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Publié par pascalemmanuel

Avec les 1714 articles de ce blog, il est arrivé des centaines de fois, après un article, qu'en intériorisation, quelque chose se passe et me fasse penser que j'aurais dû, pour être plus complet, plus nuancé, aller un peu loin ou plus profondément, ajouter ceci, cela... et que je publiais bien trop vite. C'est sans doute en partie vrai et en partie un peu idiot car dans ces partages, il y a de nombreuses références à Sri Aurobindo-Mère et ces références, sont vivantes ; elles enclenchent des processus pour le moins imprévisibles, incalculables, ce ne sont pas des choses que nous pouvons si aisément maîtriser, à supposé que cela soit possible...

Ainsi, tout à cou l'article d'hier m'est revenu en mémoire et je remarquais que toutes ces années, je n'avais jamais beaucoup pensé à l'élément air, ni même aux cinq éléments traditionnels de la culture occidentale puisque en qi gong nous parlons de ceux de tradition chinoise, et que Sri Aurobindo-Mère, en parlent eux-mêmes assez peu. Et je constate que quelques jours après le passage de la vidéo de Sraddhalu sur la physique du Véda avec ce qu'il a pu dire sur Agni, Vayu, l'Éther... il arrive cette vidéo de Guilhem Cayzac qui nous dit des choses très fortes sur les pollution dans l'élément Air.

Ce monde merveilleux de Félicité, à nos portes, qui attend notre appel pour descendre sur la terre.

Et Mère d'ajouter en commentaire, le 2 octobre 1960 :

Ce monde de Félicité, au-dessus de nous, attend – pas que nous soyons prêts mais que nous voulions bien, que nous condescendions à le recevoir !

Et que cela me plaise ou non, je constate que c'est encore revenu, que cela continue de me travailler. Peut-être parce que je partage le sentiment de Sraddhalu que les deux ans à venir sont une période décisive dans l'histoire de la Terre... et que, face à une situation pareille, j'aimerais trouver ce que nous pouvons faire de mieux.

Je repensais à la nécessité de nous tourner vers ce monde de félicité, ce monde de vérité, vers la Lumière, les Forces supramentales, la Conscience divine, la Paix divine, la Pureté divine, le Pouvoir divin, les Armées divines, les Puissances de l'Avenir, Vayu lui-même, puisqu'il est le Seigneur de l'élément concerné par la vidéo de Guilhem Cayzac, vers l'Aide divine, vers la Grâce divine, vers la Compassion de Sri Aurobindo, dont il a été dit, qu'elles sont TOUJOURS LÀ...

Pour demander, prier, aspirer... à ce que ces Forces descendent sur terre, se manifestent sur la terre, imprègnent la conscience terrestre tout entière... qui en a bien besoin.

Les 25 mars et 26 septembre de l'année 1964 Mère à parlé aussi de la puissance de la vibration d'Ordre et d'Harmonie...

Et ça me paraît se passer assez souvent – beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. Par exemple, chaque fois qu'une maladie est guérie, chaque fois qu'un accident est évité, chaque fois qu'une catastrophe, même terrestre, est évitée, tout cela, c'est toujours l'intervention de la Vibration d'Harmonie dans la vibration de Désordre, qui permet que le Désordre cesse.

Alors les gens, les fidèles qui disent toujours : «Par la Grâce divine, ceci est arrivé», ce n'est pas si faux.

Je constate seulement un fait, que c'est cette Vibration d'Ordre et d'Harmonie qui est intervenue (les raisons de son intervention n'ont rien à voir, c'est seulement une constatation scientifique), et ça, j'en ai eu un assez grand nombre d'expériences.

Satprem : Ce serait le processus de transformation du monde ?

Oui.

Une incarnation de plus en plus constante de cette Vibration d'Ordre.

C'est cela, oui, exactement. Exactement.

Mince alors ! C'est très-très fort non ? Si à l'heure où le monde va si mal et de plus en plus mal, si lorsqu'il est au bord du précipice les hommes ne se tournent pas vers cette vibration d'Ordre qui peut les sauver, alors effectivement, comment l'a envisagé Sri Aurobindo, une partie de l'humanité a plus ou moins consciemment choisi de se laisser aller vers le suicide.

Et le 26 septembre, Mère ajoute une indication supplémentaire.

Mais s'il y a une attaque de Désordre quelque part, sérieuse, tous ces petits troubles réapparaissent immédiatement, ici, là, là... C'est un fait que j'ai observé. Et le mouvement contraire suit le même schéma: si l'on arrive à apporter à l'endroit attaqué la vraie Vibration – la Vibration d'Ordre et d'Harmonie – et que l'on arrête le Désordre... toutes les autres choses se remettent en ordre, comme automatiquement.

En fait, Mère a parlé de cette vibration d'Ordre et d'Harmonie pour rétablir la santé, pour les désordres du corps, mais elle ajoute...

Et je parle ici des cellules du corps, mais c'est la même chose pour les événements extérieurs, jusqu'aux événements mondiaux. C'est même remarquable au point de vue des tremblements de terre, des éruptions de volcan, etc.; il semblerait que la terre tout entière soit comme le corps, c'est-à-dire que si un point fléchit et manifeste le Désordre, tous les points sensibles subissent le même effet.

Certes, nous pouvons appeler pour nous-mêmes, nos proches, notre pays... mais nous pouvons aussi nous détacher complètement, autant que possible, de notre intérêt personnel, et demander, prier, aspirer pour la Terre tout entière.

Ainsi, j'étais à me demander comment notre appel pouvait être entendu, avoir le maximum d'efficacité et j'essayais de construire, de trouver... la qualité vraie de la l'Appel, ce monde de félicité ATTEND notre appel nous dit Mère. C'est incroyable ce truc-là... 🙂 si on y réfléchit, si on commence à en tirer les conséquences.

Alors évidemment, tout commence et tout repose sur la sincérité. C'est d'ailleurs la première des 12 Pouvoirs du mandala de Mère. Un cœur sincère vaut tous les trésors du monde nous dit Sri Aurobindo. Celle-là aussi, vaut son pesant d'or..

Et puis, il y a les autres, l'humilité, la gratitude, la persévérance... Si nous nous contentons d'appeler comme ça, une fois de temps en temps, cela n'aura sans doute pas le même effet si nous nous y consacrons de façon assidue, avec une certaine intensité.

Et pendant ma méditation, toutes ces choses et quelques autres venaient en moi avec une certaine force entraînant une sorte d'agitation... parce que ce sont des vibrations très fortes derrière tout ça.

Et d'un seul coup tout s'est posé parce que deux autres façon devoir se sont présenté.

Avec la première, je me suis dit que c'était l'ego, la conscience superficielle de l'être qui essayait de trouver l'attitude juste, l'attitude vraie... et cela a son importance, cela veut dire qu'il y a une implication, une bonne volonté... et tout ça a de la valeur. Même si ce n'est qu'une étape préparatoire et qu'au final, il s'agit plutôt de laisser l'âme aspirer, à sa façon...

Notre âme, l'être psychique, la Présence divine en nous, sait très bien comment demander, prier, aspirer... Il faut que cela soit elle qui aspire : toute notre nature autour du Point de Lumière au centre de notre poitrine se tranquillise et se laisse imprégner, prendre par la main...

Cet éveil de l'aspiration en nous est un processus important...

D'abord, dans mon expérience, c'est l'ego, la personnalité qui a compris son importance et s'en saisit et veut participer, montrer sa bonne volonté etc...

Et puis, nous découvrons qu'il y a quelque chose nous de bien plus profond qui aspire et que c'est ça, qu'il faut laisser aspirer, il faut lui laisser du temps et de l'espace et de la souplesse...

Et j'en suis resté là... mais en écrivant ce partage, d'autres souvenirs me reviennent en mémoire où il est question de l'éveil de l'aspiration dans les cellules, dans la conscience corporelle elle-même. Mère en parle, Satprem en parle... Et quand nous en arrivons-là...

Mais chaque chose en son temps et cette première découverte en a presque immédiatement enclenché une autre...

Et puis, une seconde façon de voir est venue.

Enfin, c'est plus que des façons de voir, derrière il y a des ressentis, une expérimentation. Je me suis dit que tout ça était encore trop psychologique, trop psycho-spirituel... et alors je me suis souvenu que Mère avait parlé d'un autre rythme...

Le monde de félicité, de vérité, de lumière etc... tout ça ce sont des mots mais derrière il doit y avoir une qualité vibratoire...

Et tout à coup, effectivement, j'ai senti un autre rythme...

Notre mental, notre corps, notre être... je ne sais pas quoi, tout cet assemblage qui nous constitue fonctionne avec un certain rythme... et dieu sait que le sujet me préoccupe concrètement depuis des années. Même applaudir en rythme, j'ai toujours trouvé ça compliqué et je suis généralement assez vite perdu... c'est dire qu'avec ces histoires de rythme, je pars de très-très loin 😀 😀 😀

En tout cas, tout à coup, il y avait une perception claire d'un autre rythme, beaucoup plus doux, plus vaste, plus harmonieux que mon propre rythme... et tout d'un coup, ce n'était plus de la psychologie, de la spiritualité, mais une question concrète, physique, palpable, perceptible de savoir se laisser aller (ou non) dans ce rythme...

Cette expérience, après coup, selon moi fut la réponse d'en haut à l'aspiration de l'âme...

Dans un premier temps, j'ai finit par comprendre par le ressenti qu'il fallait laisser l'âme aspirer à sa façon, qu'elle seule savait comment aspirer, et cette expérience d'un grand rythme universel était comme une réponse, c'est ça qui est venu. Pour quelqu'un d'autre, la réponse sera nécessairement différente. Ce n'est pas ce que j'ai vécu qui est intéressant, chacun vit ce qu'il a à vivre, c'est cette espèce de... mode d'emploi.

En tout cas, avec cette approche par le rythme, c'est infiniment PLUS SIMPLE ! Tout le questionnement se résout dans une formidable simplicité. Chercher ce Rythme, trouver ce Rythme, vivre dans ce Rythme... et nous approcherons de la solution. Ce Rythme semble porter en lui... beaucoup de choses.    

Ci-dessous, résultat de la recherche dans l'index de l'Agenda avec l'expression "rythme universel". Cette expérience m'invite à relire les 4 Agendas ou Mère en parle.

Maintenant, écrire ce partage m'a amené à faire quelques recherches dans l'Agenda et j'ai trouvé des choses qui... presque, contredisent mon expérience 😀 ! Je trouve cela très amusant. Ce n'est pas vraiment contredire, c'est plutôt d'autres façons de voir, totalement différente.

Je racontais plus haut avoir été très préoccupé par la nécessité de trouver la meilleure chose à faire en fonction des circonstances assez désastreuses que nous traversons. Un responsable dirait Asselineau, c'est quelqu'un QUI A DES RÉPONSES ! 😀 Je cherchais la réponse qui pouvait avoir le maximum d'efficacité !

Et voici un premier passage de l'Agenda du 22 janvier 1964 :

Puis Mère montre une autre note manuscrite :

Ce sont des prières qui partent d'ici (centre du cœur), comme cela, tout d'un coup, sans que l'on s'y attende – ça sort tout le temps, mais celle-là m'a intéressée. C'était encore après mon bain (!). Ça arrive souvent à ce moment-là...

«Être ce que Tu veux que je sois, faire ce que Tu veux que je fasse...

C'était le commencement ; puis est venue la sensation : «Qu'est-ce que c'est que ce "je" ridicule ?» (remarque, ça ne vient pas du vital ni du mental, pas du tout : c'est du corps, ce sont les cellules du corps qui, tout d'un coup, se disent : «Mais qu'est-ce que ce "je"!») Alors est venue l'expérience, et c'était très intense :

«Être Toi, à chaque instant la Spontanéité suprême.»

(silence)

Les êtres humains font toujours quelque chose POUR quelque chose, avec un but, une raison, un mobile ; même la vie spirituelle, même l'effort spirituel, c'est POUR le progrès de la conscience, POUR arriver à la Vérité, pour... c'est une vibration qui a toujours une queue – une queue en avant.

Et ces cellules se sont aperçues que si l'on arrive à avoir la vibration sans la queue, la puissance est décuplée – «décuplée» n'est rien ! parfois c'est fantastique, la différence.

Et justement, quand elles disaient cela : «Être ce que Tu veux...», c'était une façon d'exprimer un besoin qu'elles sentaient de cela ; mais une fois exprimé, elles ont dit : «Qu'est-ce que c'est que cette platitude ! Qu'est-ce que c'est que ce "je" qui vient là-dedans!»

Et puis tout d'un coup, la Vraie Vibration est venue – n'est-ce pas, la Vraie Vibration qui est sans cause et sans effets, qui, à chaque instant de l'univers, est totale et absolue. Et cela s'est traduit ainsi :

«Être Toi Seigneur, à chaque instant la Spontanéité suprême.»

Ça a fait un éblouissement extraordinaire – ça n'a pas duré.

*

Je comprends pourquoi le premier mot qui m'est venu en redécouvrant ce passage fut "contredire". Tout est parti dans mon expérience d'un but clair et déterminé. Ce n'est pas possible, le monde entier part en... il faut faire quelque chose, et la meilleure réponse, selon moi, c'est le travail intérieur, c'est l'Appel des forces spirituelles. Et jusqu'à un certain point, cela reste sans doute très nécessaire... mais là Mère nous dit quelque chose de très différent et de fichtrement amusant ! 😀

Voyons un autre exemple. Nous pouvons trouver de très nombreux passages où il est question d'abdiquer l'ego, de devenir impersonnel, que toutes nos réactions et préférences personnelles perturbent la libre action de la Force spirituelle, et ce que nous cherchons, c'est la plus grande efficacité possible. Cela fait partie de notre apprentissage de comprendre comment les choses fonctionnent.

De même, il est beaucoup question de purifier notre vital, d'apaiser nos émotions.

Pour autant, ce passage de l'Agenda du 12 septembre 1969 attire l'attention d'une façon tout à fait saisissante sur la place des émotions.

Alors il faut se servir d'un moyen ou d'un autre (les gens ne comprennent pas, ils comprennent toujours à moitié); moi, je passe mon temps à leur dire : «Soyez tranquilles, soyez tranquilles...» Mais évidemment, ils peuvent aussi devenir comme cela, inertes... On ne sait pas quoi faire.

Avec cette Conscience, j'ai eu cette expérience un matin, du pouvoir (le vrai pouvoir) ; alors en passant par la conscience tout à fait statique, immobile, paisible, il n'y a aucune déformation ; et puis passant, éveillant le sens du pouvoir dans l'individu et la collaboration de la volonté individuelle.

Si c'est (j'ai vu les deux en même temps), si c'est une conscience yoguique avec le calme et l'IMPERSONNALITÉ (c'est-à-dire aucun désir et aucune préférence), alors c'est encore plus puissant, parce que c'est dirigé à un endroit précis au lieu de travailler comme cela d'une façon générale – c'est dirigé à un endroit précis, et l'action est multipliée ; mais si, dans la conscience à travers laquelle ça doit agir, il y a le moindre désir, la moindre préférence, ou le moindre recul... c'est tout gâché. Tout gâché, ça fait comme cela (geste trépidant), c'est fini.

J'ai vu ça avec des exemples à l'appui ; pas des exemples racontés, il n'y a rien de mental : c'est tout montré – c'est montré avec les vibrations. Et ça, c'est vraiment intéressant. C'est-à-dire que dans la conscience du surhomme, avec l'impersonnalisation complète (c'est-à-dire aucune préférence, aucun désir, aucun refus, rien, n'est-ce pas, on est comme cela : geste du Témoin immobile), il y aura la capacité de diriger sur un point précis le Pouvoir pour qu'il agisse, et alors, il sera multiplié dans la Matière. Une multiplication de pouvoir, c'est-à-dire une intensification de pouvoir dans la Matière.

Ça explique (c'est le corps qui apprend tout cela, il est vraiment très content), ça lui explique très clairement pourquoi il y a eu des individus et à quoi ça sert dans l'ensemble – mais il faut que ces individus perdent tout ce qui a été nécessaire pour les former ; il faut qu'ils dépassent ça et qu'ils redeviennent divins. Alors – alors le résultat sera extraordinaire.

C'est très intéressant.

Ça a expliqué aussi l'usage – la raison d'être et l'usage, l'utilisation – des émotions : comment toutes ces choses qui dans leur état «incomplet» sont des... paraissent être des obstacles et des choses à éliminer, comment, dès que la conscience est clarifiée et que l'union est établie, que la séparation a disparu, toutes ces choses prennent leur place et leur pleine utilité...

Je ne me souviens plus maintenant, mais ces jours-ci, j'ai eu un exemple ici si intéressant ! je ne me souviens plus (c'est exprès, je ne me souviens de rien), mais d'un mouvement de la conscience ici (et maintenant le corps est très conscient de cette présence de la conscience du surhomme et il est très ouvert et très reconnaissant, et il est très conscient), eh bien, il a vu un mouvement... quelque chose qui ressemble à de la compassion, une compassion aiguë, mais avec l'émotion que le vital sent quand il a une compassion (c'est-à-dire, ce qu'ajoute le vital) ; il a vu cela et il a vu immédiatement l'effet produit et la réponse.

C'était quelqu'un (je ne me souviens plus, c'est enlevé exprès), mais il s'agissait de quelque chose qui était arrivé à quelqu'un, et de la réaction de cette conscience du corps avec une sorte de pitié attendrie, et alors ça a décuplé le pouvoir – l'effet du pouvoir pour la guérison –, parce que c'était tout à fait impersonnel. C'était le Pouvoir qui se servait de ça (cette émotion) comme de moyen d'action.

C'est tout le temps, tout le temps : apprendre-apprendre-apprendre... Intéressant ! (Mère rit)

Ainsi, l'état impersonnel à trouver et devenir n'est pas une annulation des émotions, n'est pas incompatible avec les émotions et les deux ensembles décuplent encore l'effet. Je trouve cela très important parce que, je ne sais pas pour les autres, mais pour moi, les émotions dans ce processus intérieur, en général, je ne sais pas trop quoi en faire et elles sont plutôt perçues comme venant plus perturber qu'autre chose. Si ce court passage pouvait amener une sorte de réconciliation en nous avec notre dimension émotive, ce serait un premier résultat intéressant.

Et puis, pour finir, dans l'Agenda du 28 septembre 1966 Mère revient sur un autre aspect de la question. Je crois qu'il est important de ne jamais voir les choses d'une seule façon.

C'est devenu une certitude parce que, toutes ces cellules, en elles est née l'aspiration, qui devient de plus en plus intense et qui s'étonne de la résistance, mais elles ont observé que quand quelque chose est dérangé dans le fonctionnement (c'est-à-dire qu'au lieu d'être souple, spontané, naturel, le fonctionnement devient un effort pénible, une lutte avec quelque chose qui prend l'apparence d'une mauvaise volonté mais qui est seulement une réticence qui ne comprend pas), à ce moment-là, l'intensité de l'aspiration, de l'appel, est décuplée : elle devient constante.

La difficulté est de rester à cet état d'intensité ; généralement tout retombe, je ne peux pas dire dans une somnolence mais c'est une sorte de relâchement : on prend les choses facilement ; et c'est seulement quand le désordre intérieur devient pénible que l'intensité croît et reste permanente. Pendant des heures – des heures – sans fléchissement, l'appel, l'aspiration, la volonté de s'unir au Divin, de devenir le Divin, est maintenu à son maximum – pourquoi ? parce qu'il y avait ce que, extérieurement, on appelle un désordre physique, une souffrance. Autrement, quand il n'y a pas de souffrance, il y a de temps en temps une envolée, puis ça retombe dans un fléchissement ; puis à une autre occasion, il y a une autre envolée...

Ainsi toutes les difficultés du moment, au lieu de nous en plaindre, nous pouvons en faire une opportunité pour appeler avec une plus grande intensité. Voilà qui rappelle ce passage du premier chapitre de La vie divine.

La première préoccupation de l’homme à l’éveil de sa pensée et, semble-t-il, son inévitable et ultime préoccupation (car elle survit aux plus longues périodes de scepticisme et revient après tous les bannissements) est aussi la plus haute que sa pensée puisse envisager. Elle se manifeste par le pressentiment du Divin, l’élan vers la perfection, la quête de la Vérité pure et de la Félicité sans mélange, le sens d’une secrète immortalité. Les anciennes aurores de la connaissance humaine nous ont laissé le témoignage de cette constante aspiration. Aujourd’hui, nous voyons une humanité rassasiée, mais non point satisfaite par l’analyse victorieuse des aspects extérieurs de la Nature, se préparant à retourner à ses aspirations premières. La plus ancienne formule de la Sagesse promet d’être aussi la dernière : Dieu, Lumière, Liberté, Immortalité.

Ces idéaux persistants de l’humanité contredisent son expérience normale, mais affirment en même temps des expériences plus hautes et plus profondes, anormales pour elle, et qui ne peuvent être atteintes, dans leur totalité organisée, que par un effort individuel révolutionnaire, ou par un progrès évolutif général. Connaître, posséder et devenir l’être divin, même dans une conscience animale et égoïste, transformer notre mentalité physique à demi éclairée ou obscure en la pleine illumination supramentale, édifier la paix et une félicité existant en soi là où n’existe que la tension de satisfactions éphémères, assiégées par la douleur physique et les souffrances émotives, fonder une infinie liberté dans un monde qui apparaît comme un ensemble de nécessités mécaniques, découvrir et réaliser la vie immortelle dans un corps soumis à la mort et à un perpétuel changement, voilà ce qui nous est offert comme la manifestation de Dieu dans la Matière et comme but de la Nature dans son évolution terrestre. Pour l’intelligence physique ordinaire qui prend la présente organisation de sa conscience pour la limite de ses possibilités, la contradiction flagrante entre les idéaux irréalisés et la réalité actuelle est un argument décisif contre la valeur de l’idéal. Mais un examen plus attentif des processus de ce monde nous révèle que cette opposition catégorique fait plutôt partie de la méthode la plus profonde de la Nature et qu’elle est le sceau de sa plus complète adhésion.

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