Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Publié par pascalemmanuel

Dans un article précédent, j'attirais l'attention sur la qualité des interventions des invités à la table ronde de l'UPR sur la liberté d'expression. Et puis, quelques jours se sont écoulés et je me suis aperçu que celle-ci de Philippe Millaud m'a fait une forte impression car j'y ait plusieurs fois repensé. Son intervention commence à 13 mn 13 mais voici ce qu'il dit à partir de 15 mn 44 :

Pour finir cette introduction, si vous m’accordez encore quelques secondes, je voudrais vous faire part d’un phénomène qui me paraît, dans la contestation de nos libertés d’expression, contestations virulentes, dont les détails et les expériences sont tellement multiples qu’il y faudrait des journées ou des livres – et vous en trouverez un d’ailleurs, je fais ma pub au passage.

En réalité, la chose la plus grave qui nous assaille, et là où je vous conjure de ne jamais céder vous-mêmes un seul pouce. La chose la plus grave, c’est que, en face de ce qu’André Bercoff décrivait comme quelque chose de jamais acquis. (1) Oui, la civilisation se prolonge en permanence et de générations en générations, ou alors disparaît, se noie. Ce qui me paraît extrêmement grave, c’est l’intériorisation de la privation.

Je m’explique mieux. Vous avez toujours eu des vocations tyranniques qui aimeraient bien que ce soit eux et personne d’autre qui détiennent le pouvoir et les limites de ce pouvoir, c’est-à-dire en fait, les limites de la liberté des autres. Ça, ça à toujours existé, c’est dans la nature humaine. Les forces d’équilibre, et notamment les forces vigoureuses de la volonté démocratique sont des forces qui justement viennent s’opposer.

Qu’est-ce que c’est que l’intériorisation ? C’est le fait que les uns et les autres, subrepticement, nous avons intériorisés la projection laïque de la causalité diabolique. La causalité diabolique c’est : quelque chose ne me convient pas, moi patron… et bien en réalité si ça ne me convient pas, c’est que vous êtes [doigt accusateur] possédé par le diable. C’est le camp du bien que je détient contre l’introduction du camp du mal, et à ce titre-là : au bûcher !

L’intériorisation, c’est le fait, qu’aujourd’hui, de façon parfaitement laïque et sans projet supérieur de type religieux, de façon parfaitement laïque, les uns et les autres, nous commençons à apprendre et à savoir que c’est pas bien de parler de certains sujets, que c’est pas bien de s’exprimer d’une certaine façon, et je vais en prendre juste un exemple.

Je soupçonne et je suppose et j’espère que nous serons tous d’accord pour ne pas apprécier le principe même de l’esclavage. Raison d’ailleurs pour laquelle il nous faut lutter contre l’esclavage de la mondialisation – par parenthèse. Mais l’esclavage au sens historique, les uns et les autres n’apprécions pas, je le pense, cette méthode d’exploitation et de déshumanisation d’une partie des autres. Très bien !

L’esclavage à l’évidence, à été, malheureusement, c’était une époque, assez bien réparti. L’esclavage transatlantique étant dans l’intensité un esclavage important mais qui ne le cède en rien à l’esclavage inter-africain et à l’esclavage moyen-oriental sur les Africains. Vous avez un certain nombre de traites qui se sont organisées, pour le plus grand malheur d’un certain nombre de groupes humains – ces traites ont été hélas, réparties.

Lorsqu’un scientifique, un historien comme [Olivier] Pétré Grenouilleau (2) a souhaité publier sur ce sujet de grande évidence et y apporter des détails historiques – simplement, il n’avait pas intériorisé que dans la culpabilité générale qui nous est imposé à nous français, nous européens, et à notre histoire : il ne fallait pas parler d’autre chose que de nos propres défauts, de nos propres turpitudes. (3)

Et mettre sur un plan d’égalité nos turpitudes – car il y en a eu – avec celles des autres, et dire qu'en fait, c’est quelque chose de plus général, brise l’idée de la simple culpabilité qui devrait être la nôtre, et à ce titre, ce n’était pas acceptable et Pétré Grenouilleau a été viré, chassé, honteusement, de ses charges universitaires, et qui est pire. Et c’est là où vous avez l’intériorisation des choses, qui est pire. Certains se taisaient en disant, finalement, que ce qu’il avait fait n’était pas bien.

Qu’est-ce que ça veut dire "pas bien" ? Ça veut dire qu’il a essayé de chercher ce qui approchait le plus possible de la vérité historique de cette tragédie qui est l’esclavage. Et d’autres, pire encore, étudiants manipulés par des gauchistes, ont été jusqu’à le conspuer, le huer, le chasser physiquement, au nom du bien supposé.

L’intériorisation c’est ça. C’est quand un certain nombre d’entre nous se disent : bon... on va reprendre l’exemple de la pseudo vaccination pseudo obligatoire mais en fait obligatoire. Avec des produits dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont discutables, mais ils ne l’étaient plus puisque, on a bien senti que quelque chose était imposé. Et beaucoup, en dehors de rebelles, dont vous faites fort heureusement partie, mais beaucoup ont intériorisé l’idée que, bon, ce n’était peut-être pas parfait mais que finalement il ne fallait pas en parler, qu’il fallait y passer quand même.

L’intériorisation, c’est la complicité, en réalité, du prisonnier et de son geôlier. L’intériorisation, c’est Stockholm partout – liberté nulle part. Et nous nous disons liberté partout – Stockholm nulle part. (4)

*

Notes :

(1) Philippe Millaud fait référence ici à l'intervention précédente d'André Bercoff, dont cette puissante parole : "la liberté d’expression est un sport de combat", qu'il conviendrait de garder à l'esprit.

(2) Je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur. Pour en savoir plus, voir le lien suivant : Olivier Pétré-Grenouilleau, Qu’est-ce que l’esclavage ? Une histoire globale

(3) Turpitudes – définition du Larousse

1. Laideur morale, ignominie qui résulte d'un comportement honteux. Synonymes : abjection, déshonneur, honte, ignominie, infamie.

2. Action, parole, pensée honteuse, infamie.

(4)Pour info, un court article de la Revue médicale suisse sur le syndrome de Stockholm.

*

Commentaire :

Sur le plan individuel, ce que nous dit Philippe Millaud rappelle l'idée qu'un enfant dont les parents, les professeurs n'ont cessé de répété qu'il était nul, finit par l'intérioriser et le croire. D'ailleurs, tous, nous avons avalé au cours de nos vies un certain nombre de couleuvres et accumulé sur nous-mêmes et en nous-mêmes une dose plus ou moins conséquente de jugements négatifs de toutes sortes.

Par ailleurs, les discours infantilisants des institutions et le mépris de classe de plus en plus décomplexé des médias, des gouvernants envers les peuples participent de la même volonté que nous intériorisons notre asservissement.

Sri Aurobindo nous a dit qu'une nation, c'était avant tout un peuple, une âme collective.

Et sur le plan collectif, ce processus d'intériorisation négative prend une autre forme, la forme d'une sorte de francophobie. De la part des "élites" qui nous gouvernent, nous avons des preuves constantes avec tous les phénomènes de repentance et des diverses trahisons des intérêts du pays.

Mais s'il ne s'agissait que des dirigeants, ce serait facile, il suffirait d'en changer. Combien dans la population ont intériorisé, par exemple, que la France est trop petite ? Et qu'en conséquence, il faut faire l'Europe. Pourtant, c'est une idée aussi idiote que de penser qu'un homme de 1 m 90 a plus de chance de réussir, de s'accomplir et de se réaliser qu'un homme de 1 m 70. 

Cette idée d'établir une corrélation entre la taille et la puissance est une idée folle et une idée fausse qui ne résiste pas et pourtant, particulièrement depuis Giscard d'Estaing, elle a été constamment martelée dans l'esprit des français, qui ont finit par la croire. Ce n'est pas vrai !

Pierre Millaud évoque ici notre culpabilité constante vis-à-vis de l'esclavage, mais il aurait pu donner bien d'autres exemples avec la colonisation, l'esprit d'abandon au moment de la débacle de 40 avec la Collaboration, la guerre d'Algérie...

Et justement, je viens de découvrir, un peu estomaqué, l'interview de Jean-Marc Berlière, l'auteur : Histoire d’une falsification – Vichy et la shoah dans l’Histoire officielle et le discours commémoratif

Heureux hasard, la table ronde de l'UPR finissait avec une question très sur la vérité et cette vidéo commence avec ce passage qui donne le ton :

Paul-Marie Coûteaux :

Jean-Marc Berlière .../...vous avez été un peu anar de gauche… avant de devenir agrégé d’histoire, grand professeur d’histoire de l’Université de Dijon, auteur de livres importants, notamment sur la police, et un dernier dont nous allons beaucoup parler, histoire d’une falsification. Je vous remercie encore d’avoir accordé un entretien fleuve au Nouveau Conservateur ou vous avez remis, sur la question de Vichy, les points sur les I. Mais si j’ai bien compris, vous n’êtes plus du tout un anar de gauche, non ?

Jean-Marc Berlière :

C’est-à-dire que la gauche et ce qu’elle devient, si vous voulez, cette espèce d’obstination à ne pas voir la réalité de ce qu’elle a été, de ce qu’elle pourrait être, de ce qu’elle fut, etc. ...m’a amené à prendre des distances. Et il est assez difficile, quand même, aujourd’hui, de… j’avais commencé très tôt, dès que je me suis intéressé au parti communiste, la légende du premier parti de France, etc.

Si vous voulez, j’entre en histoire comme d’autres entrent en religion, par soucis de la vérité. Je suis un obsédé de la vérité, même si je suis bien conscient qu’on ne l’atteint jamais totalement.

Avec un V majuscule non, mais il y a des choses vraies et il y a des choses fausses.

Il y a des faits qui sont incontournables et il est important de les connaître pour éviter de dire n’importe quoi.

*

Il y a deux histoires : l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des événements.

Honoré de Balzac – Les Illusions perdues

 

Tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements.

Marcel Pagnol – La Gloire de mon père

Je connaissais ces deux citations, mais elles sont issues de romans, et ces mensonges de l'histoire, ma foi, paraissent loin ; j'ai reconnu dans un article précédent en avoir finalement une idée assez vague.

Dans l'interview ci-dessous, en quelque sorte, je me les suis pris en pleine figure et certains passages m'ont laissé bouche bée.

Par exemple sur Guy Môquet dont Henri Guaino et Nicolas Sarkozy ont fait un résistant. Or si ce jeune homme a été fusillé, ce n'était pas pour acte de résistance mais parce qu'il était communiste et que les allemands réclamait des représailles après l'assassinat d'un officier. Jean-Marc Berlière s'étonne au passage que l'on ait choisit de vanter Guy Môquet, cela fait partie de notre histoire, tout le monde en a entendu parler, alors qu'on n'a fait aucune publicité particulière, par exemple, à ce jeune s'étant fait fusiller pour avoir mis le drapeau français au sommet de la cathédrale de Nantes. 

Autre exemple, il nous été enseigné et vanté les mérites des résistants communistes mais je n'avais jamais entendu parler qu'au début de la guerre, ils avaient saboté du matériel militaire français, qu'un nombre non négligeable de leurs "attentats" relevait plus des pieds nickelés et qu'ils avaient sensiblement augmenter le nombre de communistes fusillés.

Troisième exemple, et cela commence à devenir lourd. Dans l'imaginaire collectif, il est admis que c'est le gouvernement de Vichy qui a imposé le port de l'étoile jaune. Or, la vidéo nous apprend que jamais Vichy n'a accepté ce point. Jean-Marc Berlière explique en début de vidéo que la France étant vaincue, il s'appliquait alors la convention de La Haye sur les pays occupés, et qu'à ce titre, les ordonnances des Allemands devenaient force de loi et que toute l'administration était sensée obéir. 

Or, si Vichy a promulgué de lui-même certaines lois, celle-ci, il ne l'a jamais accepté. En outre, je n'avais jamais entendu dire que le port de l'étoile jaune n'avait jamais été obligatoire dans la zone libre. 

Dernier exemple, et non des moindre, à propos de la fameuse rafle du Vel' d'hiv du 16 juillet 1942 qui d'après l'auteur ne concernait pas spécialement le Vel' d'Hiv. Il commence par rappeler que les autorités de Vichy ont refusé pendant des semaines que ce soit la police française qui s'occupe de cela. Et puis, Vichy a finit par céder en obtenant le fait que cela ne concernerait pas les juifs français.

Il explique ensuite que, 3 jours plus tard, il était question d'arrêter les juifs de Nancy, estimés à 900 personnes. Or, les policiers savaient ce qu'il s'était passé à Paris, et la veille, ils sont allés prévenir tout le monde de se cacher chez un ami, chez un voisin, et il avéré que certains policiers les cachèrent chez eux. Au final, ils n’arrêtèrent que 300 personnes. Et sur ces 300, seulement 30 seulement furent déportées.

Par ailleurs, concernant le Vel' d'Hiv, Jean-Marc Berlière explique, que l'on connaît, heure par heure, le nombre de personnes arrêtées. Or, à certains moments, on s’aperçoit que le nombre d'enfants et d'adolescents diminue... parce que les policiers français ont obtenu que les enfants et les adolescents entre 14 et 16 ans soient libérés. Il évoque alors des témoignages avec des familles qui ne veulent pas être séparées, des enfants qui s'accrochent aux jupes de leurs mères ou à l'inverse des parents qui disent à leurs enfants de se sauver. 

Des témoignages comme ça, à nous tordre les boyaux.

Est-ce à dire que Sainte Police et Sainte Matraque doivent être canonisées ? Évidement non ! Il y a eu des pourris et des ordures. Par exemple, la décision de Vichy de rafler les juifs y compris en zone libre, ça franchement...

De même, le fait de sacrifier les juifs étrangers et apatrides, sur le plan moral est évidemment discutable. N’empêche qu'au final, il estime que 90% des juifs français ont échappé à la déportation, et par rapport aux pays voisins, nous n'avons pas à rougir. 

De l'histoire de Vichy et de la Collaboration, nous avons fait une histoire si sordide que nous devrions nous auto-flageller jusqu'à la nuit des temps. 

Alors qu'en réalité, l'histoire est plus nuancée et nous découvrons ici nous que même au sein de la police et de l’administration de Vichy, même pendant un événement si sombre que cette rafle, il y a eu des actes de résistance et de bravoure et d'honneur.

Sur le plan individuel, nous réconcilier avec notre histoire est une nécessité évidente, tous les thérapeutes dignes de ce nom le diront. Et bien, sur le plan collectif, c'est la même chose, nous devons nous réconcilier avec notre histoire collective, qui n'est pas aussi monstrueuse que ce que les "autorités" le prétendent. Ou en tout cas, pas plus que bien d'autres États.

La recherche de la vérité ne concerne pas seulement l'aspect spirituel ou philosophique, c'est partout et sur tous les plans et dans tous les aspects de la vie.

La colonisation est un autre aspect ou nous avons intériorisé une intense culpabilité. On nous l'a instillé versé au goutte à goutte – pendant des décennies.

Je me souviens, je ne sais plus où, d'une parole de Mère qui disait qu'aucune colonisation n'avait été pire que celle des Britanniques.

Trop de sujets sur lesquels me concentrer, et je n'ai pas encore trouvé le temps de lire le livre d'Idriss Ghali sur la contre-histoire de la colonisation française, ni de voir ces vidéos-ci-dessous. J'ai tenu cependant à les ajouter à cet article car c'est un autre aspect de cette intériorisation négative.

Après les mensonges sur l'esclavage, sur Vichy, voici ceux sur la colonisation...

Il y a encore un autre aspect de la question.

Nous avons intériorisé que la France était trop petite, que nous ne pouvions pas nous défendre tout seul dans la mondialisation, que la France avec son histoire esclavagiste, colonialiste, collaborationniste etc. était indigne d'être aimée et respectée.

De Gaulle avait l'obsession de la grandeur de la France.  "La France ne peut-être la France sans la grandeur" disait-il. Nous avons perdu cette fierté, c'est de l’orgueil, oubliant cette parole de Sri Aurobindo qu'il ne peut y avoir de bonheur dans la petitesse. Soit, cette prétention a se croire supérieure et à donner des leçons de morale et de droits de l'homme à la terre entière est insupportable.

Qu'est-ce que ça veut dire, être grand ?

Je crois que ça veut dire être soi-même. Je crois que la seule façon d'être grand de façon vraie, c'est lorsque nous laissons se manifester la vérité de notre être.

Pierre-Yves Rougeyron est un analyste politique bien plus chevronné que moi, loin s'en faut, et il explique dans une autre vidéo, que c'est Giscard qui était le plus pétris de cette idée que la France était trop petite.

Et dans celle-ci, toujours aussi percutant, presque poignant, il revient sur un sujet que François Asselineau avait résumé d'une formule assez terrible.

De par ses fonctions professionnelles et son goût personnel pour les peuples et cultures du Monde, François Asselineau répète souvent qu'il a voyagé dans 90 pays au monde.

« Appelé, en 1993, comme conseiller pour les affaires internationales au cabinet de Gérard Longuet, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur du gouvernement Balladur, en juin 1995, il devient directeur du cabinet de Françoise de Panafieu, ministre du Tourisme, dans le gouvernement Juppé – I, puis en janvier 1996 chargé de mission au cabinet d’Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Juppé – II, où il est en charge de l’Asie, de l’Océanie, de l’Amérique latine et des questions économiques. » (Extraits de sa biographie sur le site de l’UPR)

Or, ajoute-t-il, il n'a jamais vu un peuple au monde qui se saigne aux quatre veines pour des gens et des institutions qui veulent le détruire. Or, c'est ce que fait l'Union Européenne.

Pourquoi rappeler ces choses sordides ? Pourquoi insister sur cet aspect négatif ? 

D'abord parce qu'à titre personnel, ça me tord les boyaux. Je ne supporte plus ces mensonges politiques, historiques, médiatiques... ils deviennent pour moi INSUPPORTABLES ! il faut les pourchasser dans le corps collectif, comme Mère nous invitait à partir à la recherche en nous de tous les petits points noirs.

Et ensuite et surtout, parce que dans la mesure où nous entrons en contact avec ce négatif NOUS POUVONS L'OFFRIR AU DIVIN !

Et dans la mesure où nous l'offrons au divin, DANS UN AMOUR TOTAL, nous dit Mère dans un passage que j'ai partagé récemment, cela peut changer.

Je me suis demandé depuis, si nous étions capable de cela, ne serait-ce que pendant quelque secondes, les quelques secondes de l'offrande, de la chose que nous offrons, de cet amour total. Il semblerait que oui. Ou en tout cas, que nous pouvons nous en approcher.

*

Une amie m'a récemment invité à regarder la vidéo de cette grande dame qui répond à une question qui ne me semble pas très éloignée de notre sujet.

Il y est question d'une parole biblique très... choquante, provocante, intrigante... que le royaume des cieux appartient aux violents. Et c'est mis en opposition avec une autre parole issue des béatitudes qui affirme que les doux hériteront de la terre. C'est toujours très stimulant de s'intéroger sur des paroles apparemment opposées.

Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s'en emparent. Mathieu 11.12

La loi et les prophètes ont subsisté jusqu'à Jean; depuis lors, le royaume de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y entrer. Luc16.16

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Mathieu 5.5

Instinctivement, je suis tenté de faire le lien avec cette parole de Sri Aurobindo affirmant avec force qu'il n'avait jamais été un pacifiste stérile.

Et par rapport à notre sujet, cette intériorisation de la négativité fermement condamnée par Jaques Millaud, et cette violence de l'esclavage, violence de la colonisation, violence de la Collaboration, et nos propres violences, que nous ne voulons pas la voir, que nous ne voulons pas l'assumer, alors et nous jetons un voile pudique dessus et nous nous retranchons dans des pseudos postures morales ou nous utilisons toutes sortes de subterfuges pour faire diversion.

Ce que nous dit Annick de Souzenelle dans cette courte vidéo ne me semble pas si éloigné de notre sujet.

Et son invitation à remettre nos énergies animales, pleines de violence, entre les mains du Divin rejoint mon impression déjà partagée qu'en définitive, nous ne pouvons rien faire d'autre.

Purifier notre mental, notre vital, nous transformer intérieurement, nous pouvons essayer toutes sortes de "trucs", qui peuvent marcher plus ou moins bien, selon les personnes, selon les circonstances ; c'est le long chemin évolutif de l’humanité.

Mais au final, dans mes mes expériences, j'ai été plusieurs fois traversé par un tel sentiment d'impossibilité et d'impuissance que la seule chose à faire, et même la seule chose possible, c'était de tout offrir au Divin, à la Mère divine.

Alors, par rapport à ce que à quoi nous met puissamment en garde Philippe Millaud, lorsque nous découvrons en nous cette négativité malfaisante, car elle est réellement malfaisante, c'est auto-destructeur, loin de nous en affliger et de la refouler, au contraire, au contraire, nous pouvons l'offrir. Et pour le moment, c'est à peu près le seul émerveillement dont j'ai un peu l'expérience.

Quand on est au fond du trou, avec le moral dans les chaussettes, qu'on touche des états de totale incompréhension, d'angoisse, de détresse, que l'on se sent si impuissant, que l'on est confronté aux vibrations dégoûtantes des forces du Mensonge qui se déversent sur le monde... découvrir que l'on peut offrir ça, que la vibration du mantra a un effet, cela fait tout de même une sacré impression. Même si le Divin reste encore le Grand Inaperçu.

Curieuse impression que plus son Action est évidente, plus elle est discrète.

Quelques extraits de L'Agenda :

L'intelligence à son degré supérieur comprend très facilement qu'elle ne sait rien et elle est très facilement dans l'attitude requise pour progresser, mais même ceux qui ont cette intelligence, quand il s'agit de choses matérielles, ils ont instinctivement l'impression que tout ça, c'est connu, c'est su, c'est fondé sur des expériences établies ; et alors là, on est vulnérable.

Et c'est justement cela que l'on est en train d'apprendre au corps : c'est l'inanité de cette actuelle façon de voir et de comprendre les choses, basée sur le bon, le mauvais, le bien, le mal, le lumineux, l'obscur... toutes ces contradictions ; et tout le jugement, toute la conception de la vie est basée là-dessus (la vie matérielle), et c'est pour vous apprendre l'inanité de cette base. Et je vois cela. Le travail est devenu très aigu, très persistant, comme si l'on voulait aller vite.

Il faut que même la partie pratique qui pensait avoir appris à vivre et savoir ce qu'il faut faire et comment il faut faire, il faut que ça aussi comprenne que ce n'est pas le vrai savoir et que ce n'est pas la vraie manière d'utiliser les choses extérieures. (Agenda du 27 décembre 1969)

*

Pour moi, le chemin le plus rapide a été... (comment dire ?) le sens croissant de mon inanité – inexistence. Ne rien pouvoir, ne rien savoir, ne rien vouloir ; et alors, TOUT l’être, avec... ce n’est même plus une aspiration, c’est comme cela (geste d’abandon, mains ouvertes), c’est inévitable : «Sans le Divin, rien-rien – je ne suis rien, je ne comprends rien, je ne peux rien. Sans le Divin, rien.» Et être comme cela (même geste, mains ouvertes).

Et alors... une Paix... une Paix lumineuse... et si puissante !  Et quand je suis tranquille (j’ai encore vu cela d’une façon très intéressante, parce que quand je donnais une méditation à X, il y avait toujours un effort ; un effort pour méditer, un effort pour...), et cette fois-ci... (Mère abat ses mains), ça s’impose. Une Présence qui s’impose – qui s’impose. Extraordinaire... Justement, je me demandais comment serait cette méditation, si c’était comme avant – pas du tout, c’est comme cela : (Mère abat ses mains). Alors, ça va bien.

Mais il faut d’abord avoir une sincérité absolue, c’est-à-dire une CONVICTION : on n’est rien-rien-rien-rien – on ne peut rien, on ne sait rien, on n’a absolument RIEN... (Mère lève un index vers le haut) sauf le Divin. Alors ça va.

Je te l’ai dit, c’est tellement fort qu’il y a des moments où je ne peux même pas manger; et alors quand c’est comme cela, quand la conscience devient comme cela (geste d’abandon, mains ouvertes), je finis mon dîner sans même savoir que je mange... C’est inexprimable. Mais c’est merveilleux.

Seulement, il ne faut pas avoir peur – si l’on a peur, ça devient effroyable. Heureusement mon corps n’a pas peur. (Agenda du 29 décembre 1971)

Deux remarques :

1) Inanité – Définition du Larousse

Nom féminin vendant du latin inanitas, de inanis, vide.

1. Littéraire. Caractère de ce qui est vide, sans contenu réel, ne présente aucun intérêt pour le cœur ou pour l'esprit : Inanité d'une conversation mondaine.

2. Caractère de ce qui est vain, inutile, voué à l'échec : L'inanité d'un effort.

Synonymes : futilité, inutilité, vide.

Le sens de ce mot est très fort mot non ? Cela rappelle cette formidable parole de Satprem : "Qu'est-ce qui reste dans un homme quand il n'y a plus rien ?"

Faire le vide, les professeurs de qi gong nous y invitait souvent. Nous pouvons nous exercer.

2) Ça, la paix lumineuse et puissante, cette Présence extraordinaire qui s'impose de façon si merveilleuse, je n'en ai pas l'expérience, mais ce qui vient de temps en temps, c'est ce sentiment d'impossibilité et qu'alors, quelque chose d'autre prend le relais.

Mais cela semble important d'essayer, et peut-être même d'essayer de toutes ses forces, car alors c'est plus facile de lâcher prise. Quand nous abdiquons notre pouvoir un autre pouvoir peut intervenir.

Pendant quelques secondes, parfois quelques minutes, il y a la perception de quelque chose comme ça.

Toute les négativités que nous avons intériorisé, c'est le sujet de l'article, et toutes les négativités que nous voyons dans le monde, nous pouvons les offrir, nous ne sommes pas obligés de les garder, de nous flageller...

Nous pouvons nous en libérer, assumer entièrement notre histoire, personnelle et collective, et retrouver la fierté d'être nous-mêmes et la fierté d'être français : notre pays est appelé à apporter quelque chose au monde. Il s'agirait de découvrir quoi. Mais tant que nous sommes sous tutelle, tant que nous sommes pieds et poings liés, cela semble compliqué, sinon impossible.

*

Voilà le domaine où il faudrait être, et on ne serait jamais fatigué. Mais figure-toi, pour en arriver là, il faut accepter d’être tout à fait imbécile pendant pas mal de temps ! Je n’exagère pas, je me suis trouvée dans des états comme cela où on ne comprend plus rien, on ne sait plus rien, on ne pense plus rien, on ne veut plus rien, on ne peut plus rien – plus de pouvoir, plus de volonté, plus de pensée, plus rien – , on est... comme ça.

Et alors je vois, quand je suis comme ça (j’étais, parce que cela commence à s’en aller), je vois le monde extérieur, les gens comme ceux qui m’entourent, qui sont en train de me regarder et de se dire : «Ah! Mère retombe en enfance» !... Leurs vibrations me viennent, et ça a quelquefois le pouvoir de me secouer malheureusement – il a fallu que je fasse un mouvement de libération de la pensée des autres. (Agenda du 2 juin 1961)

La encore, mon expérience n'est pas celle de Mère. Loin de là. Pourtant, je vois bien que progresse le sentiment d'imbécilité en ce sens que je m'aperçois, dans mes observations intérieures, même simplement décrire le phénomène tel qu'il est perçu, c'est presque impossible. Quant à la compréhension vraie, j'en viens à me dire que c'est une illusion.

Pour prendre les choses par l'autre côté, une très belle expérience est venue. Amusante, cela m'a fait sourire. Je me suis aperçu qu'il y avait un effort bien inutile pour essayer de comprendre quelque chose... qui dépassait manifestement mes capacités d'entendement. Et tout à coup, je suis dit que nous n'étions pas obligé d'avoir un avis sur tout. Il y a des sujets sur lesquels nous pouvons accepter de ne pas savoir. Et cela m'a amené un grand soulagement. Tout l'effort intérieur de concentration, disparu en un instant. C'est alors que je me suis rappelé cette invitation de Mère à accepter d'être imbécile. Dans un autre Agenda, il me semble même qu'Elle dit qu'il n'y a pas un être sur un  million ou sur dix million qui accepte cela.

Pour revenir au sujet précédent, j'ai retrouvé une vidéo plus ancienne dans laquelle Annick de Souzenelle donne d'autres indications...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article