, j'ai totalement changé d'avis et trouvé très profitable d'être un peu secoué. Puisque Mère nous dit que dans le corps, nous n'avons aucune foi en la grâce divine, c'est justement l'occasion stimulante nécessaire pour essayer d'y faire entrer un peu de cette foi.

Notons qu'il ne s'agit pas tant, à mon avis, de "nous" en tant qu'individu. Mère parle du corps, de la conscience corporelle universelle, ce sont nos corps qui sont comme ça, fabriqués comme ça, sans foi. N'en faisons pas une affaire personnelle.

Et puis, admettons que par notre aspiration, notre concentration, nous puissions faire entrer dans notre conscience corporelle une toute petite goutte de cette foi en la grâce, qui peut dire l'effet que cela aura ? Une toute petite foi balbutiante peut avoir des effets incalculables, ça j'en ai la certitude...

Voici le passage en question :

La substance européenne semble pétrie de révolte; dans la substance indienne, cette révolte est mitigée par une influence de « surrender » (soumission). Quelqu'un me parlait l'autre jour de ses correspondants et je lui disais : mais dites- leur donc de lire, d'apprendre, de suivre La Synthèse des Yoga : ça vous mène tout droit au chemin. Alors il m'a répondu : «Oh! Ils disent: il n'est question que de surrender ; il n'est question que de surrender, toujours surrender...», et ils n'en veulent pas.

Ils n'en veulent pas ! Même si le mental accepte, le corps et le vital refusent ; le corps refuse, et il refuse avec une obstination de pierre.

N'est-ce pas par inconscience ?

Non, dès qu'il est conscient, il est conscient de son propre mensonge ! Il est conscient de cette loi-ci, de cette loi-là, de cette troisième loi, de cette quatrième loi, cette dixième loi — tout est « des lois ». « Nous sommes soumis à la loi physique : cela produira tel résultat, et si vous faites ça, il se produira ceci, etc.» N'on ! Ça sue par tous les pores ! Je le sais bien. Je le sais bien. Ça sue le mensonge. Dans le corps, on n'a aucune foi en la Grâce divine, aucune, aucune, aucune, aucune ! Si l'on n'a pas subi la tapasya comme je l'ai subie, on dit : «Oui, toutes les choses intérieures, morales, tous les sentiments, toute la psychologie, tout ça c'est très bien ; nous voulons le Divin et nous sommes prêts à nous... — mais enfin les faits matériels sont des faits matériels, ils ont leur réalité concrète: une maladie est une maladie, la nourriture est la nourriture, et la conséquence de tout ce que l'on fait est une conséquence, et quand on est... » — bah, bah, bah, bah, bah !

Il faut comprendre que ce n'est pas vrai — que ce n'est pas vrai, que c'est un mensonge, que tout cela n'est qu'un mensonge. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai !

Si nous acceptions le Suprême au-dedans de notre corps, si l'on avait l'expérience que j'ai eue il y a quelques jours : c'est la suprême Connaissance en action, avec la suppression totale de toutes les conséquences, passées et futures. Chaque seconde a son éternité et sa loi propre qui est une loi d'absolue vérité.

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