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Publié par pascalemmanuel

Se concentrer...

La pensée n’est pas essentielle à l’existence et n’en est pas la cause, mais c’est un instrument pour devenir : je deviens ce que je vois en moi-même. Tout ce que la pensée me suggère, je puis le faire ; tout ce que la pensée révèle en moi, je puis le devenir. Telle devrait être l’inébranlable foi de l’homme en lui-même, car Dieu habite en lui.

 Sri Aurobindo – Aperçus et Pensées

*

Sadhguru a rappelé une anecdote d'Andrew Carnegie qui expliquait qu'il devait sa fortune au fait de pouvoir se concentrer pendant 5 minutes à 100 % sur quelque chose.

*

Allongé  sur mon lit, il m'est venu l'idée de me concentrer 5 minutes sur l'idée de me laisser absorber par la puissance de la pensée de Sri Aurobindo... pour reprendre la parole de Mère du 16 février 1972. 

Dans cinquante ans, le monde, toute la partie réceptive (je ne dis pas intellectuelle, je dis réceptive), toute la partie réceptive du monde sera comme englobée – pas «englobée» : ABSORBÉE par la puissance de la pensée de Sri Aurobindo.

*

Oui mais sur quoi ?

Entre parenthèse, cela m'a donné une réponse à une remarque que je me fais souvent. Apprendre à se concentrer, développer sa concentration, ça c'est clair, c'est. nécessaire, c'est important. Par contre, se concentrer sur quoi ?

Sur la santé, la paix, la joie, le pays, la famille, les amis, les amours, les emmerdes, sur l'univers, la conscience, le Père, la Mère, l'Infini, l'espace, le temps, l'éternité, l'âme, le psychique, le Christ, le Bouddha, Agni, Indra ou n'importe quelle divinité, le nom de Sri Aurobindo, ou Sri Aravinda comme on le nomme parfois, sur le corps, les organes, la respiration, la lumière, le feu, le soleil, la lune, les planètes, les étoiles, les arbres, les fleurs, une qualité, un livre, le Divin personnel, impersonnel, le mantra...

Tout peut-être un objet de concentration et peut nous ouvrir à une  l'expérience. La question est de savoir si nous sommes capables de focaliser notre attention pendant 5 minutes sur un sujet, c'est un exercice pour s'entrainer. Et puis, sur n'importe quel point du tout, on peut toucher l'Infini, c'est une autre histoire. 

Observations diverses :

Donc, allongé, reposé, relaxé, je me suis concentré sur le fait de me fondre dans la pensée de Sri Aurobindo. Pour voir s'il se passerait quelque chose. Évidemment, il faut faire les choses sérieusement, honnêtement, sincèrement, et si des points de doute,  d'insincérité... apparaissent, il faut qu'ils apparaissent sincèrement et les offrir.

D'ailleurs, toujours le même émerveillement, un peu surpris, que la moindre petite chose, une difficulté, une question, une tension... puisse être offert. Et si c'est fait de la bonne manière, alors la chose s'arrange. Quand cela sera devenu une attitude naturelle et spontanée, ça sera bien. Encore maintenant, je n'y pense pas toujours.

Le processus ressemble beaucoup a regarder en soi un truc qui coince quelque part et le maintenir tranquillement dans la conscience, la lumière un certain temps, sans trembler, sans vaciller.... 

Même si depuis les trois jours avec Sraddhalu, la compréhension est plus forte, plus profonde que cela ne repose pas sur nos prétendues "capacités" égoïstes, personnelles et davantage sur la qualité de notre don de soi, un don de soi simple,  humble, tranquille,  confiant, sans soucis, heureux... 

Comme un enfant...

Au départ, je me suis demandé pourquoi Mère avait formulé ainsi et ce que cela voulait dire. Pourquoi dans sa pensée et non sa conscience, sa force, son énergie, la lumière...? Et puis la question s'est dissoute, probablement sans intérêt...

Et puis, je n'ai pas réussi à me concentrer à 100 % pendant 5 minutes. Au bout de quelques minutes, il y avait toujours une pensée parasite qui m'emmenait ailleurs, alors ma concentration était interrompue et il me fallait la ramener. Par contre, comme la pratique était agréable, je suis resté en intériorisation pendant une heure environ.

Au début, pendant un bon moment, la sensation générale ressemblait à des choses, des énergies retirées du corps,  de ma conscience personnelle. D'un peu partout dans le corps, ça tirait du dedans vers le dehors. Et puis cela s'est stabilisé et focalisé à différents endroits pendant de longues minutes. Le centre de la tête, le centre de la poitrine, le centre de l'abdomen, le bassin, les genoux. Par contre, cela ne semble pas être descendu au niveau des pieds.

Je sentais qu'une action avait lieu en ces endroits du corps, mais quoi, je n'en sais rien et d'ailleurs, je ne cherchais pas vraiment à voir ou à comprendre et essayait surtout de ne rien faire qui puisse entraver le mouvement des énergies.

C'est comme quand nous allons faire une séance d'ostéopathie crânienne. Le thérapeute place ces mains sous notre tête et nous sentons des mouvements intérieurs sans trop savoir ce qui se passe.

Juste une fois, sur le plan de la compréhension psychologique, quelque chose m'a traversé l'esprit et j'ai trouvé joli. Se laisser absorber par la pensée de Sri Aurobindo, cela veut peut-être dire que désormais, Il pense à nous, nous sommes dans sa pensée. Je n'en sais rien si c'est cela, mais j'étais content de me dire ça. Savoir que le Divin pense à nous, ce n'est plus tout à fait être un humain anonyme parmi les 7 851 445 582 en cet instant...

Tout au long du processus, il y avait un oui dans le corps, dans la conscience, une adhésion simple, naturelle, spontanée, confiante à ce qui se passait et puis au bout d'une heure, tout à coup, j'étais tout à fait mal à l'aise et voyant que cela ne passait pas, j'en ai conclu, soit que les énergies étaient en train de travailler un truc désagréable soit que c'était le signe que la méditation était terminé, que j'étais fatigué et ne pouvait en supporter davantage... parce que ce travail des énergies à l'intérieur, c'est fatigant. D'ailleurs, lorsque j'ai lâché prise avec l'intériorisation, c'est allé tout à fait bien. 

En conclusion, c'était une concentration intéressante et je suis certain que chacun ferait des expériences.

Une conscience collective qui descend ? 

Deux jours plus tard, ce matin, je me suis réveillé avec une perception toute nouvelle et sans savoir pourquoi, je me suis demandé tout de suite s'il n'y a pas un lien avec l'intériorisation assez profonde concentré sur Sri Aurobindo.

Toujours jusqu'à présent, quand il y a une expérience intérieure, spirituelle, je la perçois par un seul bout. Je ne sais comment dire...

Quand je suis en contact avec quelque chose, c'est la perception d'UNE SEULE chose, un seul aspect. Même si j'ai parfois du mal à le définir,  et que j'utilise plusieurs mots synonymes, complémentaires, c'est la sensation d'être en présence d'UN truc, une expérience...

Là, je me suis réveillé avec une impression de conscience collective. C'est très rare que j'ai cette impression de "collectif", ça ne m'arrive jamais... 

Ce n'était pas comme d'habitude avec l'impression d'une force ou d'une conscience qui serait composée d'une  seule couleur, d'une seule vibration mais c'était l'impression d'une conscience collective, d'une conscience qui contenait toutes sortes de choses, une impression multicolore...

qui ressemblait assez à ce patchwork, sauf que :

- les couleurs étaient encore plus pastels, comme des couleurs d'aquarelles, très délavées...

- il y avait un espace neutre, entre les couleurs,  comme un vide, d'un bleu très très pâle (la couleur de l'aura de Sri Aurobindo ?)

- et les couleurs n'étaient pas carrées mais rondes...

Et cette impression de conscience collective, très douce, très harmonieuse, très tranquille au-dessus de la tête exerçait une sorte de pression très-très douce sur la tête, le mental, peut-être pour inciter à voir les choses autrement... 

Ornithogalum umbellatum – Dame d'onze heures – Beauté dans la simplicité collective

Quelques jours plus tôt, il m'était revenu en mémoire de vagues souvenirs de L'Agenda du 3 juillet 1957 sur les conditions d'un yoga collectif. L'expérience de ce matin est l'occasion de le relire. En ces temps, avec un monde qui s'effondre et un monde qui cherche à se construire, c'est sans doute d'actualité. Extraits :

Il m’a été demandé si nous faisions un yoga collectif et quelles sont les conditions du yoga collectif ?

Je pourrais d’abord vous dire que pour faire un yoga collectif, il faut être une collectivité! et vous parler des différentes conditions requises pour être une collectivité. Mais la nuit dernière (souriant) j’ai eu une vision symbolique de notre collectivité.

(…)

... je voulais vous dire justement quel genre de collectivité nous voulons réaliser d’après l’idéal que Sri Aurobindo en a donné dans le dernier chapitre de La Vie Divine – une collectivité supramentale, gnostique, la seule qui puisse faire le yoga intégral de Sri Aurobindo et se réaliser physiquement dans un corps collectif progressif et de plus en plus divin – , le souvenir de cette vision est devenu si impératif qu’il m’a empêchée de parler.

(…)

C’est tout à fait clair dans son symbole, en ce sens que toutes les possibilités sont là, toutes les activités sont là, mais dans un désordre et une confusion. Elle ne sont ni coordonnées, ni centralisées, ni unifiées autour de la vérité et de la conscience et de la volonté centrales uniques.

Et nous en revenons alors à... justement cette question d’un yoga collectif et de la collectivité qui pourra le réaliser. Et quelle doit être cette collectivité ?

(…)

C’est l’un des types les plus courants de collectivité humaine. : se grouper, se lier, s’unir autour d’un idéal commun, d’une action commune, d’une réalisation commune, mais d’une façon tout à fait artificielle.

A l’encontre de cela, Sri Aurobindo nous a dit qu’une communauté vraie – ce qu’il appelle une communauté gnostique ou supramentale – ne peut exister que sur la réalisation intérieure de chacun de ses membres, chacun réalisant son unité et son identité réelles, concrètes, avec tous les autres membres de la communauté, c’est-à-dire que chacun ne doit pas se sentir comme un membre uni d’une façon quelconque à tous les autres, mais comme tous en un, en lui-même.

Pour chacun, les autres doivent être lui-même autant que son propre corps, et non pas d’une façon mentale et artificielle, mais par un fait de conscience, par une réalisation intérieure.

(silence)

Cela veut dire qu’avant d’espérer réaliser cette collectivité gnostique, il faudrait que chacun devienne, d’abord (ou tout au moins commence à devenir) un être gnostique.

C’est évident, le travail individuel doit marcher en avant et le travail collectif suivre; mais il se trouve que, spontanément, sans aucune intervention arbitraire de la volonté, la marche individuelle est pour ainsi dire contrôlée ou enrayée par l’état collectif. Il y a, entre la collectivité et l’individu, une interdépendance dont on ne peut pas se libérer totalement, même si l’on essaye.

Et même celui qui, dans son yoga, essaierait de se libérer totalement de l’état de conscience terrestre et humain, serait, dans son subconscient tout au moins, lié à l’état de l’ensemble, qui freine, qui tire en arrière.

(…)

Et c’est pourquoi Sri Aurobindo a dit aussi quelque part ailleurs, qu’un double mouvement était nécessaire, et qu’à l’effort de progrès et de réalisation individuels, doit s’unir un effort pour essayer de soulever l’ensemble et lui faire faire un progrès indispensable pour permettre le progrès plus grand de l’individu : un progrès de la masse, pourrait-on dire, qui permettrait à l’individu de faire un pas de plus en avant.

(…)

Ainsi, le meilleur emploi que l’on puisse faire de ces méditations (qui vont en se multipliant puisque maintenant nous allons remplacer aussi les «distributions» par de courtes méditations), c’est d’aller trouver au fond de soi, aussi loin que l’on peut aller, l’endroit où l’on peut sentir, percevoir, et peut-être même créer, une atmosphère d’unité dans laquelle une force d’ordre et d’organisation pourra mettre chaque élément à sa place et faire surgir un monde nouveau, coordonné, hors du chaos qui existe en ce moment. 

La venue du Supramental sur la terre ne changera rien dans un homme, s'il s'accroche à son ego.

Sri Aurobindo – Agenda du 29 mars 1957

*

Ma conclusion reste la même : la priorité est que nous trouvions notre centre Divin, la Vérité de notre être, dans les profondeurs du coeur, derrière le coeur, et tout le reste suivra...

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