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Publié par pascalemmanuel

Le dernier Secrets d'histoire

de Stéphane Bern consacré à Émile Zola m'a plongé dans son histoire dont je n'avais finalement qu'un vague aperçu. J'ignorais à peu près tout, sa vie, sa mort, ses origines, son amitié avec Paul Cézanne, sa défense des impressionnistes, l'ampleur immense de son succès littéraire, sa méthode de travail, ni même que son célèbre J'accuse ! qui habite l'imaginaire de notre conscience collective avant tant déchaîné les passions et l'avait fait condamner dans une parodie de procès à la peine maximum d'un an de prison et qu'il fallut le convaincre de fuir en exil ; il était prêt à assumer ses actes et à accepter la prison.

Soulignons aussi son courage : il s'avait dès le départ les risques qu'il encourait car il n'hésita pas mettre le gouvernement au défi de lui faire un procès, ce qui arriva et fit basculer l'opinion publique en faveur du capitaine Dreyfus et a ouvert la porte à sa réhabilitation. Ce n'est pas sans rappeler le procès de Vichy contre Léon Blum qui se retourna contre le gouvernement, au point qu'Hitler le fasse cesser. Mais c'est une autre histoire. (Voir le documentaire)

J'ignorais enfin que Zola plaçait la vérité au sommet de ses valeurs. Pour preuves, quelques courts extraits de sa lettre au Président de la République Félix Faure publiée dans l'Aurore le 13 janvier 1898.

La vérité, je la dirai, car j'ai promis delà dire, si la justice, régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice. Mes nuits seraient hantées par le spectre de l'innocent qui expie là-bas, dans la plus affreuse des tortures, un crime qu'il n'a pas commis.

Et c'est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte d'honnête homme.

(…)

C'est un crime que d'exploiter le patriotisme pour des œuvres de haine, et c'est un crime enfin que de faire du sabre le dieu moderne, lorsque toute la science humaine est au travail pour l'œuvre prochaine de vérité et de justice.

Cette vérité, cette justice, que nous avons si passionnément voulues, quelle détresse à les voir ainsi souffletées, plus méconnues et plus obscurcies !

(…)

Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre présidence une souillure. Je me doute bien que vous n'avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le prisonnier de la Constitution et de votre entourage. Vous n'en avez pas moins un devoir d’homme, auquel vous songerez et que vous remplirez.

Ce n'est pas, d'ailleurs, que je désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente : la vérité est en marche, et rien ne l'arrêtera. C’est aujourd'hui seulement que l'affaire commence, puisque aujourd'hui seulement les positions sont nettes : d'une part, les coupable qui ne veulent pas que la lumière se fasse ; de l'autre, les justiciers qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.

(…)

Quant aux gens que j'accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n'ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l'acte que j'accomplis ici n'est qu'un moyen révolutionnaire pour hâter l'explosion de la vérité et de la justice.

(…)

Je n'ai qu'une passion, celle de la lumière, au nom de l'humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n'est que le cri de mon âme. Qu'on ose donc me traduire en cour d'assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !

J'attends.

Ci-dessous, liens vers l'intégralité de sa lettre en version écrite ou audio.

Pour tout dire, son éloquence et l'intensité de son combat pour la vérité m'ont touché et m'ont rappelé les professeurs Raoult, Perronne, Toubiana, et puis, Louis Fouché, Alexandra Henrion-Caude, Jean-Dominique Michel, Anne Bilheran, Pierre Chaillot, Maître Brusa, Silvano Trotta, Étienne Chouard, François Asselineau, Xavier Moreau, Jacques Baud et tant d'autres, qui eux aussi ont mouillé la chemise pour défendre la vérité sur la crise Covid, sur l'UE, sur les institutions, sur le conflit en Ukraine... Sans oublier les innombrables petits colibris qui ont relayé les informations transmises par ces ténors.

C'est tout de même touchant et encourageant de se rappeler que... des voix se sont levées, pour la vérité. Cette émission sur Zola a un peu réactivé tout cela.

Et puis son histoire a le mérite de nous rendre une certaine fierté, comme si son immense gloire rejaillissait en partie sur nous, peut-être parce qu'en définitive, la conscience est une. Après tout, ce n'est pas tout à fait accessoire car lorsque l'on regarde l'état du pays et la déliquescence des politiciens qui gouvernent depuis quelques décennies, c'est plutôt un sentiment de honte qui nous habite.

Même sa fidélité en amitié ou son histoire d'amour est touchante, avec en particulier la réconciliation entre sa femme et sa maîtresse qui lui donna ses deux enfants.

Maintenant, ce moment de nostalgie passé, notre situation actuelle a bien changé et il n'est sans doute plus temps d'accuser. Au contraire, si le temps d'une sorte de jugement dernier approche, un basculement de la conscience, c'est plutôt une parole des évangiles qui me vient : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.

Même si aucune parole ne peut convenir à tous ; c'est à chacun de trouver l'articulation qui lui convient, de se faire sa vision des choses...

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